Présidentielle: Yannick Jadot ou les ambitions déçues de l'écologie

Yannick Jadot s'adresse aux sympathisants du parti à La Bellevilloise à Paris le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
Yannick Jadot s'adresse aux sympathisants du parti à La Bellevilloise à Paris le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Présidentielle: Yannick Jadot ou les ambitions déçues de l'écologie

  • Yannick Jadot, donné entre 4 et 5% au premier tour de la présidentielle, a appelé dimanche soir à «faire barrage à l'extrême droite»
  • Le promoteur de «l'écologie des solutions», 54 ans, qui faisait sa première campagne présidentielle

PARIS: Il avait l'ambition de devenir la première force à gauche. Mais le candidat écologiste Yannick Jadot a échoué dimanche à franchir, selon la quasi-totalité des estimations, la barre fatidique des 5% qui détermine le remboursement des frais de campagne, et arrive plus de 15 points derrière l'insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Conformément à ses engagements, il a depuis son QG parisien très vite appelé à "faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron". Une consigne de vote chaleureusement applaudie par les militants. 

Il a également lancé un appel aux dons, un "soutien financier" indispensable pour poursuivre les "combats" de l'écologie. "Pour les finances du parti, on croise les doigts jusqu'à la fin de la soirée", veut encore croire son porte-parole, Benjamin Lucas.

Yannick Jadot fait mieux que la dernière candidate écolo, Eva Joly en 2012 (2,31%), mais moins bien que Noël Mamère en 2002 (5,25%), qui détient le score "vert" le plus élevé dans une présidentielle.

Au QG, l'émotion était palpable, les visages graves. "C'est une déception", regrette Pauline Le Roux, 31 ans, experte en relations internationales. "On a l'impression que la priorité des Français est loin de ce qui, pour moi, est la priorité numéro un: la protection de la biodiversité et le climat".

Même sentiment chez Mathis Gautier, 20 ans, étudiant: "Je suis très triste. Quand on est dans la campagne on a les yeux qui brillent, on pense que tout est possible. C'est ma première campagne et mon premier vote et j'ai juste envie de pleurer". 

L'euphorie des municipales, quand les écologistes avaient remporté plusieurs grandes villes dont Lyon, Bordeaux, Strasbourg, est bien loin.

Le promoteur de "l'écologie des solutions", 54 ans, qui faisait sa première campagne présidentielle, a peiné à mobiliser les défenseurs de la cause environnementale, pourtant une des premières préoccupations des Français derrière le pouvoir d'achat.

Ses détracteurs ont regretté une campagne trop lisse, sans coup d'éclat, voire poussive parfois pour électriser une "génération climat" portée au niveau mondial par la Suédoise Greta Thunberg.

Tirer des leçons

"Il faudra tirer des leçons" car "l’écologie ne s’est pas suffisamment distinguée dans sa différence et la rupture qu’elle incarne par rapport aux autres forces politiques", a réagi la porte-parole du candidat Delphine Batho.

Le candidat de l'"urgence climatique", pro-européen et tenant d'une ligne pragmatique, a dû en outre compter sur son rival de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, très présent sur les thèmes de l'écologie.

Pour le politologue Rémi Lefebvre, "le problème de l'écologie, c'est sa base sociale. Ca ne peut pas être les milieux populaires parce que les écologistes ne les rassurent pas du tout. Et la base plutôt aisée, diplômée, urbaine, a tendance à voter plus pour Macron".

Cette valse-hésitation au sein de la famille écolo s'était manifestée dès la primaire du mouvement en septembre. 

Yannick Jadot avait remporté de peu (51%) le duel avec la radicale Sandrine Rousseau. Cette victoire à la Pyrrhus allait laisser des traces. Et début mars, Sandrine Rousseau a été exclue de son équipe de campagne après la publication dans la presse de propos au vitriol.

Jadot appelle à voter Macron pour «faire barrage à l'extrême droite»

Yannick Jadot (EELV), donné entre 4 et 5% au premier tour de la présidentielle, a appelé dimanche soir à "faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron" face à Marine Le Pen au second tour.

"Notre vote ne vaut pas caution" pour le président sortant, qui doit maintenant "créer les conditions du rassemblement pour faire échec à l'extrême droite", a ajouté le candidat écologiste depuis son QG parisien.

"Que personne ne minimise la menace fondamentale que constitue l'extrême droite", a encore déclaré Yannick Jadot.

"L'écologie sera absente du second tour, elle ne peut pas l'être du quinquennat. Il faudra bien et vite, très vite, lors des élections législatives, regarder et enfin voir la situation en face et agir", a-t-il ajouté.

Le candidat a également appelé à apporter à EELV un "soutien financier pour poursuivre ces combats", appelant aux dons pour son parti, qui sous les 5% ne rembourserait pas ses frais de campagne.

Elle regrettait notamment une campagne sans "récit", dans laquelle elle n'était pas assez impliquée à son goût, un "gâchis" causé par "des stratèges nuls".

Le candidat écologiste avait pourtant tenté de faire entendre sa différence sur le nucléaire, promettant la fermeture d'une dizaine de centrales d'ici 2035. Et développé son volet social avec la création d'un "ISF climatique" et une augmentation du SMIC de 10%.

Après le début de la guerre en Ukraine, Yannick Jadot avait été un des premiers à réclamer un embargo européen sur tous les hydrocarbures russes et s'était montré très incisif envers TotalEnergies, allant même jusqu'à accuser la multinationale de "complicité de crimes de guerre" en raison de la poursuite de son activité en Russie. Total avait annoncé des poursuites en diffamation.

Quelques jours plus tard, le candidat écologiste avait remporté son défi en rassemblant autour de lui, au Zenith de Paris, près de 4.000 sympathisants, le plus gros meeting de l'histoire de l'écologie française. 

Mais cela n'a pas suffi.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.