Ukraine: poursuite des combats, les espoirs de trêve s'envolent

Une femme réagit devant des immeubles d'habitation détruits après un bombardement dans le quartier d'Obolon, au nord-ouest de Kiev, en Ukraine, le 14 mars 2022. (AFP).
Une femme réagit devant des immeubles d'habitation détruits après un bombardement dans le quartier d'Obolon, au nord-ouest de Kiev, en Ukraine, le 14 mars 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 23 avril 2022

Ukraine: poursuite des combats, les espoirs de trêve s'envolent

  • Alors que la guerre entrera dimanche dans son troisième mois, le nombre de réfugiés fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU
  • A Marioupol, une tentative d'évacuation de civils est prévue vers la mi-journée, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk

ZAPORIJJIA : Les combats se poursuivent samedi en Ukraine, où les appels à une trêve à l'occasion de la fête orthodoxe de Pâques restent pour l'heure lettre morte, et une nouvelle tentative d'évacuation de civils à Marioupol a échoué.

Alors que la guerre entrera dimanche dans son troisième mois, le nombre de réfugiés fuyant l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.

Au moins six personnes, dont un enfant,  ont été tuées dans des frappes russes samedi sur la ville portuaire d'Odessa dans le sud, selon le service d'Etat ukrainien pour les situations d'urgence.

Le patriarche orthodoxe russe Kirill, allié du président russe Vladimir Poutine, a appelé à prier pour une "paix durable" sans évoquer l'idée d'une trêve pour le week-end pascal des chrétiens orthodoxes, dans un communiqué publié samedi par le Patriarcat de Moscou.

Redoutant des "provocations" lors des cérémonies pour la fête orthodoxe de Pâques qui attirent habituellement les foules, les autorités ukrainiennes ont appelé samedi les fidèles à suivre en ligne les services religieux.

A Marioupol, port stratégique du Sud-Est de l'Ukraine en grande partie détruit par des semaines de bombardements, une nouvelle tentative d'évacuation de civils vers la ville de Zaporijjia a échoué, a indiqué samedi un adjoint au maire de Marioupol sur son compte Telegram. 

Selon Petro Andriouchtchenko, quelque 200 habitants avaient commencé à se rassembler pour être évacués lorsqu'ils ont été "dispersés" par l'armée russe. Certains auraient été ensuite contraints de monter dans des bus en partance pour une localité occupée par les Russes, à 80 km au nord.

Plusieurs couloirs humanitaires ont déjà dû être annulés en dernière minutes à Marioupol. Moscou et Kiev se sont rejetés la responsabilité de ces échecs.

A Boutcha, l'expérience de la douleur au secours des familles ayant perdu leurs proches

Elle a perdu son mari en 2014 dans les combats contre les séparatistes prorusses du Donbass. Aujourd'hui, Mikhailina Skoryk-Chkarivska, conseillère municipale de Boutcha, utilise son expérience du malheur pour soutenir les familles cherchant leurs proches dans les morgues d'une région devenue symbole des horreurs de l'invasion russe de l'Ukraine. 

"Je ressens la douleur de ces gens", indique Mme Skoryk-Chkarivska à l'AFP devant la morgue de Boutcha, en plein travail. C'est dans cette localité de la périphérie nord-ouest de Kiev que furent découverts début avril les corps de 20 civils gisant en pleine rue, suscitant un émoi international.

"Pour moi, c'est très personnel, je comprends combien c'est important pour les familles d'être sûres et de pouvoir enterrer" leurs proches, explique cette femme dont le mari a péri il y a huit ans dans la bataille particulièrement sanglante d'Ilovaïsk, tandis qu'un chariot-élévateur apporte à la morgue des sacs noirs ou blancs contenant des corps.

Les autorités ukrainiennes ont retrouvé plus de 400 corps à Boutcha depuis que l'armée russe s'est retirée de la région fin mars - tués par la guerre mais aussi morts d'autres causes. Débordée, la ville a sollicité l'aide de morgues des villes avoisinantes, compliquant les recherches des familles sans nouvelles de leurs proches. 

