Ukraine: les Etats-Unis et l'Inde se ménagent sans rapprocher leurs positions

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre indien Narendra Modi à la Maison Blanche à Washington, DC, le 24 septembre 2021. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden et le Premier ministre indien Narendra Modi à la Maison Blanche à Washington, DC, le 24 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 avril 2022

Ukraine: les Etats-Unis et l'Inde se ménagent sans rapprocher leurs positions

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre indien Narendra Modi à la Maison Blanche à Washington, DC, le 24 septembre 2021. (Photo, AFP)
  • L'administration Biden est embarrassée par le positionnement de New Delhi
  • «L'Inde doit prendre ses propres décisions face à ce défi», a commenté Antony Blinken

 WASHINGTON : Joe Biden et Narendra Modi ont eu lundi un échange virtuel "franc", mais qui ne semble pas avoir permis de rapprocher les positions face à la guerre en Ukraine, un sujet qui déstabilise la relation entre l'Inde et les Etats-Unis.

"Il est important que tous les pays, notamment ceux qui ont une influence" sur le président russe Vladimir Poutine, le "pressent de mettre un terme à la guerre", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken devant la presse après ce sommet par visioconférence suivi d'une réunion à Washington avec son homologue indien et les ministres de la Défense des deux pays.

"Et il est aussi important que les démocraties (...) parlent d'une seule voix pour défendre les valeurs que nous partageons", a-t-il ajouté.

L'administration Biden, qui a fait de l'Inde un pillier des alliances américaines dans la zone Asie-Pacifique face à la Chine, est embarrassée par le positionnement de New Delhi depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le gouvernement de Narendra Modi s'est gardé de condamner ouvertement l'invasion russe, et de se joindre aux votes en ce sens à l'ONU.

Lors de son échange avec Joe Biden, le Premier ministre indien s'est borné à qualifier la situation en Ukraine de "très préoccupante", rappelant son soutien aux négociations russo-ukrainiennes que Washington observe de son côté avec scepticisme.

Pressé de questions sur cette absence de condamnation, le chef de la diplomatie indienne S. Jaishankar n'a pas caché une pointe d'agacement. "Merci pour vos conseils et suggestions, mais je préfère faire à ma manière", a-t-il lancé à une journaliste lors de sa conférence de presse avec Antony Blinken.

Et alors que, selon la Maison Blanche, le président américain a prévenu qu'il ne serait pas "dans l'intérêt de l'Inde d'accélérer" ses importations d'énergie russe -- ce qui viendrait compenser en partie la réduction des achats occidentaux --, le ministre indien a été tout aussi cinglant. "Nos achats sur un mois sont probablement inférieurs à ceux de l'Europe en un après-midi", a-t-il répondu.

La conversation de près d'une heure entre Joe Biden et Narendra Modi a ainsi été "chaleureuse" mais surtout "franche", selon une haute responsable de la Maison Blanche, qui a utilisé à plusieurs reprises cet adjectif traduisant, en langage diplomatique, une certaine tension.

Partenariat «crucial»

A défaut de gagner cet allié-clé à sa cause, Washington semble donc multiplier les gages d'amitié pour éviter qu'il ne glisse progressivement dans le camp russe, qui le courtise aussi.

Au début de la réunion virtuelle, Joe Biden a vanté la "profonde connexion" entre les deux pays et, face à un grand écran sur lequel apparaissait Narendra Modi, exprimé son souhait de "poursuivre" les "étroites consultations" sur l'Ukraine.

"C'est un moment important dans les affaires mondiales et je pense qu'en conséquence, ce partenariat est encore plus crucial et vital", a aussi insisté Antony Blinken.

Les Etats-Unis, conscients de la dépendance de l'Inde face à la Russie en matière d'équipements militaires sur fond de liens étroits hérités de la Guerre froide, savent qu'ils ne peuvent pas la brusquer publiquement.

Dès lors, après avoir affirmé au début de la guerre que tout pays devait clairement prendre position, le gouvernement américain fait mine de se montrer compréhensif face à la prudence indienne -- alors même qu'il a plus clairement haussé le ton contre la Chine.

"L'Inde doit prendre ses propres décisions face à ce défi", a commenté Antony Blinken, sans la critiquer frontalement. Il a au contraire reconnu qu'elle avait "condamné le meurtre de civils" en Ukraine tout en lui "fournissant une aide humanitaire importante".

De même, il a souligné à plusieurs reprises que si les relations indo-russes étaient beaucoup plus anciennes que celles entre Washington et New Delhi, ces dernières se développaient maintenant à grande vitesse.

En désaccord sur la guerre elle-même, les dirigeants américain et indien ont donc mis l'accent sur leur volonté commune d'en atténuer les effets sur l'économie mondiale, et sur les autres terrains d'entente, avec notamment la signature d'un accord de coopération sur l'espace.


Israël attaque l’Iran: fortes explosions tôt vendredi dans le centre du pays

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes
  • Les vols commerciaux ont été suspendus avant une reprise graduelle depuis les deux aéroports majeurs de la capitale, comme l’a annonce l’agence Irna

TEHERAN, WASHINGTON : Israël a lancé une attaque contre l'Iran, en représailles aux frappes iraniennes contre son territoire du week-end dernier, ont indiqué plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains.

ABC, CBS et CNN, entre autres médias, ont rapporté les frappes tôt vendredi, heure du Moyen-Orient, en citant des responsables américains.

CNN a précisé que l'attaque israélienne n'avait pas pris pour cible d'installations nucléaires, rapportant là encore un responsable américain.

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.

Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan (centre), sont "totalement en sécurité", a précisé l'agence Tasnim.

 


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington et Londres imposent des sanctions contre l'Iran, visant des fabricants de drones

Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
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  • Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense
  • L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol

WASHINGTON: Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé jeudi des sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles", après l'attaque du week-end dernier contre Israël.

Les sanctions de Washington visent "16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens" dont les Shahed qui "ont été utilisés lors de l'attaque du 13 avril", a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.

Le président américain Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient continuer à faire "rendre des compte" à l'Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique.

Il a assuré que les sanctions étaient destinées à "limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l'Iran", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, "plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques", a précisé le Trésor.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol.

Téhéran a présenté son attaque comme une riposte à la frappe meurtrière imputée à Israël visant le consulat iranien à Damas début avril.

Eviter l'escalade 

En réponse, les pays occidentaux ont promis de renforcer leurs sanctions contre l'Iran, mais veulent aussi éviter une escalade de la violence dans la région.

L'Union européenne a ainsi décidé, mercredi lors d'un sommet à Bruxelles, d'imposer de nouvelles sanctions visant les producteurs iraniens de drones et de missiles.

Et jeudi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a indiqué que les dirigeants des pays du G7, en réunion sur l'île italienne de Capri, discutent "de mesures supplémentaires", tout en insistant sur la nécessité d'éviter "une escalade".

Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie) devraient appeler à des sanctions individuelles contre des personnes impliquées dans la chaîne d'approvisionnement iranienne en missiles et en drones, selon une source au sein du ministère italien des Affaires étrangères.

Et les ministres des Finances et banquiers centraux du G7, réunis à Washington, avaient promis, dans un communiqué mercredi soir, d'assurer "une coordination étroite de toute mesure future visant à affaiblir la capacité de l'Iran à acquérir, produire ou transférer des armes pour soutenir ses activités régionales déstabilisatrices".

Ils avaient par ailleurs appelé "à la stabilité dans l'ensemble de la région, au vu des risques économiques posés par une escalade régionale, notamment les perturbations du transport maritime international".