Ukraine: La Russie frappe après le naufrage du Moskva, Kiev s'attend au pire

Le croiseur Moskva, vaisseau amiral russe en mer Noire, a coulé jeudi (Photo, AFP).
Le croiseur Moskva, vaisseau amiral russe en mer Noire, a coulé jeudi (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 16 avril 2022

Ukraine: La Russie frappe après le naufrage du Moskva, Kiev s'attend au pire

  • La perte du Moskva est importante car il «assurait la couverture aérienne des autres vaisseaux»
  • Le Moskva, a bien été touché par deux missiles ukrainiens, a déclaré le Pentagone

KIEV: La Russie a bombardé un fabricant des missiles ukrainiens après avoir perdu le vaisseau amiral de sa flotte de la mer Noire tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait que la guerre serait bien plus courte s'il recevait les armes requises.

Ce navire lance-missile de 186 mètres de longueur, le Moskva, a bien été touché par deux missiles ukrainiens, a déclaré le Pentagone.

Une responsable militaire ukrainienne a en outre affirmé que, contrairement aux propos tenus par la Russie, son équipage --environ 500 hommes selon les données disponibles-- n'avait pas pu être sauvé.

La Russie, selon laquelle ce bâtiment a été "gravement endommagé" par un incendie et a coulé pendant son remorquage, a maintenu que l'équipage avait été évacué.

"Nous sommes parfaitement conscients qu'on ne nous pardonnera pas" la destruction du Moskva et donc ce coup porté aux "ambitions impériales" de Moscou, a ajouté la porte-parole du commandement militaire du sud de l'Ukraine, Natalia Goumeniouk.

"Nous sommes conscients que les attaques contre nous vont s'intensifier, que l'ennemi va se venger, qu'il y aura des attaques de missiles et des bombardements d'artillerie", a-t-elle poursuivi, signalant des frappes dans le sud, en particulier sur la ville de Mykolaïv, proche d'Odessa.

La perte du Moskva est importante car il "assurait la couverture aérienne des autres vaisseaux pendant leurs opérations, notamment le bombardement de la côte et les manoeuvres de débarquement", a expliqué à ce sujet le porte-parole de l'administration militaire régionale d'Odessa Sergueï Bratchouk.

Kiev redoute une attaque nucléaire 

M. Zelensky a jugé vendredi que "le monde entier" devrait être "inquiet" du risque que son homologue russe Vladimir Poutine, acculé par ses revers militaires en Ukraine, ait recours à une arme nucléaire tactique.

Il faisait écho aux déclarations en ce sens du patron du renseignement extérieur américain William Burns qui avait estimé la veille qu'il ne fallait pas "prendre à la légère" une telle menace.

Dans ce contexte, Berlin a annoncé vendredi être prête à débloquer plus d'un milliard d'euros d'aide militaire en faveur de l'Ukraine.

Le gouvernement allemand cherche par ce biais à répondre aux critiques croissantes en provenance des autorités ukrainiennes, mais aussi de certains de ses partenaires de l'Union européenne comme la Pologne ou les Etats baltes, sur son manque apparent de soutien en matière d'armement à Kiev, voire sa complaisance à l'égard de Moscou.

Dans un message vidéo, le président Zelensky a dit à l'adresse des Occidentaux: "Vous pouvez rendre la guerre bien plus courte. Plus vite et en plus grande quantité nous allons recevoir les armes que nous avons demandées, plus forte sera notre position et plus vite la paix viendra".

Sur le terrain, la Russie avait donné le ton vendredi matin.

"Le nombre et l'ampleur des frappes de missiles sur des sites de Kiev vont augmenter en réplique à toutes les attaques de type terroriste et aux sabotages effectués en territoire russe par le régime nationaliste de Kiev", avait averti le ministère russe de la Défense.

Une usine d'armement de la région de Kiev a été atteinte par une frappe russe, ont constaté vendredi des journalistes de l'AFP.