"Le problème est que les corps sont ailleurs, et les familles sont ici", dit Mme Skoryk-Chkarivska, expliquant que certains corps étaient ensuite rapportés à Boutcha pour identification. 

«Les corps morts ne m'effraient plus»

Nadia Kovalenko a perdu sa fille Inna, âgée de 45 ans, tuée le 19 mars par une frappe alors qu'elle était partie chercher de l'eau pour sa famille. 

Tandis que les combats faisaient rage, des parents lui ont d'abord fait une sépulture provisoire.

Après le départ des troupes russes, les autorités ont exhumé son corps, pour l'examiner puis pouvoir l'enterrer définitivement. Mais il a fallu du temps à sa mère pour le retrouver.

"J'ai dû venir peut-être quatre fois de suite, et il y avait une queue" de gens qui attendaient, a expliqué Mme Kovalenko. "On a attendu et on l'a trouvée. Et hier on l'a enterrée".

Secouée par les sanglots, elle étreint Mme Skoryk-Chkarivska. "C'est fini. Vous avez fait tout ce que vous pouviez", lui souffle cette dernière.

Mais pour d'autres familles, les recherches ne sont pas terminées.

"Je suis venue aujourd'hui, et ça fait déjà deux semaines que je viens, pour examiner les corps et trouver mon mari", dit Tania Boïkiv, 52 ans, équipée de masque et de gants pour rechercher son époux parmi les cadavres. 

Elle dit que les troupes russes ont emmené et détenu son mari dans un autre village pendant deux semaines, avant de le battre à mort au moment de leur retrait.

L'une de ses seules pistes est une photo d'un mort prise par un prêtre, sur laquelle elle pense avoir reconnu son mari.     

"C'est la chose la plus terrible de ma vie que mon mari, l'être aimé, soit parti. Je ne connais rien de pire", dit Mme Boïkiv. "Les corps morts ne m'effraient plus, comparés à cette tragédie. Ce serait une consolation de pouvoir l'enterrer et se rendre sur sa tombe". 

Moscou avait assuré jeudi avoir "libéré" Marioupol et M. Poutine avait ordonné d'assiéger, sans assaut, le complexe métallurgique Azovstal où sont retranchés des combattants ukrainiens. Ces derniers "tiennent bon" dans l'usine où se trouvent également des civils, a rétorqué Kiev vendredi.

Cette semaine a débuté la "deuxième phase de l'opération spéciale" lancée en Ukraine le 24 février par Moscou. "L'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a affirmé vendredi un haut responsable militaire russe.

«Ils bombardent tout»

Les troupes russes, qui se sont retirées fin mars de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, occupent déjà une grande partie de l'est et du sud du pays.

Il s'agit désormais d'"assurer un couloir terrestre" vers la Crimée et un accès à la Transdniestrie, région moldave prorusse où se trouve une garnison russe, a détaillé le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie.

Samedi matin, l'armée russe a dit avoir procédé durant les dernières 24 heures à 1.098 frappes avec de l'artillerie et des roquettes.

"Ils bombardent littéralement tout (...) tout le temps, H24", a écrit sur sa chaîne Telegram le gouverneur de la région de Lougansk (est), Serguiï Gaidai, appelant la population à évacuer. Il a ensuite annoncé deux morts et deux blessés à Zolote après des tirs d'artillerie russe.

Egalement dans l'est, le gouverneur de Kharkiv, Oleg Synegoubov, a annoncé sur Telegram la reprise par les forces ukrainiennes "après de longs combats acharnés" de trois villages au nord de Kharkiv dont l'un, Proudïanka, est à une quinzaine de kilomètres de la frontière russe.

Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dans des bombardements russes à Kharkiv, selon M. Synegoubov.

Selon le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Kharkiv reste "partiellement bloquée" par les forces russes, notamment présentes au nord-ouest et qui "renforcent leurs positions" au sud de la ville.

