Présidentielle en France J-2: dernières heures d'une campagne hors normes

Après une dernière salve de meetings jeudi soir, la campagne prend fin vendredi à minuit (22H00 GMT) en métropole.   Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 18H00 GMT. (AFP).
Après une dernière salve de meetings jeudi soir, la campagne prend fin vendredi à minuit (22H00 GMT) en métropole. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 18H00 GMT. (AFP).
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Publié le Samedi 09 avril 2022

Présidentielle en France J-2: dernières heures d'une campagne hors normes

  • Jeudi après-midi, 69% des 47,9 millions de plis électoraux contenant les professions de foi des douze candidats avaient été distribués dans les boîtes aux lettres des électeurs
  • C'est la fin d'une campagne de premier tour hors norme pour la Ve République en place depuis 1958: gelée par la crise du Covid-19 et phagocytée par la guerre en Ukraine

PARIS: Média en ligne, actions sur le terrain, meetings: les candidats à la présidentielle française profitent vendredi des dernières heures de la campagne officielle du premier tour pour battre le rappel des électeurs, en espérant convaincre indécis et potentiels abstentionnistes.


Après une dernière salve de meetings jeudi soir, la campagne prend fin vendredi à minuit (22H00 GMT) en métropole.


Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 18H00 GMT.


Jeudi après-midi, 69% des 47,9 millions de plis électoraux contenant les professions de foi des douze candidats avaient été distribués dans les boîtes aux lettres des électeurs, selon le ministère de l'Intérieur.


En Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française où le scrutin est avancé à samedi, la campagne a pris fin localement jeudi à minuit.

Ecart resserré

C'est la fin d'une campagne de premier tour hors norme pour la Ve République en place depuis 1958: gelée par la crise du Covid-19 et phagocytée par la guerre en Ukraine.


En attisant la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation, le conflit a encore plus souligné l'urgence d'apporter des réponses aux Français sur leur pouvoir d'achat, première de leurs préoccupations.


Dans ce contexte, les intentions de vote mesurées par les sondeurs dessinent un scénario identique à celui de 2017, avec Emmanuel Macron (La République en marche, LREM) et la candidate d'extreme droite Marine Le Pen qualifiés pour le second tour, et M. Macron victorieux au final.


Mais est-ce garanti? En cas de second tour Macron/Le Pen, le "front républicain" pour barrer la route à la candidate du Rassemblement national (RN) pourrait se fissurer alors que le quinquennat a vu naître un courant d'"antimacronisme" dans l'opinion publique.


Mme Le Pen, qui a travaillé à lisser son image même si son projet reste "radical" sur les plans migratoire et institutionnel, grimpe de 2 points en une semaine, à 22%.


Tandis que les intentions de vote pour M. Macron, qui a fait une campagne a minima, refluent d'autant, à 26%, selon le dernier baromètre OpinionWay-Kéa Partners publié jeudi.


Et l'écart se resserre au second tour: Emmanuel Macron l'emporterait face à Marine Le Pen par 53-47%, contre 55-45% il y a une semaine.


En meeting à Perpignan (sud) jeudi soir, Mme Le Pen a jugé que "l'alternative est simple: ce sera soit la dilution dans un grand magma mondial via une Union européenne qui en est le prélude, soit l'affirmation de la Nation" comme "espace le plus protecteur pour les nôtres". Elle a attaqué exclusivement Emmanuel Macron, "boxeur sonné" par les crises.


Le président-candidat soutient pour sa part dans le quotidien Le Parisien vendredi que les "fondamentaux" de la candidate RN "n'ont pas changé: c'est un programme raciste, qui vise à cliver la société et d'une grande brutalité". "Marine Le Pen a un programme social mensonger, parce qu'elle ne le finance pas", ajoute-t-il.


Troisième dans les intentions de vote à environ 16%, le candidat La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon espère jouer les trouble-fêtes, brandissant la nécessité d'un "vote utile" qui permettrait de hisser la gauche au second tour.


Le niveau d'abstention, qui pourrait atteindre voire dépasser le record de 28,4% en 2002 (22,2% en 2017), sera l'une des clés pour expliquer les résultats du scrutin.

Médias, péage, apéro

Pour être visible jusqu'à la dernière minute dans les médias, Emmanuel Macron donne une interview sur la radio RTL tôt le matin et une autre à 19H00 sur le média en ligne Brut, prisé des jeunes.


Emission matinale pour Marine Le Pen aussi sur la radio Franceinfo depuis Perpignan, puis elle ira se recueillir devant le Mur des disparus français d'Algérie.


A droite, Valérie Pécresse, au coude-à-coude autour de 9% avec le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, sera à Cairanne (Vaucluse, sud) pour échanger avec des vignerons, tandis que Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France, 2%) fait une "opération péage" sur celui de Saint-Arnoult (Yvelines, banlieue parisienne) et se rend au Mont-Valérien, monument près de Paris à la mémoire des résistants et des combattants français de la Seconde Guerre mondiale.


L'écologiste Yannick Jadot (5%) visite quant à lui à Lyon (centre-est) "la plus grande chaufferie biomasse publique de France".


A gauche toujours, le communiste Fabien Roussel (5%) fait un "Apéroussel de fin de campagne" à Paris, tandis que le candidat NPA Philippe Poutou et la candidate Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (1% chacun) font leurs derniers meetings, à Grenoble (centre-est) pour le premier et Rouen (nord) pour la seconde.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."