L'Italie mise sur le gaz africain pour ne plus dépendre de la Russie

L'usine à gaz d'In Amenas, à 1 300 kilomètres au sud-est d'Alger, le 16 janvier 2018 (Photo, AFP).
L'usine à gaz d'In Amenas, à 1 300 kilomètres au sud-est d'Alger, le 16 janvier 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 avril 2022

L'Italie mise sur le gaz africain pour ne plus dépendre de la Russie

  • Alors que la Russie fournit à la péninsule 45% de son gaz, le Premier ministre italien Mario Draghi souhaite changer cette situation
  • Ces dernières semaines, Rome a déjà conclu des accords avec l'Algérie et l'Egypte. Alger est actuellement son deuxième fournisseur

ROME: L'Algérie et l'Egypte avant Pâques, le Congo et l'Angola cette semaine, le Mozambique en mai: l'Italie s'est lancée dans une offensive diplomatique en Afrique pour sortir de sa dépendance au gaz russe.

Alors que la Russie fournit à la péninsule 45% de son gaz, le Premier ministre italien Mario Draghi souhaite changer cette situation en diversifiant au plus vite son portefeuille de fournisseurs.

"Nous ne voulons plus dépendre du gaz russe, parce que la dépendance économique ne doit pas devenir une sujétion politique", a-t-il affirmé dimanche dans un entretien au quotidien Il Corriere della Sera.

"La diversification est possible et peut être mise en œuvre relativement rapidement, plus vite que nous le pensions", a-t-il estimé.

Dans ce but, Mario Draghi devait se rendre mercredi à Luanda et jeudi à Brazzaville. Mais, positif au Covid-19, c'est son ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio et celui de la Transition écologique Roberto Cingolani qui ont participé à la signature d'une "déclaration d'intention" pour développer des projets communs en Angola.

"Nous avons conclu un accord important avec l'Angola pour accroître nos fournitures de gaz (...). L'engagement de l'Italie pour diversifier ses sources en sort conforté", a déclaré M. Di Maio au terme de cette visite à Luanda.

M. Cingolani a loué un accord qui "booste la coopération (...) dans les secteurs du renouvelable, du biofioul, du GNL et dans la formation technologique et environnementale".

Auparavant, M. Draghi s'était entretenu par téléphone avec le président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço pour convenir du renforcement du "partenariat bilatéral (...), en particulier dans le secteur énergétique", selon Rome.

L'atout Eni

Rome utilise "les excellentes relations" que le géant énergétique italien Eni a nouées au cours de 69 ans de présence en Afrique, où il est le leader tant au niveau de la production que des réserves, souligne auprès de l'AFP Davide Tabarelli, patron du groupe de réflexion Nomisma Energia. Le patron d'Eni Claudio Descalzi accompagne les deux ministres dans leur déplacement.

Ces dernières semaines, Rome a déjà conclu des accords avec l'Algérie et l'Egypte. Alger, actuellement son deuxième fournisseur, contribue déjà pour environ 30% de sa consommation.

Selon Eni, l'accord signé avec la compagnie nationale algérienne, Sonatrach, fera grimper les livraisons de gaz à travers le gazoduc sous-marin Transmed "jusqu'à 9 milliards de m3 supplémentaires par an" d'ici 2023-2024.

L'accord conclu avec l'Egypte pourrait permettre de convoyer en Europe et en Italie jusqu'à trois milliards de m3 de gaz naturel liquéfié dès cette année, selon Eni.

L'Italie est aussi en pourparlers avec l'Azerbaïdjan au sujet de l'extension du gazoduc transadriatique (TAP), qui pourrait à terme renforcer la sécurité énergétique italienne mais aussi européenne grâce à un afflux de 10 milliards de m3 de gaz par an.

Cette diversification ne sera pas bon marché, car pour pouvoir importer davantage de GNL, l'Italie envisage d'acheter ou de louer des unités flottantes des stockage et de regazification.

Ces dépenses pèseront sur les finances de la troisième économie de la zone euro, déjà très endettée, mettent en garde les experts, qui prédisent de nouvelles taxes.

Opération Thermostat

Quoi qu'il en soit, pour remplacer le gaz russe, "il faudra au moins deux ou trois ans", estime Davide Tabarelli.

Pour Francesco Galietti, du cabinet de consultants Policy Sonar, "c'est une course contre la montre afin de s'assurer des réserves de gaz et de pétrole pour la prochaine saison hivernale".

Selon lui, Rome devrait faire feu de tout bois, y compris en augmentant la production d'énergies fossiles sur son propre territoire.

L'Italie est l'un des plus gros consommateurs européens de gaz, qui représente 42% de sa consommation énergétique, et elle en importe 95%.

Le gouvernement espère aussi réduire cette dépendance en accélérant les investissements dans les renouvelables, notamment en allégeant les obstacles bureaucratiques à l'installation d'éoliennes et de panneaux solaires.

Mario Draghi a appelé ses compatriotes à faire quelques sacrifices: "Voulons-nous la paix ou voulons-nous allumer la climatisation cet été"?

Son gouvernement s'est d'ores et déjà attelé à mettre sur pied "l'opération thermostat", qui vise à faire baisser le chauffage d'un degré dans les écoles et administrations, et adopter une mesure équivalente pour cet été avec la climatisation.

Cette règle s'appliquerait aussi aux foyers et aux sociétés privées, bien qu'il semble difficile d'en surveiller l'application.

Cette mesure pourrait faire économiser quatre milliards de m3 de gaz par an, soit environ 14% du gaz importé de Russie, selon le quotidien La Stampa.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.