Dans le Donbass, les troupes russes "concentrent leurs efforts dans la zone entre Slaviansk-Kramatorsk", conurbation située dans l'oblast de Donetsk, a annoncé Oleksiy Arestovytch, conseiller de la présidence ukrainienne. Plus au sud, elles "essaient de poursuivre leurs offensive sur la ville de Houliaïpole", dans l'oblast de Zaporojie, à mi-chemin entre la ville éponyme et Marioupol.

Entre les villes de Mykolaïv et Kherson, proches de la mer Noire, "l'ennemi tente d'améliorer ses positions tactiques et consolider" son contrôle sur "les frontières administratives de la région de Kherson, selon l'armée ukrainienne.

Kherson est la seule capitale administrative capturée par les Russes lors des premiers jours de l'invasion.

«Armes nécessaires»

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, les forces ukrainiennes continuent "de contenir les attaques des envahisseurs russes" dans l'est et le sud et le "défi numéro un" est actuellement "de fournir à nos militaires toutes les armes nécessaires".

Les autorités ukrainiennes, qui ont obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, assurent qu'elle peuvent repousser l'armée russe hors de leur sol mais ont réclamé une trêve pascale. Celle-ci a été "rejetée" par Moscou, avait pesté jeudi M. Zelensky. 

Le président du Conseil européen Charles Michel a demandé vendredi à M. Poutine de garantir des corridors humanitaires à Marioupol, à l'occasion dimanche des fêtes de Pâques orthodoxe.

Le Kremlin a affirmé cependant que Kiev refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents à Azovstal, alors que l'armée russe se disait prête à observer "à tout moment" une trêve "sur tout ou partie" de ce site pour permettre l'évacuation de civils et la reddition de combattants.

L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes "pouvant relever de crimes de guerre". Le chef de l'ONU Antonio Guterres se rendra mardi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, et dans la foulée en Ukraine pour voir M. Zelensky.

La société américaine Maxar Technologies a diffusé des images satellite révélant, selon elle, "l'existence d'un deuxième cimetière qui s'est étendu au cours du dernier mois", à Vynohradne, à une douzaine de kilomètres de Marioupol. 

Fosses communes

Un premier ensemble de possibles fosses communes avait été récemment mis au jour à Manhush (ouest de Marioupol).

Vendredi, la Russie a reconnu pour la première fois des pertes sur son croiseur Moskva, navire-amiral de la flotte de la mer Noire qui a coulé le 14 avril, avec un marin mort et 27 portés disparus.

Le naufrage du Moskva est largement considéré comme une humiliation pour la Russie et même des commentateurs pro-Kremlin ont réclamé des explications. 

Moscou affirme que le navire a sombré à cause de l'explosion de munitions à bord et de mauvaises conditions météo ayant contrecarré les opérations de remorquage. L'Ukraine dit avoir coulé le bâtiment avec des missiles.

Les capitales s'attendent à un conflit appelé à durer. Washington a invité vendredi 40 pays alliés à se retrouver en Allemagne mardi pour discuter des besoins sécuritaires à long terme de l'Ukraine.


Russie: le soldat américain arrêté pour «vol» placé en détention jusqu'au 2 juillet

Le Pentagone a déclaré que le soldat américain Gordon Black avait non seulement enfreint les règles de l'armée en se rendant sans autorisation dans la ville russe de Vladivostok, mais qu'il l'avait fait après avoir traversé la Chine. (Gordon Black via Facebook/via Reuters)
Le Pentagone a déclaré que le soldat américain Gordon Black avait non seulement enfreint les règles de l'armée en se rendant sans autorisation dans la ville russe de Vladivostok, mais qu'il l'avait fait après avoir traversé la Chine. (Gordon Black via Facebook/via Reuters)
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  • La Maison Blanche a elle affirmé être «au courant» de la situation
  • Il risque jusqu'à cinq ans de prison, selon le code pénal russe

MOSCOU: Le soldat américain arrêté la semaine dernière en Extrême-Orient russe a été placé en détention préventive jusqu'au 2 juillet dans une affaire de "vol", a annoncé mardi un tribunal de Vladivostok.

