Ariège: néoruraux et «alternatifs» contre Le Pen et Macron à la fois

En Ariège, où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête le 10 avril, néoruraux et alternatifs refusent de choisir entre «l'extrême droite» de Marine Le Pen et la «droite extrême» d'Emmanuel Macron. Charly TRIBALLEAU / AFP
En Ariège, où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête le 10 avril, néoruraux et alternatifs refusent de choisir entre «l'extrême droite» de Marine Le Pen et la «droite extrême» d'Emmanuel Macron. Charly TRIBALLEAU / AFP
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Publié le Mardi 19 avril 2022

Ariège: néoruraux et «alternatifs» contre Le Pen et Macron à la fois

  • En Ariège, où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête le 10 avril, néoruraux et alternatifs refusent de choisir entre «l'extrême droite» de Marine Le Pen et la «droite extrême» d'Emmanuel Macron
  • Beaucoup de ces partisans d'une vie plus sobre semblent décidés à s'abstenir dimanche lors du second tour de la présidentielle, après avoir voté, pour certains d'entre eux, en faveur du candidat de La France insoumise

SAINT-GIRONS: "Ni la peste ni le choléra": en Ariège, où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête le 10 avril, néoruraux et alternatifs refusent de choisir entre "l'extrême droite" de Marine Le Pen et la "droite extrême" d'Emmanuel Macron.
"La politique n'est pas mon truc, mais j'ai quand même voulu voter Mélenchon. C'était le mieux possible pour la planète, même si c'était dur à cause de son égo", explique Véronique, 63 ans, poncho à la main.
Installée en Ariège depuis vingt ans, cette Provençale a fait 30 kilomètres depuis chez elle, "dans la forêt", pour retrouver des amis au marché de Saint-Girons, ville de 6.400 habitants, au pied des Pyrénées.
Chaque samedi, sur les stands de ce marché, fréquenté par de nombreux néoruraux, sont proposés fromages traditionnels, pierres semi-précieuses "aidant à se défaire des peurs", recettes au chanvre, tissus bariolés ou "kits solaires" pour produire son électricité.
Beaucoup de ces partisans d'une vie plus sobre semblent décidés à s'abstenir dimanche lors du second tour de la présidentielle, après avoir voté, pour certains d'entre eux, en faveur du candidat de La France insoumise.
Jean-Luc Mélenchon a recueilli 26,07% des voix au premier tour en Ariège, devant Marine Le Pen (23,94%) et Emmanuel Macron (19,71%).
Le vote Insoumis est "plus fort" dans des villages où les néoruraux sont nombreux, note Christophe Imbert, professeur de géographie à l'Université de Rouen-Normandie.
Comme Véronique, Hélène, 45 ans, qui refuse aussi de dévoiler son nom, ne se déplacera pas dimanche.
Son bulletin du 10 avril est allé à Mélenchon pour avoir "plus de justice sociale et climatique", même si elle n'"aime pas particulièrement le personnage". Mais maintenant, chacun des deux finalistes "demande de voter contre l'autre par peur. Moi, j'ai peur des deux", explique-t-elle.

Mélenchon, «le moins mauvais»

Se revendiquant "anarchiste", Stéphan, 48 ans, ne veut pas plus entendre parler de Macron que de Le Pen. S'il a voté Mélenchon en 2012, il ne s'est plus rendu aux urnes depuis, et ne compte plus jamais le faire.
A ses yeux, le candidat Insoumis reste toutefois "le moins mauvais" et, comme Jean-Luc Mélenchon qui propose de passer à la VIe République, Stéphan voudrait "changer ce système monarchiste".
A l'instar d'autres néo-ruraux, ce Nîmois d'origine a "beaucoup bougé" avant de s'installer en Ariège. Il vit actuellement grâce au RSA et à "l'entraide" courante dans le coin, selon lui. Il échange ainsi son savoir-faire dans le maraîchage ou la construction contre d'autres services.
Dominique, 58 ans, se contente aussi de très peu et y tient. Cet ancien plombier, qui a quitté Toulouse il y a dix ans pour échapper au "stress" de la ville, dénonce des élections "truquées" et ne vote plus non plus.
"Ce sont les industriels et les banques qui commandent", lance-t-il avec un grand sourire, devant son minuscule stand de fruits et légumes provenant notamment de la ferme qu'il a achetée après avoir "tout vendu" à Toulouse.
"Maintenant, je m'habille dans des ressourceries (commerces de produits d'occasion, ndlr). Ca fait des enfants exploités en moins", dit-il, en montrant avec fierté son vieux blouson déteint. "Je paie 400 euros par an d'électricité, j'allume juste pour manger."

«Minorités en danger»

Laure ne vote pas plus. Domiciliée à Tarbes, elle est comme "chez elle" au marché de Saint-Girons. Et "pense" aussi à quitter la ville, mais sans trop s'isoler pour ne pas "sortir du monde".
Animatrice d'ateliers de philosophie et d'"écologie profonde", elle s'est sentie exclue après son refus de se vacciner contre le Covid.
Pour cette femme de 49 ans, "toutes les minorités sont en danger", quel que soit le vainqueur dimanche. Cependant, dans un contexte de "manipulations" de la part des finalistes, elle craint surtout de voir "beaucoup de gens" voter pour Marine Le Pen.
Une possibilité qui ne semble pas inquiéter Polo, 60 ans, qui vit depuis vingt ans en Ariège de son "propre potager" et de la vente de petits panneaux solaires.
Pour lui, "Mélenchon est un pote à Macron", lequel défend "le nouvel ordre mondial" annoncé par l'ex-président Nicolas Sarkozy. Il compte bien voter dimanche et son objectif est clair: "virer Macron".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.