Invictus Games : la combativité de l'équipe ukrainienne, malgré le poids de la guerre

Le duc et la duchesse de Sussex, le prince Harry et son épouse Meghan Markle, posent pour une photo avec des participants d'Ukraine lors de la section athlétisme de la cinquième édition des Invictus Games, à La Haye, le 17 avril 2022. (AFP).
Le duc et la duchesse de Sussex, le prince Harry et son épouse Meghan Markle, posent pour une photo avec des participants d'Ukraine lors de la section athlétisme de la cinquième édition des Invictus Games, à La Haye, le 17 avril 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Invictus Games : la combativité de l'équipe ukrainienne, malgré le poids de la guerre

  • Le courage et la présence des Ukrainiens ont été salués par le prince Harry. Mais, pour ces combattants qui ont remporté une première médaille dimanche, «il ne s'agit plus de sport», ajoute Dmytro Afanasiev
  • Les Invictus Games, dans lesquels ils participeront notamment au tir à l'arc, à l'athlétisme, au volley-ball et au basket-ball, sont plutôt «notre façon de parler au monde, pour faire passer le message que nous nous battons», dit-il

LA HAYE : En chaises roulantes, aidés de prothèses et d'attelles, plusieurs Ukrainiens s'entraînent au tir à l'arc aux Pays-Bas, à quelques heures de l'ouverture de la cinquième édition des Invictus Games, ces jeux imaginés par le prince Harry pour les soldats blessés au combat. 

Participant envers et contre tout à la rencontre sportive, parés de bleu et jaune, les couleurs nationales de l'Ukraine, ils jettent entre leurs tirs des coups d’œil à un petit cadre blanc posé sur une table à proximité des cibles : y trône la photo d'un homme avançant fièrement sur un terrain d'entraînement, tout sourire, un arc dans chaque main. 

Si sa photo ne laisse pas deviner de handicap, Dmytro Sydoruk, l'entraîneur de l'équipe ukrainienne lauréat d'une médaille d'argent à la troisième édition, à Toronto en 2017, des jeux Invictus, souffrait de "multiples blessures" et ne marchait plus bien, raconte à l'AFP Serhii Kalytuck, en chaise roulante depuis plusieurs années, qui prend part à différentes compétitions. 

Mais, il explique qu'après le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, Dmytro Sydoruk a "caché le fait qu'il n'avait pas à être mobilisé" et "est retourné au front, où il a été tué", moins de deux semaines avant que ne commence cette compétition sportive organisée sur le modèle des jeux paralympiques. 

"C'était l'un d'entre nous, nous pleurons sa perte et il nous manque beaucoup", lâche Dmytro Afanasiev, à l'épaule soutenue par une attelle. 

La plupart des membres de l'équipe sont retournés servir après le 24 février, même si, en raison de leur état de santé, ils pourraient ne plus le faire, poursuit-il. 

Le courage et la présence des Ukrainiens ont été salués par le prince Harry samedi soir. Mais, pour ces combattants qui ont remporté une première médaille dimanche, "il ne s'agit plus de sport", ajoute M. Afanasiev. 

Les Invictus Games, dans lesquels ils participeront notamment au tir à l'arc, à l'athlétisme, au volley-ball et au basket-ball, sont plutôt "notre façon de parler au monde, pour faire passer le message que nous nous battons" dit-il à l'AFP.

L'Ukraine n'échoue pas, "mais les gens, la défense et les civils se font tuer", ajoute-t-il, appelant à encore plus de soutien et plus d'armes pour son pays.

«Pas le choix»

Il attire également l'attention sur l'absence d'une femme membre de l'équipe, capturée à Marioupol, une ville portuaire stratégique que les forces russes affirment presque entièrement contrôler au terme de combats acharnés.

Yuliia Paievska, surnommée Taira, une employée du secteur paramédical ukrainienne, "doit être libérée", lance-t-il. 

"Elle s'est préparée pour cette compétition pendant trois ans et, maintenant, elle ne peut pas y être", se désole sa fille Anna Sophia Puzanova, 18 ans, présente à l'entraînement.

Quatre participants aux essais Invictus Games de l'équipe ont en outre été tués au combat en mars 2022, a annoncé l'organisation.

Plus de 500 participants de 20 nations prennent part à l'événement, qui a été reporté deux fois en raison de la pandémie de Covid-19 et qui se termine le 22 avril. 

Les participants ainsi que plusieurs milliers de personnes présentes à la cérémonie d'ouverture samedi soir ont ovationné l'équipe ukrainienne.

Après les Invictus Games, qui se déroulent pour cette cinquième édition dans la ville néerlandaise de La Haye, sur les "rives de la justice internationale et de la paix", selon le prince Harry, l'équipe retournera en Ukraine.

"La raison pour laquelle nous retournons à la guerre est très simple : qui d'autre que nous ? C'est notre pays", s'exclame M. Kalytuck.

"Beaucoup de gens font ça, ils retournent en première ligne, ils prétendent aller bien même si ce n'est pas le cas", poursuit-il. 