"Le tribunal du district de Pervomaïskiï à Vladivostok a placé en détention le soldat américain Gordon Black jusqu'au 2 juillet en vertu de l'article pour +vol+", a indiqué sa porte-parole, Elena Oleneva, citée par l'agence de presse Ria Novosti.

Il risque jusqu'à cinq ans de prison, selon le code pénal russe.

La chaîne Telegram d'actualité Baza, réputée proche des forces de l'ordre, ainsi que le quotidien Izvestia ont expliqué que le soldat américain aurait rendu visite à sa petite amie russe à Vladivostok, avant "de la battre" et "lui voler 200.000 roubles (environ 2.000 euros, ndlr) et de l'alcool".

"Cette affaire n'est pas liée à la politique ou à de l'espionnage", a assuré mardi la représentation du ministère russe des Affaires étrangères à Vladivostok.

Lundi, une porte-parole de l'US Army, Cynthia Smith, a indiqué que ce soldat, déployé en Corée du Sud selon les médias américains, avait été arrêté "sur la base d'accusation d'infraction pénale", sans pouvoir fournir davantage de détails.

Au courant 

La Maison Blanche a elle affirmé être "au courant" de la situation.

Dans une affaire distincte, un autre citoyen américain a par ailleurs été condamné le 3 mai à une peine de dix jours de prison à Moscou pour "délit mineur", selon une notice sur le site des tribunaux de Moscou consultée mardi par l'AFP.

Selon l'agence Ria Novosti, cet individu se serait endormi dans une bibliothèque pour enfants en état d'ébriété.

Ces dernières années, plusieurs citoyens américains ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines en Russie. Washington, qui soutient militairement et financièrement l'Ukraine face à l'armée russe depuis plus de deux ans, accuse Moscou de vouloir les échanger contre des Russes détenus aux États-Unis.

Reporter au Wall Street Journal, Evan Gershkovich, qui a aussi travaillé pour l'AFP à Moscou par le passé, a été arrêté par les services de sécurité russes (FSB) lors d'un reportage à Ekaterinbourg, dans l'Oural, en mars 2023.

Il est accusé d'espionnage, un crime passible de 20 ans de prison, une peine d'une gravité inédite depuis la fin de l'URSS concernant un journaliste étranger.

Il rejette ces accusations, tout comme les États-Unis, son journal, ses proches et sa famille.

La Russie n'a jamais étayé ses accusations ni apporté publiquement d'éléments de preuve. L'ensemble de la procédure a été classée secrète.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est elle en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités russes.


Poutine, investi président, promet aux Russes la victoire

Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et le patriarche orthodoxe russe Kirill assistent à un service dans la cathédrale de l'Annonciation après la cérémonie d'investiture de Poutine au Kremlin de Moscou le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et le patriarche orthodoxe russe Kirill assistent à un service dans la cathédrale de l'Annonciation après la cérémonie d'investiture de Poutine au Kremlin de Moscou le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l'issue du conflit en Ukraine
  • Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte

MOSCOU: Vladimir Poutine a prêté mardi serment pour un cinquième mandat à la tête de la Russie, jusqu'en 2030, en promettant à ses compatriotes de vaincre "ensemble" en plein conflit armé contre l'Ukraine présenté comme existentiel.

Lors d'une cérémonie au Kremlin en présence de 2.500 invités, dont l'élite politique du pays et des soldats combattant en Ukraine, le président russe, 71 ans, a livré un court discours solennel.

"C'est un grand honneur, une responsabilité et un devoir sacré", a-t-il déclaré, en remerciant les "héros" qui combattent sur le front.

