Ukraine: deux mois de guerre riches d'enseignements militaires

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec des médias internationaux dans une station de métro souterraine à Kiev le 23 avril 2022 (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec des médias internationaux dans une station de métro souterraine à Kiev le 23 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Ukraine: deux mois de guerre riches d'enseignements militaires

  • L'entrée en guerre ratée des Russes en Ukraine fondée sur des erreurs d'appréciation majeures a stupéfait les états-majors occidentaux
  • Le 24 février, l'offensive russe est lancée sur trois fronts simultanés, diluant les 150.000 soldats russes sur plusieurs axes de progressio

PARIS: Offensive initiale sur de multiples fronts sans conquête de la supériorité aérienne, colonnes de blindés sans appui, manque de coordination, résistance ukrainienne sous-estimée: l'entrée en guerre ratée des Russes en Ukraine il y a deux mois, fondée sur des erreurs d'appréciation majeures, a stupéfait les états-majors occidentaux.

De l'avis unanime des experts, l'objectif originel du président russe Vladimir Poutine était de décapiter rapidement le pouvoir ukrainien à l'aide d'une opération-éclair. Mais les moyens mis en oeuvre n'étaient pas calibrés pour affronter une forte résistance, qui n'avait pas été anticipée par les services de renseignement.

"Les dirigeants politiques russes ont imposé au commandement militaire un scénario absolument absurde selon lequel tout devait se passer comme pendant l'annexion (russe) de la Crimée en 2014", souligne l'expert militaire russe Alexandre Khramtchikhine. "On prétendait que les militaires russes seraient accueillis comme des libérateurs dans toute l'Ukraine, sauf dans les territoires de l'ouest. Il est évident que le commandement militaire russe n'était pas prêt à une telle résistance de la part des Ukrainiens". 

"Les Russes ont complètement sous-estimé le rapport de force", renchérit Vincent Tourret, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). "La seule partie de l'opération qui a été pensée comme une opération de guerre était le raid sur l'aéroport d'Hostomel et la tentative de décapitation du pouvoir ukrainien. Les autres troupes russes sont rentrées dans le pays comme si elles allaient en prendre possession, avec un nombre trop élevé d'objectifs qui les a complètement dispersées sur l'étendue du territoire".

Le 24 février, l'offensive russe est lancée sur trois fronts simultanés, diluant les 150.000 soldats russes sur plusieurs axes de progression: au Nord vers la capitale Kiev, à l'Est et dans le Sud.

Maîtrise du ciel, le b.a.-ba 

Mais les forces russes se déploient au sol sans que Moscou ait obtenu au préalable la maîtrise du ciel, en dépit des 500 aéronefs mobilisés. Une erreur majeure, selon tous les spécialistes. "La conquête de la supériorité aérienne est le b.a.-ba qui conditionne tout le reste dans un conflit moderne. Ils auraient dû terrasser la chasse ukrainienne, les radars, les systèmes sol-air, les pistes d'atterrissage", s'étonne un pilote français sous couvert d'anonymat.

Sur le terrain, la manoeuvre terrestre est confuse, révélant les défaillances de la chaîne de commandement et des lacunes d'entraînement. Des unités d'élite sont parachutées sur l'aéroport de Hostomel, près de Kiev, sans appui aérien, tandis que de longues colonnes de blindés russes avancent parfois sans couverture, vulnérables aux frappes ukrainiennes lancées depuis le sol ou dans les airs, à l'aide de drones tactiques turcs Bayraktar. 

En deux mois, les Russes ont perdu plus de 500 chars et plus de 300 véhicules blindés, selon le blog spécialisé Oryx qui recense les pertes matérielles en Ukraine sur la base de photos ou vidéos recueillies sur le champ de bataille.

"Cela ne signifie pas la fin de l'ère des chars", fait valoir William Alberque, expert militaire à l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres. "Mais les véhicules blindés fonctionnent bien lorsqu'ils sont combinés avec de l'artillerie, de l'infanterie et de l'appui aérien", ce qui a fait défaut dans la première phase de la guerre en Ukraine. 

«Bataille des routes»

La chaîne logistique a du mal à suivre. Les nombreuses frappes russes, elles, manquent de précision: selon Washington, seules 50% des frappes de missiles de croisière atteignent la cible visée.

A l'inverse, "les Ukrainiens se sont remarquablement préparés. Ils ont monté une véritable opération de diversion" en ne cherchant pas à défendre leurs frontières, à portée des tirs d'artillerie, diluant à la place leurs moyens sol-air et leur aviation sur le territoire, et se regroupant dans les villes pour compliquer l'offensive russe, fait valoir une source militaire européenne. 

Au bout d'un mois, après avoir échoué à encercler et faire tomber Kiev, Moscou décide de changer de stratégie et de se focaliser sur la conquête de la région du Donbass, située à l'Est et frontalière de la Russie.

Depuis, "nous assistons à une certaine consolidation" des efforts militaires russes, avec "un commandement unifié et un objectif plus cohérent", constate William Alberque, de l'IISS, qui prédit toutefois une âpre bataille sur un terrain difficile parsemé de cours d'eau et de forêts.

