Kader Belarbi ou la pluralité des danses, sans frontières ni clichés

Né le 18 novembre 1962 à Grenoble, près des Alpes, Abdelkader «Kader» Belarbi a grandi dans différentes villes de France, au hasard des mutations de son père. (AFP).
Né le 18 novembre 1962 à Grenoble, près des Alpes, Abdelkader «Kader» Belarbi a grandi dans différentes villes de France, au hasard des mutations de son père. (AFP).
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Publié le Mardi 12 avril 2022

Kader Belarbi ou la pluralité des danses, sans frontières ni clichés

  • «C'est dans la pluralité que l'on trouve une forme de richesse. Ici, j'ai 14 nationalités, sur 34 à 37 danseurs. C'est ce qui est passionnant (...) On mélange des cultures, des mentalités, des éducations!»
  • Grâce à l'«ouverture d'esprit» de parents enclins à laisser leur quatre enfants «découvrir leur propre chemin», Belarbi enfile ses premiers chaussons à neuf ans

TOULOUSE: Du Japon à Cuba, de la Russie au Brésil, le Ballet du Capitole à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, mêle 14 nationalités, autant d'horizons que son directeur Kader Belarbi aime à faire converger, en harmonie avec ses propres racines multiculturelles et sa passion pour "les danses".


"Mes origines sont multiples, ce sont celles de la Méditerranée: Italien, Espagnol et Français par ma mère, Algérien par mon père", précise à l'AFP cet éclectique né, encore bouillonnant d'énergie après quatre heures de répétition avec sa troupe.


Croisant influences et rythmes, du classique au contemporain, du cabaret au flamenco, Kader Belarbi a imprimé sa marque sur la compagnie qu'il dirige à Toulouse pour la 10e saison.

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Croisant influences et rythmes, du classique au contemporain, du cabaret au flamenco, Kader Belarbi a imprimé sa marque sur la compagnie qu'il dirige à Toulouse pour la 10e saison. (AFP)


"C'est dans la pluralité que l'on trouve une forme de richesse. Ici, j'ai 14 nationalités, sur 34 à 37 danseurs selon les programmations. C'est énorme et c'est ce qui est passionnant (...) On mélange des cultures, des mentalités, des éducations!", s'enthousiasme-t-il.     


Né le 18 novembre 1962 à Grenoble, près des Alpes, Abdelkader "Kader" Belarbi a grandi dans différentes villes de France, au hasard des mutations de son père, chasseur-alpin parvenu au grade de colonel, qui battait en brèche les clichés au côté d'une femme "couturière, fantaisiste, à la fibre artistique".

Du classique au hip hop 
Grâce à l'"ouverture d'esprit" de parents enclins à laisser leur quatre enfants "découvrir leur propre chemin", il enfile ses premiers chaussons à neuf ans.

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Etoile à 27 ans, Kader Belarbi dansera les classiques du répertoire, du Lac des cygnes à Casse-Noisette, les ballets de Maurice Béjart et Carolyn Carlson, le hip hop de Farid Berki... (AFP)


Sa professeure Lolita Parent repère ses "aptitudes physiques". "Je n'en avais pas du tout conscience", s'amuse Kader Belarbi, séduit par le "côté sportif" de la discipline, la "camaraderie" de ce cours du conservatoire grenoblois, dont il était "le plus jeune" et la "mascotte".


Quelque trois ans plus tard, "mon père s'est fait muter à Paris pour que ma soeur et moi puissions tenter le concours de l'école de danse de l'Opéra". Kader est seul sélectionné, sa soeur ayant dépassé la limite d'âge des 13 ans.


L'"électrochoc absolu" viendra lorsque Rudolf Noureev prend la direction du ballet en 1983. "Il a débarqué avec sa dévotion, son humilité (...) j'ai commencé à découvrir que la danse n'était pas simplement de l'acrobatie."

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Son amour des lignes, des formes, des couleurs lui a fait glisser la palette de Brueghel dans Giselle, réinventer Toulouse-Lautrec en réalité virtuelle, inviter des chorégraphes à s'inspirer des rideaux de scène de Picasso. (AFP)

Etoile à 27 ans, Kader Belarbi dansera les classiques du répertoire, du Lac des cygnes à Casse-Noisette, les ballets de Maurice Béjart et Carolyn Carlson, le hip hop de Farid Berki...


"J'avais un corps académique et plutôt un esprit contemporain", explique rieur cet "anticonformiste, qui ne prend pas toujours ce qu'on lui donne et qui va chercher d'autres choses".


Un art de la fugue qu'admire Jessica Fyfe. "Ses versions sont du merveilleux classique français, mais sont aussi siennes (...) Il réussit à créer des personnes réelles, de vraies émotions", souligne cette Australienne, invitée pour le rôle de Giselle, que le Capitole présente en tournée.

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Grâce à l'«ouverture d'esprit» de parents enclins à laisser leur quatre enfants «découvrir leur propre chemin», il enfile ses premiers chaussons à neuf ans. (AFP)

Démystifier 
Kader Belarbi se régale de touiller la "marmite des danses" et "faire que tous ces danseurs trouvent leur voix". "S'ils viennent ici, c'est qu'il y a une demande de se transformer" par rapport à leur école initiale, "mais j'essaie aussi de conserver ce qui a été appris." 


Ce "travail de décantation", il l'applique à ses chorégraphies, se plaisant à "débroussailler les clichés". "La pantomime, si je la garde au XIXe siècle (...) c'est poussiéreux (...) donc je dis au prince: +T'es Marlon Brando en jean et baskets. T'as même une Harley Davidson et quand tu rentres sur scène, tu fonces avec!+"

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Kader Belarbi se régale de touiller la «marmite des danses» et «faire que tous ces danseurs trouvent leur voix». (AFP)


Son amour des lignes, des formes, des couleurs lui a fait glisser la palette de Brueghel dans Giselle, réinventer Toulouse-Lautrec en réalité virtuelle, inviter des chorégraphes à s'inspirer des rideaux de scène de Picasso.   


"Il y a plein de choses que je veux transformer", souligne ce père de trois enfants, pour lequel "l'âge n'a pas d'importance, mais le lieu non plus".

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Né le 18 novembre 1962 à Grenoble, près des Alpes, Abdelkader «Kader» Belarbi a grandi dans différentes villes de France, au hasard des mutations de son père. (AFP)


Un défi aux frontières relevé par Natalia de Froberville: "L'art aide les gens à se reconnecter. Il faut oublier la haine et la colère (...) Plus c'est cosmopolite, plus c'est intéressant", estime l'étoile russe du Capitole, formée en Ukraine. 


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com