"Nous traverserons avec dignité cette période difficile et nous deviendrons encore plus fort", a ajouté le dirigeant russe, selon une journaliste de l'AFP présente sur place.

En pleine tension avec les Occidentaux, soutiens de Kiev contre l'offensive russe, il a assuré que Moscou ne refusait pas "le dialogue" avec ces derniers, mais que le "choix dépendait d'eux".

"Une discussion sur les questions de sécurité et de stabilité stratégique est possible (...) mais seulement sur un pied d'égalité, en respectant les intérêts de chacun", a-t-il affirmé.

La veille, il a ordonné la tenue d'exercices nucléaires près de l'Ukraine en réponse, selon le Kremlin, à des déclarations jugés menaçantes de dirigeants occidentaux, notamment celle du président français Emmanuel Macron sur le possible envoi de troupes en Ukraine.

"Nous sommes un peuple uni et grand, et ensemble nous surmonterons tous les obstacles (...) Ensemble nous gagnerons", a conclu Vladimir Poutine.

Il a ensuite assisté à une cérémonie religieuse en présence du patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin.

Pouvoir incontesté 

Le chef de l'État russe, aux commandes depuis près d'un quart de siècle, jouit d'un pouvoir incontesté en Russie après l'écrasement des voix dernières dissidentes dans la foulée du conflit en Ukraine.

Il rempile jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.

Son investiture est intervenue cette année à deux jours de l'anniversaire de la victoire soviétique du 9 mai contre l'Allemagne nazie, dont la célébration est un pilier de la politique de puissance de Vladimir Poutine, qui assure combattre en Ukraine des "néo-nazis".

La cérémonie coïncide aussi avec une situation plus favorable sur le front pour l'armée russe, qui avait subi d'humiliants revers au printemps et à l'automne 2022, lors des premiers mois de son attaque à grande échelle contre Kiev.

Ces dernières semaines, les assauts russes dans l'est de l'Ukraine ont augmenté en intensité et permis la prise progressive de plusieurs localités, en particulier dans la zone de la ville-clef d'Avdiïvka, conquise mi-février.

En face, les troupes de Kiev manquent de munitions et de recrues après leur contre-offensive infructueuse à l'été 2023. Elles attendent l'arrivée d'une nouvelle aide américaine, alors que l'industrie de défense russe tourne, elle, à plein régime.

«Ni paix, ni liberté»

Mi-mars, à l'issue d'un scrutin remporté officiellement avec plus de 87% des scrutins exprimés, Vladimir Poutine avait déjà dressé le portrait d'une Russie "unie" derrière lui et son armée.

Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte, quelques semaines après la mort en prison, le 16 février, du principal opposant russe, Alexeï Navalny.

En exil à l'étranger, la veuve de ce dernier, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a fustigé Vladimir Poutine dans une vidéo publiée mardi quelques minutes avant le début de la cérémonie d'investiture.

"Avec lui à la barre, notre pays n'aura ni paix, ni développement, ni liberté", a-t-elle affirmé.

Lundi, la diplomatie ukrainienne avait pour sa part estimé que cette investiture était destinée à donner "une illusion de légalité" au maintien au pouvoir de M. Poutine qui, selon Kiev, a transformé la Russie "en État agresseur" et "en dictature".

Les principaux membres de l'opposition russe sont désormais en exil ou en prison, tout comme des centaines de personnes ordinaires qui ont affiché leur opposition à l'offensive de Moscou contre son voisin ukrainien.

Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l'issue du conflit en Ukraine, très meurtrier, semble toujours incertaine.

L'inflation, tirée notamment par l'explosion du budget fédéral, liée aux dépenses militaires, reste persistante et inquiète la population, dont le pouvoir d'achat est déjà plombé par les effets des sanctions occidentales.

Et l'économie russe, toujours dépendante des revenus des hydrocarbures, doit également négocier un virage, revendiqué par Vladimir Poutine, vers l'Asie, même si les infrastructures nécessaires, coûteuses et longues à construire, manquent encore.


