Afrique du Sud: manque d'eau, d'électricité, une semaine après le début des inondations

Des personnes dégagent des débris pour permettre aux membres de l'unité de recherche et de sauvetage des services de police sud-africains (SAPS) de mener des recherches afin de retrouver les personnes portées disparues dans la zone du township de KwaNdengezi, près de Durban, le 15 avril 2022, après que leurs maisons aient été emportées par les pluies et les inondations dévastatrices. (AFP).
Des personnes dégagent des débris pour permettre aux membres de l'unité de recherche et de sauvetage des services de police sud-africains (SAPS) de mener des recherches afin de retrouver les personnes portées disparues dans la zone du township de KwaNdengezi, près de Durban, le 15 avril 2022, après que leurs maisons aient été emportées par les pluies et les inondations dévastatrices. (AFP).
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Publié le Lundi 18 avril 2022

Afrique du Sud: manque d'eau, d'électricité, une semaine après le début des inondations

  • Les fortes pluies ont entraîné des crues et des glissements de terrain meurtriers. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de la ville de Durdan dans le KwaZulu-Natal
  • La région connaît une accalmie des précipitations depuis la veille, mais des milliers de personnes ont tout perdu dans l'effondrement de leur maison

JOHANNESBURG : Une semaine après le début des intempéries en Afrique du Sud qui ont fait 443 morts, des habitants de Durban sur la côte est sont toujours sans eau ni électricité lundi, l'armée ayant déployé 10 000 soldats pour prêter main forte aux secours.

Les fortes pluies ont entraîné des crues et des glissements de terrain meurtriers. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de la ville portuaire de 3,5 millions d'habitants dans le KwaZulu-Natal (KZN) ouverte sur l'océan Indien. Quelque 63 personnes sont toujours portées disparues.

La région connaît une accalmie des précipitations depuis la veille, mais des milliers de personnes ont tout perdu dans l'effondrement de leur maison. Des familles ont été décimées, des enfants sont morts ensevelis dans les décombres. 

Afrique du Sud: les facteurs qui ont mené aux pires inondations du pays

Quels sont les facteurs qui ont mené ce pays généralement épargné par les tempêtes cycloniques qui touchent régulièrement ses voisins comme le Mozambique ou Madagascar à une catastrophe naturelle sans précédent ? 

Quel rôle du changement climatique ?

Contrairement aux cyclones qui s'abattent régulièrement sur la région, cette tempête n'était pas tropicale, selon les météorologues. 

Le pays a été frappé pas de fortes pluies et une vague de froid, un système dépressionnaire appelé "cut-off low" qui peut provoquer de fortes pluies, de la grêle, des vents forts ou encore de fortes chutes de neige. 

"Ce phénomène est fréquent en automne et au printemps et sa force varie", explique Puseletso Mofokeng, de l'Institut national de météorologie sud-africain. Une dépression froide similaire en avril 2019 avait tué 85 personnes dans les provinces du KwaZulu-Natal et de l'Eastern Cape. 

Si le phénomène est connu, l'intensité cette fois a été exceptionnelle. Et là, les experts pointent le réchauffement climatique. 

Selon un récent rapport des Nations unies, des inondations exceptionnelles qui se produisaient jusqu'ici une fois tous les cent ans pourraient survenir plusieurs fois chaque année d'ici 2050.

Une région propice aux inondations ?

Ouverte sur l'océan Indien et bordée de collines avec des gorges et des ravins, Durban est géographiquement propice aux inondations, explique Hope Magidimisha-Chipungu, urbaniste de l'université du KwaZulu-Natal. 

Et si le sol n'est pas "stable dans les zones vallonnées, il est évident qu'il y a des glissements de terrain", ajoute-t-elle. 

Selon certains, le système de drainage des eaux pluviales ne fonctionne par ailleurs pas bien faute d'entretien, ce qui a été contesté par les autorités de la ville vieille de 187 ans.

D'autres villes en Afrique du Sud sont en proie à des phénomènes climatiques extrêmes. Sur la côte sud-ouest, Le Cap souffre de sécheresse. 

