L'accusé était-il un des cruels «Beatles» de l'EI? Aux jurés de trancher

Ce djihadiste de 33 ans faisait "sans l'ombre d'un doute" partie de cette cellule de geôliers surnommés ainsi par leurs otages en raison de leur accent britannique (Photo, AFP).
Ce djihadiste de 33 ans faisait "sans l'ombre d'un doute" partie de cette cellule de geôliers surnommés ainsi par leurs otages en raison de leur accent britannique (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

L'accusé était-il un des cruels «Beatles» de l'EI? Aux jurés de trancher

  • Après deux semaines d'un procès éprouvant près de Washington, les jurés se sont retirés mercredi pour décider du sort d'El Shafee el-Sheikh
  • Pendant le procès, une dizaine d'entre eux ont livré des témoignages effrayants sur les violences que leur ont infligées ces gardes pendant leur captivité

ALEXANDRIA: Après deux semaines d'un procès éprouvant près de Washington, les jurés se sont retirés mercredi pour décider du sort d'El Shafee el-Sheikh, accusé d'avoir été l'un des cruels "Beatles" de l'Etat islamique (EI), ce qu'il nie.

Ce djihadiste de 33 ans faisait "sans l'ombre d'un doute" partie de cette cellule de geôliers surnommés ainsi par leurs otages en raison de leur accent britannique, a déclaré le procureur Raj Parekh. 

"Rien ne le prouve" a rétorqué son avocate Nina Ginsburg, tout en admettant le caractère "horrible et insensé" des sévices subis par les quelque 27 otages occidentaux placés sous la coupe des "Beatles" entre 2012 et 2015.

Simulation de noyade, tabassage systématique, tortures psychologiques... Pendant le procès, une dizaine d'entre eux ont livré des témoignages effrayants sur les violences que leur ont infligées ces gardes pendant leur captivité.

Ils ont décrit des hommes "sadiques", toujours "masqués" et "gantés", qui interdisaient de les regarder et distribuaient les coups sans compter.

Grâce à ces témoins, "nous avons construit une mosaïque de preuves", a déclaré Raj Parekh. "Ensemble, elles forment une image claire et complète" de la responsabilité de l'accusé: il faisait partie d'un "complot terrifiant et inhumain", qui a "résulté dans la mort" de captifs américains, britanniques et japonais.

La plupart ont été décapités et leur mort mise en scène dans d'insoutenables vidéos de propagande qui ont choqué le monde.

El Shafee el-Sheikh "vous l'a dit lui-même", a ajouté le procureur en référence aux multiples interviews données par l'accusé à des journalistes après sa capture par les forces kurdes syriennes en 2018 et avant son transfert aux Etats-Unis en 2020.

«Grand non-dit»

Il était bien djihadiste dans les rangs de l'EI, a reconnu son avocate. Mais l'accusation n'a pas réussi à prouver "au-delà du doute raisonnable" son appartenance aux "Beatles", a-t-elle soutenu.

"M. el-Sheikh n'a jamais été identifié dans ce tribunal par aucun des anciens otages", a rappelé Me Ginsburg. "C'est le grand non-dit" de ce procès.

"Il n'y a pas eu une seule question sur la corpulence des Beatles, leur taille, leur couleur de peau, leur façon de parler... Pourquoi?", s'est-elle interrogée. "Parce que ça ne correspond pas à M. el-Sheikh."

De plus, a-t-elle assuré, "aucune preuve matérielle ne le lie" aux otages, aucune "trace d'ADN, aucune empreinte, aucun cheveu" n'a été retrouvé lors des raids américains sur des prisons de l'EI.

Quant à ses confessions télévisées, elles ont été données "par un homme brisé", détenu depuis un an et demi par "des forces paramilitaires", a-t-elle soutenu. Selon Me Ginsburg, "il espérait être transféré aux Etats-Unis pour avoir un procès équitable" et éviter une condamnation expéditive à la pendaison.

"C'est de la désinformation et de la spéculation", a balayé un autre procureur, Dennis Fitzpatrick, autorisé à conclure les débats. 

Dans ces interviews, El Shafee el-Sheikh livre des détails "que seul un participant pouvait connaître", comme le "jeu d'échecs en carton" qu'avaient fabriqué les otages, a relevé le procureur.

«Ce qui est juste»

Pour l'accusation, l'accusé formait un trio avec Mohammed Emwazi et Alexanda Kotey.

Le premier, dit "Jihadi John", s'était distingué en apparaissant avec un couteau de boucher sur les vidéos de décapitation des otages. Il a été tué dans une attaque de drone en 2015. 

L'autre a été arrêté avec El Shafee el-Sheikh en Syrie et transféré en 2020 aux Etats-Unis. Il a depuis plaidé coupable et sa peine sera prononcée à la fin du mois.

"Ils ont grandi ensemble" à Londres, a déclaré Raj Parekh. "Ils se sont radicalisés ensemble, ont été des combattants gradés de l'EI ensemble, ont détenu des otages ensemble, les ont torturés et terrorisés ensemble."

Sans eux, les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff "seraient encore en train de couvrir des conflits dans le monde" et les humanitaires Peter Kassig et Kayla Mueller "d'aider ceux dans le besoin".

Ces quatre victimes "voulaient faire ce qui est juste", a ajouté son collègue Dennis Fitzpatrick. "Maintenant c'est à vous de faire ce qui est juste", a-t-il lancé aux jurés.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com