Biden va prononcer un discours axé sur la dénonciation de l'antisémitisme

Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
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  • Son silence pendant plusieurs jours avait attiré des critiques des camps républicain comme démocrate en pleine année électorale
  • Son adresse au Congrès se fait dans le cadre de la cérémonie annuelle des Jours du souvenir, organisée par le musée américain de l'Holocauste au Capitole

WASHINGTON: Joe Biden doit s'exprimer mardi lors d'une cérémonie de commémoration de l'Holocauste pour condamner l'antisémitisme, au moment où la tension demeure sur les campus américains autour d'une vaste mobilisation propalestinienne.

Depuis le Capitole, siège du Congrès américain à Washington, le discours du président américain intervient quelques jours après ses premières remarques sur les protestations estudiantines contre la guerre d'Israël à Gaza.

Son silence pendant plusieurs jours avait attiré des critiques des camps républicain comme démocrate en pleine année électorale.

Son adresse au Congrès se fait dans le cadre de la cérémonie annuelle des Jours du souvenir, organisée par le musée américain de l'Holocauste au Capitole. Le démocrate va se "réengager à tenir à l'esprit les leçons de ce chapitre sombre" de l'Histoire, selon la Maison Blanche.

«Hausse alarmante»

"Il évoquera les horreurs du 7 octobre, quand le Hamas a été à l'origine du jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l'Holocauste", a déclaré lundi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.

"Et il s'exprimera sur le fait que --depuis le 7 octobre-- nous avons constaté une hausse alarmante de l'antisémitisme aux Etats-Unis, dans nos villes, nos quartiers et nos campus", a-t-elle ajouté.

Des étudiants juifs s'alarment d'une augmentation des actes et de la rhétorique antisémite depuis le 7 octobre, et le président israélien Isaac Herzog a dénoncé la semaine dernière "des universités réputées" qui sont selon lui "contaminées par la haine".

Joe Biden "va réaffirmer que nous respectons et protégeons le droit fondamental qu'est la liberté d'expression, mais que l'antisémitisme ne doit être toléré ni sur les campus, ni ailleurs", a déclaré Karine Jean-Pierre.

Nombreux étudiants juifs ont pris part à la mobilisation propalestinienne contre les actions du gouvernement israélien.

Le président américain a évoqué lundi la question de l'antisémitisme lors d'un appel avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Appel au cours duquel Joe Biden a également réitéré sa "position claire" contre une offensive terrestre israélienne à Rafah, selon le compte-rendu de leurs échanges.

Les deux dirigeants ont discuté de l'"engagement partagé" des Etats-Unis et d'Israël à se souvenir des six millions de morts juifs du fait de l'Holocauste perpétré par les nazis" et "à agir avec force contre l'antisémitisme et toutes les formes de violence alimentées par la haine".

«L'ordre doit prévaloir»

Les campus américains sont secoués depuis plusieurs semaines par des manifestations s'opposant à la guerre menée par Israël à Gaza.

A travers le pays, la police a été appelée à plusieurs reprises pour démanteler des campements et déloger manu militari des manifestants.

L'université Columbia à New York, épicentre de ce mouvement estudiantin propalestinien, a annoncé lundi "renoncer" à sa cérémonie en grande pompe de remise de diplômes.

Le prestigieux établissement va privilégier des événements plus modestes pour des raisons de sécurité selon lui, après trois semaines de colère condamnée par Joe Biden et réprimée par la police.

A six mois de la présidentielle, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate a pris la parole la semaine dernière pour affirmer que "l'ordre devait prévaloir" sur les campus.

"Nous ne sommes pas un pays autoritaire qui réduit les gens au silence", a néanmoins assuré Joe Biden lors d'une courte allocution.

Auparavant, son adversaire républicain Donald Trump l'avait accusé d'inaction face au mouvement propalestinien. "Ce sont des tarés de la gauche radicale et il faut les arrêter maintenant", avait-il lancé à son arrivée à son procès à New York.