"Toutes les prédictions et les modèles montrent que les zones humides deviendront plus humides et les zones sèches, plus sèches", met en garde Mme Galvin.

L'aménagement du territoire en cause ? 

Les quartiers les plus pauvres ont été durement frappés par les inondations. Environ un quart des 3,9 millions d'habitants de l'agglomération de Durban vivent dans 550 quartiers informels autour de la ville. Au moins 164 d'entre eux ont été construits sur des plaines inondables, selon Mme Galvin. 

"L'aménagement du territoire et l'héritage de l'apartheid ont relégué les pauvres dans la périphérie et dans les zones à faible altitude", le long des berges, ajoute-t-elle. 

Durban est par ailleurs une des villes sud-africaines à la croissance la plus rapide. Des vagues de migration économiques massives et non planifiées ont créé des pénuries de logements, ce qui a entraîné la prolifération d'habitations de fortune dans les townships, où la plupart des maisons sont faites de plaques de tôle ou de planches de bois. 

"La façon dont les villes sud-africaines ont été conçues a un caractère exclusif par nature", selon l'urbaniste de l'université du KZN, Hope Magidimisha-Chipungu. 

Certaines zones sont privées d'eau et d'électricité depuis lundi. Des camions-citernes tentent d'acheminer de l'eau potable aux populations isolées mais l'aide reste difficile avec des routes et des ponts toujours coupés. Près de 80% du circuit d'eau potable est hors service, a déclaré aux journalistes le maire de la ville, Philani Mavundla. Et les autorités locales ont prévenu que le rétablissement des services prendra du temps. 

L'armée sud-africaine a annoncé le déploiement de 10 000 soldats dont des plombiers et des électriciens. L'armée apportera un soutien aérien et mettra en service des systèmes de purification d'eau. Des tentes seront installées pour fournir un hébergement d'urgence à ceux qui n'ont plus de toit. 

Des troupes avec des hélicoptères étaient déjà présentes ces derniers jours aux côtés de la police et des secouristes lors des opérations de secours d'urgence.

Emportés par les crues

Les secouristes restent en alerte mais "les opérations de sauvetage ont cessé. C'est maintenant plus de la recherche et de la récupération", a expliqué à l'AFP, Dave Steyn, qui coordonne des équipes. Une semaine après le début de la catastrophe, l'espoir de retrouver des survivants est maigre. 

Des corps emportés par les crues ont été retrouvés en amont de barrages. Une femme et ses trois petits-enfants ont été retrouvés morts après que leur voiture a été emportée par les eaux, ont rapporté les médias locaux.

Des funérailles ont été organisées dans toute la ville. Les autorités tentent d'accélérer les autopsies des victimes, les morgues faisant face à un afflux important de corps. 

Sur les plages de Durban normalement prisées des familles et des touristes, les eaux chaudes et habituellement azurées se sont transformées en une mélasse brunâtre, salies par des tonnes de boue et de débris charriés par les inondations. 

Les enfants doivent reprendre le chemin de l'école mardi après le long weekend de Pâques. Mais les autorités ont prévenu qu'au moins 270 000 élèves seront privés de classe en raison des dégâts dans les établissements. Plus de 550 écoles ont été touchées, près de 4 000 maisons détruites et plus de 13 500 endommagées.

"Des milliards seront nécessaires pour reconstruire la province après cette catastrophe", a déclaré le ministre en chef de la province du KZN, Sihle Zikalala. Une première estimation pour la réparation des seules infrastructures routières se monte à près de 354 millions d'euros (5,6 milliards de rands).

Un fonds d'urgence du gouvernement de 63 millions d'euros (un milliard de rands) a été débloqué. La région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d'une vague inédite d'émeutes et de pillages.

Des bons alimentaires, des uniformes scolaires et des couvertures continuent à être distribués. Des dons sont collectés à travers le pays.

Des nations voisines comme Madagascar ou le Mozambique sont régulièrement frappées par des tempêtes meurtrières mais l'Afrique du Sud est généralement épargnée par ces événements climatiques extrêmes. 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.