"Les Ukrainiens ont l'avantage sur ce terrain. Ils vont mener une bataille des routes pour compliquer la manoeuvre et l'approvisionnement russe", commente un haut gradé français, tout en notant que Kiev fait désormais face à des lignes d'approvisionnement très étirées, alors que les armes fournies par les Etats-Unis et l'Europe viennent de l'ouest. 


Ukraine: des attaques russes font un mort et deux blessés dans la région de Kherson

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe après la signature d'un accord sur la création d'un tribunal spécial chargé de juger les hauts responsables de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au Conseil de l'Europe à Strasbourg, dans l'est de la France, le 25 juin 2025. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux membres de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe après la signature d'un accord sur la création d'un tribunal spécial chargé de juger les hauts responsables de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au Conseil de l'Europe à Strasbourg, dans l'est de la France, le 25 juin 2025. (AFP)
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  • Les villes ukrainiennes sont ciblées quotidiennement par des frappes russes, tandis que les troupes russes grignotent depuis des semaines du terrain dans la région de Soumy (nord-est de l'Ukraine)
  • Sur le plan diplomatique, les pourparlers sont dans l'impasse, malgré la pression des Etats-Unis. Moscou exige notamment que Kiev lui cède quatre régions entières (Kherson, Donetsk, Lougansk, Zaporijjia), en plus de la Crimée annexée

KIEV: Des attaques aériennes russes ont fait un mort et deux blessés en Ukraine, dans la région méridionale de Kherson, ont annoncé les autorités locales jeudi matin.

Dans le village de Tavriyske, une frappe aérienne russe a tué un habitant né en 1987, a annoncé le gouverneur Oleksandr Prokoudine sur Telegram.

Selon l'administration militaire régionale, "des bombes guidées ont touché un immeuble résidentiel", blessant un autre homme, âgé de 34 ans, qui se trouvait à son domicile.

Par ailleurs, dans le district de Korabelny, un bombardement russe nocturne a blessé une septuagénaire, qui a été prise en charge par les secours, a rapporté la municipalité de Kherson sur Telegram.

Les villes ukrainiennes sont ciblées quotidiennement par des frappes russes, tandis que les troupes russes grignotent depuis des semaines du terrain dans la région de Soumy (nord-est de l'Ukraine).

Sur le plan diplomatique, les pourparlers sont dans l'impasse, malgré la pression des Etats-Unis. Moscou exige notamment que Kiev lui cède quatre régions entières (Kherson, Donetsk, Lougansk, Zaporijjia), en plus de la Crimée annexée, des demandes jugées inacceptables par l'Ukraine.

Le président Volodymyr Zelensky a signé mercredi un accord avec le Conseil de l'Europe pour instituer un tribunal spécial, dans l'objectif de poursuivre et juger les responsables du "crime d'agression contre l'Ukraine".


Trump affirme que les Etats-Unis auront des discussions avec l'Iran «la semaine prochaine»

Une image satellite montre une vue rapprochée des bâtiments détruits du Centre de technologie nucléaire d'Isfahan, après qu'il ait été frappé par des frappes aériennes américaines, le 22 juin. (Reuters/MAXAR)
Une image satellite montre une vue rapprochée des bâtiments détruits du Centre de technologie nucléaire d'Isfahan, après qu'il ait été frappé par des frappes aériennes américaines, le 22 juin. (Reuters/MAXAR)
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  • Donald Trump a affirmé mercredi que les Etats-Unis auraient des discussions avec l'Iran "la semaine prochaine"
  • "Nous allons parler la semaine prochaine avec l'Iran, nous pourrions signer un accord, je ne sais pas"

LA HAYE: Donald Trump a affirmé mercredi que les Etats-Unis auraient des discussions avec l'Iran "la semaine prochaine", évoquant un possible accord au sujet du programme nucléaire de Téhéran.

"Nous allons parler la semaine prochaine avec l'Iran, nous pourrions signer un accord, je ne sais pas", a dit le président des Etats-Unis lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet de l'Otan à La Haye.

 

 


Trump juge que l'Iran et Israël sont «fatigués, épuisés» par la guerre

L'Iran et Israël sont "fatigués, épuisés" par la guerre, a affirmé mercredi le président américain Donald Trump à La Haye. (AFP)
L'Iran et Israël sont "fatigués, épuisés" par la guerre, a affirmé mercredi le président américain Donald Trump à La Haye. (AFP)
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  • L'Iran et Israël sont "fatigués, épuisés" par la guerre, a affirmé mercredi le président américain Donald Trump à La Haye
  • "J'ai parlé aux deux et ils sont fatigués, épuisés"

LA HAYE: L'Iran et Israël sont "fatigués, épuisés" par la guerre, a affirmé mercredi le président américain Donald Trump à La Haye.

Interrogé sur le fait de savoir si le conflit entre les deux pays était maintenant terminé, M. Trump a répondu devant la presse : "J'ai parlé aux deux et ils sont fatigués, épuisés". "Ils se sont battus très, très durement et vraiment méchamment, et ils étaient tous les deux contents de rentrer chez eux et de s'en sortir", a ajouté le président américain devant la presse, à l'issue du sommet de l'Otan.