Devant le Sénat, Amy Coney Barrett reste floue sur l'avortement

La magistrate Amy Coney Barrett dit n'avoir pris « aucun engagement » avec la Maison Blanche ou le Sénat sur la manière dont elle trancherait les dossiers sensibles, y compris de possibles litiges post-élections (Photo, AFP)
La magistrate Amy Coney Barrett dit n'avoir pris « aucun engagement » avec la Maison Blanche ou le Sénat sur la manière dont elle trancherait les dossiers sensibles, y compris de possibles litiges post-élections (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 14 octobre 2020

Devant le Sénat, Amy Coney Barrett reste floue sur l'avortement

  • La juge Barrett a martelé son indépendance, répétant à plusieurs reprises « ne pas avoir d'objectifs » politiques
  • « Le dogme religieux vit bruyamment en vous », avait alors lancé Dianne Feinstein

WASHINGTON : La magistrate Amy Coney Barrett, choisie par Donald Trump pour entrer à la Cour suprême, a juré mardi tenir sa foi à l'écart de son travail de juge, mais a refusé de livrer son opinion sur l'arrêt ayant légalisé le droit des femmes à avorter aux Etats-Unis.

Au contraire, elle a laissé entendre, devant les sénateurs chargés de confirmer sa nomination, que cette décision de 1973, intitulée Roe V. Wade, n'était pas gravée dans le marbre.

« Roe n'est pas un superprécédent », a-t-elle déclaré, en le distinguant d'autres décisions passées qui ne font plus l'objet d'aucune contestation. « Ça ne veut pas dire qu'il doive être annulé », a toutefois pris soin d'ajouter la magistrate de 48 ans, opposée à titre personnel à l'avortement.

Donald Trump l'a désignée le 26 septembre pour remplacer l'icône progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée huit jours plus tôt et mise sur la majorité républicaine au Sénat pour valider son choix avant l'élection du 3 novembre.

Après une première journée consacrée à des déclarations générales, la chambre haute du Congrès a tenu mardi une séance marathon de questions-réponses qui, tout en restant courtoise, a une nouvelle fois illustré les profondes divisions suscitées par sa candidature.

« Marionnettes »

Comme la veille, les élus républicains de la commission judiciaire du Sénat ont dépeint une juge « brillante », « qualifiée », une « femme exceptionnelle ».

Mais les sénateurs démocrates ont laissé entendre qu'elle avait été mise en orbite par de riches lobbies conservateurs afin de promouvoir leurs objectifs. Cette audition « est un théâtre de marionnettes » et « des forces externes tirent les ficelles », a ainsi estimé Sheldon Whitehouse.

La juge Barrett a martelé son indépendance, répétant à plusieurs reprises « ne pas avoir d'objectifs » politiques. « Je n'ai fait de promesses à personne », « mon boss c'est l'Etat de droit », a-t-elle encore juré. 

« Notre foi est importante pour nous », a-t-elle poursuivi, en mentionnant son mari et ses sept enfants, dont deux adoptés originaires d'Haïti et un petit dernier atteint de trisomie 21. « Mais ce sont mes choix », et « je n'ai jamais essayé de les imposer » aux autres, a-t-elle assuré. 

« Dogme religieux »

Pressée par plusieurs sénateurs démocrates de donner son opinion sur l'arrêt ayant légalisé le droit des femmes à avorter, elle a toutefois botté en touche. « Que je dise que je l'aime ou que le déteste, cela va envoyer un signal alors que des recours sont pendants », a justifié la magistrate, avant de se dérober de la même manière sur le sujet des armes à feu, ou la légalisation du mariage homosexuel.

La doyenne démocrate au Sénat a jugé « inquiétant de ne pas avoir de réponse claire », mais s'est gardée de renouveler les critiques qu'elle avait émises il y a trois ans lors d'une première audition de Mme Barrett.

« Le dogme religieux vit bruyamment en vous », avait alors lancé Dianne Feinstein, mais la formule s'était retournée contre elle et avait accru l'aura de la juge dans les milieux chrétiens traditionalistes. 

Dans un pays où un quart de la population est athée ou sans religion, le rival de Donald Trump, Joe Biden, avait intimé à ses troupes de ne pas s'avancer sur ce terrain miné. 

A la place, les démocrates ont pris un autre angle d'attaque: la loi emblématique de l'ex-président Barack Obama sur l'assurance santé.

« Pion »

Les républicains ont multiplié les tentatives pour annuler « l'Obamacare » et un de leurs recours doit être examiné en novembre à la Cour suprême. Si la juge Barrett, qui a dans le passé critiqué cette loi, est confirmée d'ici là, des millions d'Américains risquent de perdre leur couverture maladie, ont assuré les élus d'opposition.

« Je ne suis pas hostile » à cette loi, ni « en mission pour la détruire », a-t-elle rétorqué mardi.

Plus largement, elle a dit n'avoir pris « aucun engagement » avec la Maison Blanche ou le Sénat sur la manière dont elle trancherait les dossiers sensibles, y compris de possibles litiges post-élections.

« Je ne me laisserai pas utiliser comme pion dans cette élection », a-t-elle déclaré.

Son interrogatoire doit se poursuivre jusqu'à jeudi et le vote final du Sénat devrait, sauf surprise, se tenir à la fin octobre.  

Si la juge Barrett est confirmée, le temple du droit comptera six juges conservateurs sur neuf, une solide majorité qui pourrait faire perdurer l'impact de Donald Trump sur les Etats-Unis au delà de sa (ou ses) présidence(s).


