28 ans de prison pour l'assaillant de Notre-Dame qui n'a aucun regret

Reconstruction de la charpente de Notre-Dame. (AFP)
Reconstruction de la charpente de Notre-Dame. (AFP)
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Publié le Mercredi 14 octobre 2020

28 ans de prison pour l'assaillant de Notre-Dame qui n'a aucun regret

  • La cour d'assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions de l'avocate générale, qui avait appelé à punir sévèrement un homme devenu selon elle un « extrémiste total », un « fanatique de l'Etat islamique » enfermé dans un seul horizon: « le jihad »
  • Sa peine de prison est assortie d'une période de sûreté des deux tiers, et il a également écopé d'une interdiction définitive du territoire français

PARIS : Il n'a aucun regret et « le sentiment du devoir accompli » pour ses « frères musulmans »: Farid Ikken a été condamné mercredi à 28 ans de prison pour avoir attaqué un policier au marteau devant Notre-Dame en 2017 après avoir prêté allégeance à l'Etat islamique.

La cour d'assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions de l'avocate générale, qui avait appelé à punir sévèrement un homme devenu selon elle un « extrémiste total », un « fanatique de l'Etat islamique » enfermé dans un seul horizon: « le jihad ».

L'ancien étudiant algérien de 43 ans a été reconnu coupable de « tentative d'homicides volontaires avec préméditation sur des personnes dépositaires de l'autorité publique » et « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Sa peine de prison est assortie d'une période de sûreté des deux tiers, et il a également écopé d'une interdiction définitive du territoire français.

Ouvert lundi, le procès s'annonçait singulier au regard de la personnalité de l'accusé : un étudiant doctorant et multidiplômé qui a basculé dans la violence jihadiste le 6 juin 2017, stupéfiant tous ces proches qui le décrivaient comme un homme doux, avenant, ouvert et démocrate.

Il l'est devenu encore plus mardi, lorsque l'accusé, interrogé par la cour, n'a exprimé ni excuses, ni regrets, ajoutant avoir toujours la « satisfaction du devoir accompli » trois ans après l'attaque, sous le regard médusé des deux policiers attaqués présents à l'audience.

Il a également réaffirmé son adhésion entière au groupe Etat islamique (EI) et à son ancien chef Abou Bakr al-Baghdadi, un « homme intègre » et « un modèle ». Et refusé de condamner les attentats de Mohammed Merah, Amédy Coulibaly et des frères Kouachi, estimant que ces "moudjahidines (combattants, ndlr) martyrs » avaient agi, comme lui, « en représailles » des attaques occidentales « contre les musulmans » en Irak et en Syrie.

Ces propos ont visiblement interpellé la cour et pesé dans le verdict, d'autant que le policier blessé et ses deux collègues présents à ses côtés ce jour-là ont décrit devant la cour leurs séquelles (dépression, hypervigilance) durables depuis l'attaque.

« Enfermé dans l'idéologie »

Le 6 juin 2017 à 16h19, Farid Ikken avait bondi sur un groupe de trois policiers, frappant l'un d'eux avec un marteau en criant "C'est pour la Syrie!". Le policier, légèrement blessé à la tête, et un de ses collègues avaient ouvert le feu et l'avaient blessé au thorax, avant de l'arrêter.

Dans ses affaires et à son domicile, les enquêteurs ont retrouvé du matériel de propagande jihadiste en nombre et une vidéo enregistrée juste avant l'attaque où il prêtait allégeance à l'EI.

Farid Ikken nie toute volonté de tuer, affirmant avoir voulu blesser dans un « acte de résistance politique » destiné à « attirer l'attention de l'opinion publique française » sur les « milliers de musulmans tués à l'époque en Irak et Syrie par l'armée française » dans ses bombardements contre l'EI au sein de la coalition occidentale.

Sur la vidéo de l'attaque, filmée par une caméra de télésurveillance, on le voit prendre son élan et bondir pour porter un violent coup de marteau à deux mains sur la tête d'un des policiers.

Pour ces derniers comme pour l'avocate générale, la tentative d'homicide ne faisait aucun doute. Si le policier visé n'a été que légèrement blessé, "c'est uniquement parce que sa collègue a crié et qu'il a replié la tête par réflexe" alors que le coup se dirigeait vers le milieu du crâne, a estimé la magistrate.

Celle-ci a également demandé qu'il soit condamné pour participation à une entreprise terroriste au regard du « parfait attirail du radicalisé » retrouvé chez lui. 

Côté personnalité, elle a souligné que l'accusé n'avait jamais réussi à se fixer professionnellement ni personnellement, restant un éternel étudiant précaire et de plus en plus solitaire. Des "échecs" qui l'ont conduit à « s'enfermer dans l'idéologie jihadiste », jusqu'à cette année 2017 où, étudiant à Paris, il s'est abreuvé de propagande et de sanglantes vidéos de victimes civiles des bombardements occidentaux en Syrie et Irak.

Mardi, Farid Ikken avait expliqué qu'au moment de passer à l'attaque, il était enfermé dans « un huis-clos psychologique », « bouleversé » par ces vidéos. « Pour moi, cela dépassait tout ».


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.