Climat: un défi immense pour Macron sous l'œil de militants sceptiques

Des militants de Greenpeace bloquent l'entrée du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville, en Normandie, pour protester contre «l'irresponsabilité» des candidats pro-nucléaires à la présidentielle 2022. (Samir Al-Doumy/AFP)
Des militants de Greenpeace bloquent l'entrée du réacteur nucléaire de troisième génération EPR de Flamanville, en Normandie, pour protester contre «l'irresponsabilité» des candidats pro-nucléaires à la présidentielle 2022. (Samir Al-Doumy/AFP)
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Publié le Lundi 25 avril 2022

Climat: un défi immense pour Macron sous l'œil de militants sceptiques

  • Après une campagne de premier tour dont l'environnement et le climat ont été quasi absents, le président sortant a joué dans l'entre deux tours la carte écolo
  • Un des défis majeurs du nouveau quinquennat sera de mettre la France sur une trajectoire permettant d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990

PARIS : Emmanuel Macron s'est engagé à aller «deux fois plus vite» pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais après sa réélection, les défenseurs du climat, quoique soulagés, attendent des actes pour le croire.

Après une campagne de premier tour dont l'environnement et le climat ont été quasi absents, le président sortant a joué dans l'entre deux tours la carte écolo. Véritable engagement ou «simplement une façon d'aller chercher les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ?», s'interroge le militant et réalisateur Cyril Dion, pas rassuré.

«Il n'a pas vraiment tenu parole jusqu'à maintenant sur les engagements qu'il avait pris», déclare l'ancien garant de la Convention citoyenne pour le climat.

«On a évité le pire» avec Marine Le Pen qui laissait craindre une «grosse marche arrière» sur le climat, estime de son côté le patron de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Mais «le bilan d'Emmanuel Macron plaide contre lui».

Réduire les émissions

Un des défis majeurs du nouveau quinquennat sera de mettre la France sur une trajectoire permettant d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990.

Le Conseil d'Etat a été clair, la France n'en fait pas assez. Il avait donné neuf mois à l'Etat pour agir, et après l'expiration du délai fin mars, il devrait se prononcer à nouveau sur ce dossier dans les prochains mois.

«Je veux aller deux fois plus vite dans le quinquennat qui vient», a toutefois assuré Emmanuel Macron, annonçant son intention de charger le Premier ministre d'une «planification» écologique, concept cher à Jean-Luc Mélenchon.

Pour prouver cette ambition, il faut des actes, plaident les militants écologistes. Relever l'ambition de réduction des émissions, avec «un plan qui détaille de façon extrêmement précise le moyen d'y arriver serait déjà un bon pas», suggère Cyril Dion.

Mais pour ce nouveau quinquennat, entre «inaction» et risque de «convulsion sociale», «la ligne de crête est étroite», notait récemment Thierry Pech, du centre de réflexion Terra Nova, soulignant la nécessité de concilier «impératifs écologiques» et «difficultés matérielles des ménages».

Energie

Grâce à la planification, Emmanuel Macron espère «réaliser un effort sans précédent de sobriété, pour baisser de 40% notre consommation d'ici 2050».

Son programme s'appuie largement sur le nucléaire pour décarboner la production d'électricité, avec la construction de 6 à 14 réacteurs de nouvelle génération (EPR). Il promet également l'implantation de 50 parcs éoliens en mer d'ici à 2050 et de décupler la puissance solaire.

Des «objectifs insuffisants» pour les renouvelables, selon le Réseau Action Climat (RAC), pour qui les nouvelles centrales nucléaires arriveront «trop tard» pour réduire les émissions.

Transports, agriculture, logement...

Au-delà de l'énergie, la baisse drastique des émissions passe forcément par une transformation de tous les secteurs, comme l'a souligné le récent rapport des experts climat de l'ONU (Giec).

Le programme d'Emmanuel Macron évoque notamment la rénovation énergétique de 700.000 logements par an, un renforcement des infrastructures cyclables, une offre de location de véhicules électriques et hybrides à moins de 100 euros par mois, et une «3e révolution agricole».

Un programme agricole «très inquiétant», «focalisé sur les innovations technologiques» et non la transition vers une agriculture respectant l'environnement, juge Anne Bringault, du RAC.

Des voitures propres en «leasing», c'est en revanche «plutôt une bonne mesure», indique-t-elle, regrettant toutefois que la France «freine» le plan de la Commission européenne de mettre fin aux ventes de voitures thermiques d'ici à 2035.

Pollution

Alors que la limitation des voitures essence et diesel serait bénéfique aussi pour la santé publique, la pollution de l'air responsable de 40.000 morts prématurées par an en France est aussi sur la table.

Le Conseil d'Etat a condamné en août dernier l'Etat à payer 10 millions d'euros pour n'avoir pas renforcé suffisamment son dispositif.

Ce sujet a été largement absent de la campagne, comme les autres pollutions ou encore le déclin de la biodiversité.

Emmanuel Macron s'est bien engagé à planter 140 millions d'arbres d'ici à 2030. Mais Greenpeace est tout aussi «pessimiste» sur ses engagements envers la nature qu'envers le climat.

«Pour l'instant on n'a rien qui nous prouve qu'Emmanuel Macron numéro 2 va être meilleur qu'Emmanuel Macron numéro un», souligne Jean-François Julliard. «On jugera sur pièce».


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.