Grèce: séisme de magnitude 5,7 en mer Ionienne, pas de victimes

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
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  • La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse
  • L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter

ATHENES: Un séisme de magnitude 5,7 s'est produit vendredi en mer, au large des îlots grecs de Strophades en mer Ionienne (ouest), selon l'Observatoire euro-méditerranéen, sans faire dans un premier temps de victimes ou de dégâts importants, selon les médias.

"La secousse tellurique a été enregistrée à 09H12 locales (07H12 GMT) à une profondeur de 20km dans une région où les séismes sont fréquents", a indiqué le sismologue Gerassimos Papadopoulos à la télévision publique Ert.

Deux répliques de 2,9 et de 4,5 ont suivi ce séisme, selon Gerassimos Papadopoulos.

La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse.

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter.

Les Strophades sont composés de deux îlots, l'un inhabité et l'autre abritant un monastère qui a été légèrement endommagé, selon l'agence de presse grecque ANA, citant des sources de la métropole de Zante.

Des artisans, qui travaillaient à la restauration du monastère, ont été évacués, selon la même source, mais aucun n'a été blessé lors du tremblement de terre.

La Grèce est située sur d'importantes failles géologiques et les tremblements de terre y sont fréquents surtout en mer, le plus souvent sans faire de victimes ou de dégâts importants.

Le dernier séisme mortel en Grèce de magnitude 7 a eu lieu le 30 octobre 2020 en mer Égée, entre l'île grecque de Samos et la ville d'Izmir (ouest de la Turquie).


A Baltimore, début des opérations pour rouvrir le port, un long processus

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
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  • Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré
  • Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland

BALTIMORE: Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré, les autorités prévenant que la réouverture du port, important pour l'économie américaine, prendra beaucoup de temps.

Ces engins vont devoir retirer les restes d'acier tordus du pont Francis Scott Key, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, et qui s'est écroulé mardi tel un château de cartes, après avoir été percuté par un porte-conteneurs, bloquant l'entrée du port de Baltimore.

Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland, Wes Moore jeudi soir à la presse.

"Avant de pouvoir procéder au levage, nous devons trouver la manière de découper le pont en morceaux de la bonne taille afin de pouvoir les soulever hors de l'eau à l'aide d'une grue", a expliqué le contre-amiral des garde-côtes, Shannon Gilreath.

"Il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, à la Maison Blanche lors d'un entretien à la chaîne américaine MSNBC.

Les corps de deux des six ouvriers portés disparus ont été retrouvés mercredi.

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident.

"L'eau est si sombre et les débris si denses que, dans la plupart des cas, nos plongeurs ne voient pas au-delà de 30 à 60 cm", a expliqué M. Moore.

"Nous sommes incroyablement sensibles à l'idée qu'il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, haut fonctionnaire de la Maison-Blanche, à MSNBC plus tôt dans la journée.

« Fonds d'aide d'urgence »

Les quatre hommes, tous des immigrés latino-américains, sont présumés avoir été tués après que le Dali, un porte-conteneurs long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, s'est encastré dans une pile du pont à cause de problèmes de propulsion.

Ils faisaient partie d'une équipe de huit ouvriers travaillant de nuit à la réparation de la route. Deux d'entre eux ont été secourus peu après l'effondrement du pont.

Les habitants de la région ont participé à une veillée dans un parc voisin jeudi matin, ont rapporté les médias locaux, tandis que la mairie de Baltimore a lancé une collecte de fonds pour soutenir les familles des victimes.

Quant à la reconstruction, elle "ne va pas prendre des heures, ni des jours, ni des semaines", a par ailleurs prévenu le gouverneur de l'Etat du Maryland, où se situe Baltimore, évoquant "un très long chemin à parcourir" avant un retour à la normale.

Le Maryland a demandé à l'Etat fédéral une première enveloppe de 60 millions de dollars, appel rapidement entendu par le gouvernement.

Le ministère américain des Transports a annoncé jeudi le "déblocage rapide" de ce montant en "fonds d'aide d'urgence" au Maryland.

« Perte substantielle »

Cette somme doit permettre d'"aider le Maryland à entamer des travaux urgents" et sera suivie d'autres fonds "au fur et à mesure que la reconstruction progressera", a expliqué le ministre des Transports, Pete Buttigieg.

"Personne n'oubliera jamais les images choquantes d'un porte-conteneurs percutant le pont Francis Scott Key, provoquant son effondrement et la mort tragique de six personnes", a-t-il ajouté, dans un communiqué de la Maison Blanche.

Après le drame, le président Joe Biden s'est engagé à ce que l'administration fédérale prenne en charge l'intégralité du coût de la reconstruction du pont.

En raison de cet accident, le transport maritime reste suspendu, le port de Baltimore, qui génère plus de 15.000 emplois, étant le neuvième du pays en termes d'activité.

Jeudi, le patron du marché de l'assurance Lloyd's of London a prévenu que l'indemnisation par les compagnies d'assurance de l'accident pourrait être la plus élevée jamais versée dans le transport maritime.

"Cela devrait représenter une perte substantielle, sans doute la plus importante" concernant le transport maritime "mais pas en dehors de nos paramètres", a affirmé Bruce Carnegie-Brown sur la chaîne CNBC.

Sa réouverture est "notre priorité ", a déclaré le contre-amiral des garde-côtes.

En amont de Baltimore, les autorités portuaires de New York et du New Jersey prévoient d'accueillir plus de marchandises afin d'atténuer les conséquences de cet accident, ont annoncé jeudi les gouverneurs de ces Etats dans un communiqué commun.


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.