"Nous n'avons pas d'autre choix", "c'est une question de survie pour notre pays", estime M. Afanasiev.


Gukesh, 17 ans et déjà prétendant au trône mondial des échecs

Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (Photo, Instagram).
Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (Photo, Instagram).
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  • Firouzja a été le seul à l'avoir battu lors du tournoi, dans la phase aller, mais sans l'ébranler
  • Dommaraju Gukesh, est né le 29 mai 2006 et, un mois avant ces 18 ans, était déjà le benjamin du tournoi réunissant huit des meilleurs joueurs du monde

 

PARIS: Le grand maître indien Gukesh a remporté dans la nuit de dimanche à lundi le tournoi des Candidats à Toronto (Canada), et n'est plus qu'à une marche de devenir le plus jeune roi de l'histoire des échecs.

Grâce à son nul plein de maîtrise contre l'Américain Hikaru Nakamura et à celui entre le Russe Ian Nepomniachtchi et l'Américain Fabiano Caruana, le joueur indien, 16e joueur mondial lors du dernier classement, termine seul en tête après les quatorze parties.

La dernière ronde entre les quatre joueurs de tête, qui pouvaient encore tous prétendre à la victoire, a été haletante, mais Caruana n'a pas réussi à convertir une position avantageuse contre son adversaire.

"Je suis si soulagé et heureux. C'était beaucoup d'émotions pendant les parties, mais désormais je me sens juste bien", a-t-il commenté en conférence de presse. "J'ai hâte de pouvoir parler à ma mère", qui n'a pas fait le déplacement jusqu'au Canada au contraire de son père.

A 17 ans, Gukesh gagne donc le droit d'affronter le Chinois Ding Liren, actuel détenteur de la couronne mondiale, dans un match qui devrait avoir lieu plus tard dans l'année mais à une date et un lieu à définir. Il est aussi le plus jeune joueur à avoir remporté le tournoi des Candidats.

"Je me moque un peu de ces records", a-t-il dit en souriant après la partie.

En cas de victoire, une hypothèse crédible car le Chinois semble hors de forme depuis son sacre en avril 2023, il effacerait des tablettes le Russe Garry Kasparov, champion du monde la première fois à 22 ans du format le plus prestigieux des échecs.

Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (2008-2013).

Une défaite en 14 parties 

Dommaraju Gukesh, "Gukesh D" dans le monde des échecs, est né le 29 mai 2006 et, un mois avant ces 18 ans, était déjà le benjamin du tournoi réunissant huit des meilleurs joueurs du monde.

Il a pris seul les commandes grâce à sa cinquième victoire de la compétition lors de l'avant-dernière journée contre le Franco-Iranien Alireza Firouzja, 20 ans.

Firouzja a été le seul à l'avoir battu lors du tournoi, dans la phase aller, mais sans l'ébranler. "C'est après cette partie que je me suis dit que cela pouvait être mon moment. J'étais déçu, mais dès le lendemain je me sentais déjà au mieux de ma forme" a expliqué Gukesh.

Le joueur indien continue son ascension fulgurante, après avoir obtenu sa norme de grand maître, la plus haute distinction des échecs, à seulement 12 ans, en 2019 et sa première norme internationale en 2015.

Il pourrait figurer à la 6e place lors du prochain classement mondial, le 1er mai, son meilleur rang, une place devant Ding Liren, selon des estimations provisoires.

Le numéro 1 Magnus Carlsen a fait l'impasse, lassé par les parties classiques dans lesquelles il a été cinq fois champion du monde de 2013 à sa renonciation en 2023.


Le populaire chanteur français Kendji Girac, grièvement blessé par balle, hospitalisé

Le chanteur français Kendji Girac (Photo, @Kendji).
Le chanteur français Kendji Girac (Photo, @Kendji).
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  • La victime, Kendji Girac, qui était alors entre la vie et la mort, a été immédiatement transportée à l'hôpital de Bordeaux
  • En début de matinée, son pronostic vital n'était plus engagé, a-t-on ajouté de même source, sans donner de précisions sur les circonstances de ces faits

PARIS: Le populaire chanteur français Kendji Girac a été très grièvement blessé par balle lundi et hospitalisé à Bordeaux (sud-ouest) où son pronostic vital n'est plus engagé après l'avoir été un temps, a-t-on appris de source proche du dossier.

Vers 5H30 lundi (04h30 GMT), les gendarmes ont été appelés sur l'aire des gens du voyage de Biscarrosse, sur la côte Atlantique, pour un homme grièvement blessé par balle au thorax.

Entre la vie et la mort

La victime, Kendji Girac, qui était alors entre la vie et la mort, a été immédiatement transportée à l'hôpital de Bordeaux. En début de matinée, son pronostic vital n'était plus engagé, a-t-on ajouté de même source, sans donner de précisions sur les circonstances de ces faits.


