Les affrontements d’Al-Aqsa suscitent des condamnations régionales et internationales

Les forces de sécurité israéliennes surveillent l'enceinte qui abrite la mosquée d’Al-Aqsa, à la suite d'affrontements avec des manifestants palestiniens (Photo, Reuters).
Les forces de sécurité israéliennes surveillent l'enceinte qui abrite la mosquée d’Al-Aqsa, à la suite d'affrontements avec des manifestants palestiniens (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 16 avril 2022

Les affrontements d’Al-Aqsa suscitent des condamnations régionales et internationales

  • L’ONU et l’UE se sont déclarées «profondément préoccupées» par la récente recrudescence de violence
  • L'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne ainsi que les pays et organisations de la région ont tous condamné les violences à Jérusalem-Est

LONDRES: Vendredi, la communauté internationale s’est déclarée vivement préoccupée par la récente recrudescence de violence en Cisjordanie occupée et par les affrontements entre les Palestiniens et la police israélienne à la mosquée d’Al-Aqsa.
Au moins 152 Palestiniens ont été blessés lors de heurts avec la police antiémeute israélienne et 400 fidèles ont été arrêtés dans l'enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa, vendredi, à Jérusalem. Cet incident, qui s’inscrit dans le cadre d'une récente flambée de violence, fait craindre une escalade du conflit.
L'ONU s'est d’ailleurs déclarée «profondément préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire à Jérusalem en ces jours saints», et a insisté sur le fait que les provocations devaient cesser.
«J'appelle tous les responsables politiques, religieux et communautaires à essayer d’apaiser la situation. Laisser les tensions s'aggraver ne fera qu’augmenter le risque d’une nouvelle escalade», a prévenu Tor Wennesland, coordonnateur spécial pour le processus de paix au Proche-Orient, dans un communiqué.
Il a rappelé que l'ONU était en étroite collaboration avec les principaux partenaires régionaux afin d’atténuer la crise et a incité les autorités israéliennes et palestiniennes à «désamorcer le conflit et à empêcher toute nouvelle provocation émanant de groupes extrémistes».
Ces affrontements interviennent à un moment particulièrement délicat. En effet, cette année, le ramadan coïncide avec la Pâque juive (également appelée Pessah) – une fête d’une semaine qui commence le vendredi au coucher du soleil – et avec la semaine sainte chrétienne qui se termine par le dimanche de Pâques.
Ces fêtes devraient attirer des dizaines de milliers de fidèles dans la vieille ville de Jérusalem qui abrite d'importants sites sacrés pour les trois religions: l’islam, le judaïsme et le christianisme.
L'Union européenne a précisé qu'elle suivait la situation de près et qu’elle s’en inquiétait. Elle a demandé que l’on mette fin à la violence sans plus tarder.
Selon Peter Stano, porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, «il faudrait avant tout éviter qu’il y ait de nouvelles victimes civiles. Le statu quo des lieux saints doit être entièrement respecté et la coopération palestino-israélienne en matière de sécurité demeure essentielle».
Stano a réitéré l'appel qu’a lancé l'UE à toutes les parties pour qu’elles déploient des efforts en vue d’apaiser la situation. D’après lui, tous les dirigeants sont tenus d'agir contre les extrémistes.
Les ministères des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la France, de l'Italie et de l'Espagne ont, eux aussi, condamné dans une déclaration commune les violences survenues vendredi à Jérusalem-Est.
«Nous appelons toutes les parties à s'abstenir de toute forme de violence ou de provocation», ont déclaré leurs porte-parole respectifs.
La Jordanie voisine, qui assure la tutelle du lieu saint, ainsi que l'Autorité palestinienne ont publié une déclaration commune à travers laquelle ils ont accusé Israël d'avoir conduit à une «escalade dangereuse et répréhensible qui menace d’aggraver davantage la situation».
Quant au ministère palestinien des Affaires étrangères, il a affirmé qu'il tenait Israël «entièrement et directement responsable de ce crime et de ses conséquences».
Nabil Abou Roudeineh, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, a indiqué que la communauté internationale devait intervenir immédiatement afin de «mettre fin à l'agression israélienne contre la mosquée d’Al-Aqsa avant que la situation ne devienne incontrôlable».
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a mis en garde contre une éventuelle aggravation de la situation à la mosquée d’Al-Aqsa, et a accusé les forces d'occupation israéliennes d’avoir violemment agressé les Palestiniens ainsi que leur droit d'accomplir des rituels pendant le ramadan, mois sacré des musulmans.
«Les attaques israéliennes contre les fidèles représentent la suite d’une série de transgressions et de provocations israéliennes qui visent à diviser Al-Aqsa», a-t-il dit, exprimant sa solidarité avec les habitants de Jérusalem et les Palestiniens.
Nayef al-Hajraf, secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, a condamné la police et les forces spéciales israéliennes pour avoir pris d'assaut l'enceinte de la mosquée. Il a également exhorté Israël à respecter le statu quo historique et juridique à Jérusalem occupée et ses lieux saints et à cesser toute mesure illégale.
Al-Hajraf a ensuite appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités dans le but de préserver la sécurité de la mosquée d’Al-Aqsa et de protéger les fidèles. Il a également rappelé qu’Israël devait respecter ses obligations en tant que force d’occupation, conformément au droit international humanitaire.
En outre, l'Organisation de la Coopération islamique a assuré qu'elle tenait Israël «entièrement responsable» et qu’elle considérait cette dangereuse escalade comme une attaque contre les sites sacrés de toute la nation islamique et une violation flagrante des résolutions internationales.
Elle a appelé la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité des Nations Unies, à mettre fin à ces violations répétées et à assurer la protection du peuple palestinien et des lieux saints.
L'Égypte a aussi condamné l’attaque israélienne.


(Avec Reuters et l’AP).


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.