Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Jeudi 21 avril 2022

Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

  • Moscou a fait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental à potentiel nucléaire
  • «L'Histoire n'oubliera pas les crimes de guerre qui ont été commis ici», a écrit Charles Michel sur Twitter

ZAPORIJIA: Les combats s'intensifiaient mercredi dans l'est et le sud de l'Ukraine où l'armée russe semblait près de s'emparer du port stratégique de Marioupol, Kiev recevant cependant un soutien croissant des Européens et des Américains, notamment en armes lourdes. 

L'Ukraine a appelé mercredi à la tenue de négociations avec la Russie sur le sort de la ville assiégée de Marioupol, au moment où Moscou faisait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental pouvant emporter des charges nucléaires.

Mykhaïlo Podolyak, conseiller de la présidence ukrainienne et un des négociateurs avec la Russie, a proposé à la Russie une "session spéciale de négociations" à Marioupol, ville portuaire sur la mer d'Azov assiégée.

"Nous sommes prêts à tenir une 'session spéciale de négociations' à Marioupol. Pour sauver nos gars, (le bataillon) Azov, les soldats, les civils, les enfants, les vivants et les blessés. Tout le monde", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Dernier dirigeant européen en date à se rendre à Kiev, le président du Conseil européen Charles Michel a rencontré le président Volodymyr Zelensky. 

L'UE fera "tout son possible" pour que l'Ukraine "gagne la guerre", a déclaré Charles Michel après les entretiens, qui ont porté sur le soutien financier et militaire de l'Union européenne et ses sanctions contre la Russie. 

L'adhésion de l'Ukraine à l'UE est "une priorité", a dit de son côté Volodymyr Zelensky. 

Sur le terrain, le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mercredi matin que l'armée russe "concentrait l'essentiel de ses efforts sur la prise de Marioupol et poursuivait ses tentatives d'assaut près de l'aciérie Azovstal", dernier îlot de résistance de ce port situé sur la mer d'Azov, à l'extrémité sud du Donbass. 

Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon Azov qui résiste à Azovstal, a indiqué que ses combattants faisaient face à un "front à 360 degrés", "sans arrière" possible. 

Il a souligné que des centaines de civils, dont des enfants, se trouvaient dans l'aciérie, complètement détruite par des "bombes super-puissantes", et a appelé les dirigeants internationaux à les "sauver avant tout". 

"Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures", et "l'ennemi est 10 fois plus nombreux que nous", avait déclaré dans la nuit de mardi à mercredi Serguiï Volyna, commandant de la 36e brigade de la marine ukrainienne, dans un message posté sur Facebook. 

Le couloir humanitaire, qui avait en principe été négocié pour permettre mercredi l'évacuation des civils de Marioupol, "n'a pas fonctionné", a déclaré dans la soirée la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, en accusant les Russes d'avoir violé le cessez-le-feu et bloqué les cars.

À Moscou Mikhaïl Mizintsev, un haut responsable du ministère russe de la Défense, a pour sa part accusé "les autorités de Kiev d'avoir cyniquement sabordé cette opération humanitaire", assurant que "personne n'a utilisé le couloir indiqué".

La situation dans la ville, où au moins 20 000 personnes ont péri depuis début mars selon le conseil municipal, est "catastrophique", selon la première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. 

La Russie, qui a lancé plusieurs ultimatums aux défenseurs de Marioupol, est déterminée à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu'elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes du Donbass. 

Sa prise permettrait aussi à Moscou d'injecter des forces supplémentaires dans l'offensive visant à prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass, que les séparatistes contrôlent en partie depuis 2014. 

1
Derniers développements de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, avec photos. (Graphique, AFP)

«Tentatives » d'assaut dans le Donbass 

Au-delà de Marioupol, les combats semblaient s'intensifier tant dans l'est que dans le sud de l'Ukraine.  

Le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de "tentatives d'assaut" sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv (est), ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est). 

Le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a renouvelé ses appels aux civils à évacuer. "La situation se complique d'heure en heure", a-t-il écrit sur la messagerie Telegram: "Mettez-vous en sécurité (...) Partez".  

A Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk, des habitants interrogés par l'AFP s'attendaient au pire. "Ca va être le merdier", a dit Alexandre, 53 ans. "Tant que les Russes ne se calmeront pas, il n'y a rien de bon à attendre".  

Les bombardements s'intensifiaient aussi dans le sud, notamment sur les villages de Mala Tokmatchka et d'Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia.

Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, "maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c'est beaucoup plus fréquent", a dit Vitaly Dovbnia, précisant avoir une valise prête dans le coffre de sa voiture. 

Dans cette région, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir notamment frappé les villages de Kisselivka et Novovorontsovka.   

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de ses bataillons dans le pays. 

La famille d'un Britannique capturé dénonce une vidéo «  sous la contrainte »

La famille d'Aiden Aslin, un Britannique capturé lors de combats en Ukraine, a dénoncé une vidéo diffusée en Russie et prise selon eux "sous la contrainte", en violation de la convention de Genève sur le traitement des prisonniers.


