Ukraine: la position d'équilibriste de Washington de plus en plus difficile

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président Joe Biden a débloqué 2,4 milliards de dollars pour l'assistance militaire à Kiev (Photo, AFP).
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président Joe Biden a débloqué 2,4 milliards de dollars pour l'assistance militaire à Kiev (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 10 avril 2022

Ukraine: la position d'équilibriste de Washington de plus en plus difficile

  • Les Etats-Unis ont inondé l'Ukraine d'armement léger mais ils ont toujours refusé de lui remettre des armements lourds
  • Ils invoquent régulièrement des technologies américaines qui ne sont pas familières aux Ukrainiens pour justifier l'éventail limité des armements qu'ils fournissent

WASHINGTON : La position d'équilibriste des Etats-Unis, qui apportent une aide militaire considérable à l'Ukraine tout en faisant tout pour éviter une extension du conflit à d'autres pays, devient de plus en plus difficile à tenir, au moment où les images d'exactions attribuées à l'armée russe se multiplient.

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les Etats-Unis ont inondé l'Ukraine d'armement léger, comme des missiles antichars Javelin, portables à l'épaule, mais ils ont toujours refusé de lui remettre des armements lourds, notamment des avions de combat, faisant valoir que cela "pourrait être perçu comme une surenchère" et accroître le risque d'un conflit nucléaire avec la Russie.

Et ils invoquent régulièrement des technologies américaines qui ne sont pas familières aux Ukrainiens pour justifier l'éventail limité des armements qu'ils fournissent, faisant plutôt appel aux pays de l'ancien bloc soviétique qui disposent encore d'armement de fabrication russe.

Mais après les revers militaires de l'armée russe et les crimes de guerre qui lui sont attribués, le Pentagone se retrouve sous pression des élus, aussi bien républicains que démocrates, pour en faire davantage afin d'aider Kiev à repousser la Russie.

"Il me semble que notre stratégie paraît souvent un peu schizophrénique: nous voulons que les Ukrainiens gagnent face à la Russie, mais nous craignons que faire perdre Poutine ne provoque une escalade", a ainsi noté jeudi l'influent sénateur démocrate Richard Blumenthal, au cours d'une audition au Congrès des plus hauts responsables de l'armée américaine. 

"Est-ce qu'on se demande si Vladimir Poutine a jamais craint que ses massacres de femmes et d'enfants soient une escalade", a renchéri le sénateur républicain Kevin Cramer, regrettant notamment que le Pentagone n'ait pas facilité la livraison de MIG-29 à Kiev.

Formation et logistique

Hormis une fermeture de l'espace aérien assurée par l'Otan avec le risque de confrontation directe avec l'aviation russe, les options du Pentagone sont de fait limitées: les armements lourds des Etats-Unis ne sont pas compatibles avec ceux dont dispose l'armée ukrainienne, et former des militaires ukrainiens à leur maniement les retirerait du champ de bataille pendant plusieurs semaines, au moment où se prépare un assaut russe majeur contre les régions du Donbass que Moscou ne contrôle pas.

Les chars Abrams, par exemple, sont propulsés par un turbomoteur très gourmand en carburant qui nécessite un soutien logistique énorme, et leur ciblage au laser demande une formation approfondie, explique-t-on au Pentagone. 

L'avion de combat A-10 "Warthog", que M. Blumenthal a cité comme un ajout possible à l'aide militaire à l'Ukraine, est connu pour sa résistance et sa capacité à rentrer à la base avec de gros dégâts. Mais les pilotes devraient être formés pendant plusieurs semaines et, surtout, toute une chaîne logistique devrait être créée pour assurer son entretien.

En réponse aux critiques des élus, la Maison Blanche a publié une liste exhaustive des équipements fournis jusqu'ici à l'Ukraine: 1 400 systèmes anti-aériens Stingers, 5 000 missiles antichars Javelin, 7 000 armes antichars d'autre modèle, plusieurs centaines de drones kamikazes Switchblade, 7 000 fusils d'assaut, 50 millions de balles et munitions diverses, 45 000 lots de gilets pare-balles et casques, des roquettes à guidage laser, des drones Puma, des radars anti-artillerie et anti-drones, des blindés légers, des systèmes de communication sécurisée, des protections anti-mines.

Vendredi, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, s'est offusqué de ces critiques.   

"L'idée que nous n'en faisons pas assez ni assez vite nous irrite profondément", a-t-il dit. 

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président Joe Biden a débloqué 2,4 milliards de dollars pour l'assistance militaire à Kiev, "ce qui est presque autant que le budget de la défense de l'Ukraine", a-t-il ajouté. 

Rappelant qu'outre les armements fournis à Kiev, les Etats-Unis ont porté leurs effectifs militaires en Europe de 80 000 à 100 000 à la mi-février et envoyé une batterie anti-aérienne Patriot en Slovaquie pour compenser le système de fabrication russe S-300 que Bratislava a remis à Kiev, M. Kirby a souligné que cet effort était "sans précédent".

"Aucun autre pays n'a la logistique pour faire ça. Aucun autre pays n'a les ressources pour faire ça", a-t-il noté. "En même temps, nous gardons à l'esprit que la Russie est une puissance nucléaire."


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.