Les papillons d'Equateur : joyaux ailés et thermomètres du changement climatique

Un papillon est observé dans la forêt amazonienne protégée de Cuyabeno, en Équateur (Photo, AFP).
Un papillon est observé dans la forêt amazonienne protégée de Cuyabeno, en Équateur (Photo, AFP).
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  • À l'intérieur de filets, un verre contenant un appât de poisson ou de banane fermentée entend séduire les individus adultes
  • Depuis août, l'équipe mène un projet de surveillance des papillons avec le soutien de l'ONG Rainforest Partnership, basée aux Etats-Unis

 

CUYABENO, Equateur: L'odeur fétide de poisson en décomposition emplit le sentier au milieu de la jungle. Dans la réserve de Cuyabeno, en pleine Amazonie équatorienne, une équipe de biologistes et de gardes forestiers a accroché dans les branches des pièges à papillons, ces bijoux ailés remplis d'informations permettant de mesurer les effets dévastateurs du changement climatique.

À l'intérieur de filets, un verre contenant un appât de poisson ou de banane fermentée entend séduire les individus adultes, dont la vie éphémère permet de comprendre à court terme l'extinction de certaines espèces.

Depuis août, l'équipe mène un projet de surveillance des papillons avec le soutien de l'ONG Rainforest Partnership, basée aux Etats-Unis.

La sueur, la longue marche et la pestilence sont récompensées : en une semaine, l'équipe a recueilli 169 papillons, principalement de la famille des nymphalidés. Parmi eux, 97 ont été marqués sur leurs ailes et relâchés. Les autres, appartenant probablement à de nouvelles espèces, seront étudiés.

Des saisons «mortelles»

La biologiste Maria Fernanda Checa dirige le projet et étudie depuis dix ans les papillons dans le parc national voisin de Yasuni, une réserve de biosphère où d'importants gisements de pétrole sont en cours d'exploitation.

Ses travaux ont été étendus en 2023 à la réserve de Cuyabeno, dans la province de Sucumbios, dans le nord-est du pays. Les résultats seront bientôt connus, mais Mme Checa, professeur à la Pontificia universidad catolica del Ecuador (PUCE), s'attend déjà à quelques découvertes.

Le nombre d'espèces qui tombent dans les pièges a chuté de 10%, et en ce qui concerne la quantité d'individus, "la diminution est également très importante, nous parlons d'environ 50%", observe-t-elle. "C'est quelque chose qui nous inquiète", explique Mme Checa à l'AFP.

La biologiste Elisa Levy, que l'AFP a accompagnée en expédition, est en charge du suivi des papillons à Cuyabeno, une forêt où les arbres poussent au milieu des lagunes.

Tout en battant l'air pour faire fuir les moustiques, Mme Levy donne des instructions à des gardes forestiers du ministère de l'Environnement et un étudiant.

"Ne touchez pas les ailes! Elles se détachent, et c'est comme les écorcher", prévient-elle à l'intention de son équipe qui retourne dans la forêt tropicale tous les deux mois chasser les précieux lépidoptères.

Effet domino

Les chercheurs tiennent l'abdomen des papillons dans leurs mains, soufflent doucement sur leur torse pour qu'ils rétractent leurs pattes et, à l'aide de pinces, écartent leurs ailes multicolores. C'est une explosion enchanteresse de rouges et de bleus vifs, des marques qui simulent des yeux de prédateurs et des motifs semblables à la fourrure tachetée des jaguars ou aux rayures des zèbres.

"Par une simple couleur, un petit trait, on peut déjà dire qu'il s'agit d'une autre espèce. C'est passionnant", s'émerveille le garde forestier Nilo Riofrio, capable d'attraper les papillons en plein vol sans les blesser.

Les papillons sont des "bio-indicateurs", c'est-à-dire qu'ils sont "très sensibles, même à de petits changements dans l'écosystème", en raison de leur cycle de vie qui commence par des œufs, puis des chenilles et enfin une brève vie d'adulte, explique Mme Checa. Les saisons de sécheresse notamment "sont mortelles" pour les insectes.

Mme Levy explique l'effet domino de la crise climatique sur l'écosystème. "Si la plante hôte (dont se nourrit la chenille) ne s'adapte pas à ces changements climatiques, le papillon ne pourra pas survivre".

«Problème grave»

En Equateur, il existe environ 4.000 espèces de papillons, un nombre proche de celui des pays voisins, le Pérou et la Colombie, qui sont quatre fois plus grands.

Dans les zones tropicales, les papillons ne sont pas adaptés aux changements climatiques, comme c'est le cas dans les pays à quatre saisons des régions aux climats plus tempérés.

"Si le climat se refroidit ou se réchauffe (jusqu'à des températures excessives), ils n'ont pas beaucoup de chances de s'adapter rapidement",  prévient Mme Levy.

Selon un document publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en 2023, quelque 35% des espèces d'insectes de la planète sont menacées d'extinction.

"C'est un problème grave pour nous" en raison des fonctions qu'ils remplissent dans la nature, comme la pollinisation, souligne Mme Checa. Et le plus grave, c'est que dans des endroits très diversifiés comme la réserve de Yasuni, "le taux de découverte d'espèces est plus lent que le taux d'extinction", ajoute-t-elle.