"La vidéo d'Aiden parlant sous la contrainte et ayant clairement subi des blessures physiques est profondément éprouvante. Utiliser des images et des vidéos de prisonniers de guerre est contraire à la Convention de Genève et doit cesser", indique sa famille dans une déclaration relayée sur Twitter par le député Robert Jenrick.


Aiden Aslin, né en 1994, figure aux côtés de son compatriote Shaun Pinner, lui aussi capturé en Ukraine, dans des enregistrements présentés comme des interviews et diffusés par la télévision publique russe lundi. Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un riche homme d'affaires ukrainien proche de Vladimir Poutine et arrêté en Ukraine.


Selon les médias russes, ils ont été capturés après avoir combattu côté ukrainien à Marioupol. Ils appartiendraient à une unité qui s'est rendue la semaine dernière aux forces russes.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué que ce dernier avait déménagé en 2018 en Ukraine, où il a rencontré sa petite-amie et s'est finalement installé à Mykolaïv. Il a décidé de rejoindre les Marines ukrainiens et a servi dans cette unité pendant près de quatre ans.


"Il n'est pas, contrairement à la propagande du Kremlin, un volontaire, un mercenaire ou un espion. Aiden faisait des plans pour son avenir en dehors de l'armée, mais comme tous les Ukrainiens, sa vie a été bouleversée par l'invasion barbare de Poutine", soulignent-ils.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué être, comme celle de Shaun Pinner, en contact avec le ministère des Affaires étrangères britannique "pour que les autorités russes remplissent leurs obligations envers les prisonniers de guerre en vertu du droit international, et finalement pour obtenir la libération d'Aiden et Shaun".


La famille de Shaun Pinner avait expliqué dans un communiqué que celui ci n'était "ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne conformément à la législation ukrainienne".


Il s'était lui aussi installé en 2018 en Ukraine, et a épousé une Ukrainienne.

Nouvelles armes pour Kiev 

"Cette nouvelle phase" de la guerre, comme l'a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s'annonce acharnée. D'autant que l'Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux hésitaient à lui fournir auparavant. 

Après la livraison de pièces d'artillerie annoncée la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais "à leur disposition plus d'avions de chasse qu'il y a deux semaines", a affirmé mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, expliquant qu'ils avaient reçu "des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte". 

Le commandement des forces aériennes ukrainiennes a affirmé de son côté mercredi n'avoir "pas reçu de nouveaux avions", mais "des pièces détachées pour la réparation des appareils existants". 

Kiev réclame des Occidentaux des Mig-29 soviétiques que ses militaires savent déjà piloter et dont disposent encore certains pays d'Europe de l'Est. 

Washington s'apprête aussi à approuver un nouveau paquet d'aide militaire s'élevant à 800 millions de dollars, moins d'une semaine après une annonce d'une tranche du même montant, selon plusieurs médias américains. 

Négociations au point mort 

L'appel mardi du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à une trêve "humanitaire" de quatre jours pour les fêtes orthodoxes de Pâques - renouvelé mercredi par le coordinateur de l'ONU en Ukraine Amin Awad - semblait en revanche avoir peu de chances d'être entendu. 

D'autant que les négociations russo-ukrainiennes, censées continuer en ligne depuis la dernière séance physique à Istanbul fin mars, semblent au point mort. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que les Ukrainiens "ne cessent de se retirer de ce sur quoi il y avait des ententes". "La balle est dans leur camp", après que Moscou leur a remis "un projet de document", a-t-il ajouté sans préciser le contenu de ce texte. 

L'invasion russe a déjà poussé vers les pays voisins de l'Ukraine, à commencer par la Pologne, plus de cinq millions d'Ukrainiens, un record depuis la Seconde guerre mondiale. 

Certains font néanmoins des allers-retours: le porte-parole des garde-frontières ukrainien a indiqué mercredi que 1,1 million d'Ukrainiens étaient rentrés en Ukraine depuis le 24 février. 

Le conflit a aussi chamboulé certains grands équilibres mondiaux. Des pays européens qui ne faisaient pas partie de l'Otan semblent désormais prêts à rejoindre l'Alliance militaire, comme la Finlande, dont le Parlement entamait mercredi un débat sur une adhésion. 

Sa candidature est désormais probable, et cette évolution est suivie de près par la Suède voisine, qui pourrait lui emboîter le pas. 

Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20, réunis mercredi pour la première fois depuis le début du conflit, risquaient de voir leurs discussions paralysées, les Occidentaux ayant demandé en vain à la présidence indonésienne que la Russie en soit exclue.  

La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva a cependant exhorté les pays à continuer leur coopération. "Aucun pays ne peut résoudre ses problèmes seul. Il est évident que la coopération doit et va se poursuivre", a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse. 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
Short Url
  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Short Url
  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Short Url
  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.