L'usine Vizar fabrique les missiles antinavires Neptune, avec lesquels les Ukrainiens disent avoir tiré sur le Moskva. 

Les Russes ont procédé à trois frappes vendredi sur la région de Kiev, a noté son gouverneur Alexandre Pavliouk, sans préciser si cela incluait celle sur cette usine à Vychnevé.

Un responsable du Centre national russe de Défense, Mikhail Mizintsev, a affirmé dans un communiqué que les autorités de Kiev préparaient une "nouvelle monstrueuse provocation" afin d'accuser les forces armées russe d'avoir commis des crimes de guerre.

Moscou a rejeté à plusieurs reprises sur Kiev la responsabilité de frappes meurtrières contre des civils ukrainiens comme à Kramatorsk ou à Marioupol.

Selon lui, les troupes ukrainiennes se préparent à frapper avec un missile Tochka-U des civils rassemblés à la gare de Lozova, pour fuir les combats de la région de Kharkiv (est).

Des cars visés 

La Russie a affirmé jusqu'à présent que le croiseur Moskva avait été la proie mercredi, la veille de son naufrage, d'un incendie et d'explosions de ses propres munitions.

Elle a par ailleurs annoncé jeudi que l'Ukraine avait bombardé des villages russes frontaliers, en particulier avec des hélicoptères de combat.

Kiev l'a démenti et accusé en retour les services secrets russes de mener des "attaques terroristes" de l'autre côté de la frontière. 

A Boutcha, une localité proche de Kiev devenue le symbole des atrocités imputées aux forces russes, 95% des personnes retrouvées mortes ont été tuées par balle, a dénoncé vendredi le chef de la police de la région de la capitale Andriï Nebitov.

Selon le maire de Boutcha Anatoli Fedorouk, plus de 400 cadavres y ont été découverts depuis le retrait des troupes russes.

La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a fait savoir que près de 2.900 civils ont été évacués vendredi de Marioupol et de Berdyansk vers Zaporojie.

Frappes dans le Donbass 

Dans la plus grande région du Donbass, celle de Donetsk, où "des combats se déroulent sur toute la ligne de front", trois personnes ont été tuées et sept blessées, a déclaré la présidence ukrainienne.

L'autre région de ce bassin minier, celle de Lougansk, a quant à elle été le théâtre de 24 bombardements qui ont fait deux morts et deux blessés, selon la même source.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le maire de la ville d'Aleksandria, à environ 300 km au sud-est de Kiev, a indiqué sur Facebook qu'un missile russe avait frappé l'aéroport de sa ville. Il a précisé que les équipes de secours étaient à l'oeuvre mais sans faire dans l'immédiat état de victimes.

La Russie, dont l'offensive massive annoncée dans le Donbass n'a toujours pas commencé, peine toutefois à prendre le contrôle complet de Marioupol.

C'est dans cette ville portuaire stratégique du sud-est que pourrait être enregistré à ce stade le plus lourd bilan humain de la guerre. Les autorités ukrainiennes ont parlé de quelque 20.000 morts.

Cette cité martyre, où l'AFP a pu se rendre à l'occasion d'un voyage de presse organisé cette semaine par l'armée russe, a subi un déluge de feu, qui a ravagé les infrastructures et les habitations du demi-million de personnes qui y vivaient lorsque Vladimir Poutine a déclenché son offensive contre l'Ukraine le 24 février.

Aujourd'hui, après plus de quarante jours, les combats sont limités à la vaste zone industrielle proche du bord de mer, les forces russes et les rebelles de Donetsk ayant peu à peu resserré leur étau.

Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley a demandé vendredi un accès aux zones de conflit et aux villes assiégées où certains "meurent de faim", à l'issue d'une visite en Ukraine.

Plus de cinq millions de personnes ont fui ce pays depuis le 24 février, selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

"La guerre est partout", a déploré vendredi sur la Rai, radiotélévision publique italienne, le pape François, qui avait demandé en vain une trêve pascale en Ukraine.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.