Macron 2: un rôle de médiateur au Moyen-Orient?

Emmanuel Macron ne disposera sans doute pas des amis qu’il souhaite comme lors de son premier mandat (Photo, AFP).
Emmanuel Macron ne disposera sans doute pas des amis qu’il souhaite comme lors de son premier mandat (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 18 mai 2022

Macron 2: un rôle de médiateur au Moyen-Orient?

Macron 2: un rôle de médiateur au Moyen-Orient?
  • Il ne sera guère aisé pour M. Macron, qui entamera à la mi-mai son second mandat de cinq ans, de gouverner la France en suivant la politique qu’il a adoptée
  • La dernière visite de M. Macron à Djeddah, au mois de décembre 2021, a marqué le départ d’une relation plus étroite entre Paris et Riyad sur plusieurs sujets régionaux

S’il est exact que la victoire d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen est sans appel, il est également vrai qu’il ne sera guère aisé pour M. Macron, qui entamera à la mi-mai son second mandat de cinq ans, de gouverner la France en suivant la politique qu’il a adoptée durant son premier quinquennat ni en suivant son programme électoral.

Dès le soir de sa victoire, il annonçait que le nouveau mandat ne s’inscrirait pas dans la continuité, mais plutôt dans le changement et le rassemblement de tous les Français. Le président réélu est tout à fait conscient que son élection avec plus de 58% des suffrages au second tour ne représente pas un ralliement inconditionnel à son camp; c’est la raison pour laquelle les élections législatives, qui dessineront la topographie du pouvoir parlementaire, sont particulièrement attendues.

En d’autres termes, Emmanuel Macron ne disposera sans doute pas des amis qu’il souhaite comme lors de son premier mandat. Il sera sans nul doute fort difficile de gouverner la France, de prendre des décisions. En raison du bouleversement de l’échiquier politique français lié à l’effondrement des partis historiques qui ont gouverné la France pendant presque six décennies, la mission de M. Macron s’annonce tout à fait délicate.

Mettons la politique interne de côte et essayons d’analyser les contours de sa politique étrangère, qui fera partie, quelle que soit l’issue des élections législatives, du champ présidentiel avec la politique de défense. Naturellement, une assemblée nationale au sein de laquelle le président détiendrait une majorité conviendrait davantage à tous les niveaux.

Je vous propose de regarder de plus près ce que pourrait être la politique du président Macron au Moyen-Orient dans les cinq années qui viennent.

Il y a fort à parier qu’elle se concentrera sur deux axes principaux:

En ce qui concerne le monde arabe, M. Macron prolongera vraisemblablement sa politique actuelle: un rapprochement accru avec les pays du golfe Arabique, ainsi qu’avec l’Égypte et l’Irak (sous Moustafa al-Kazimi). Les liens avec tous les membres du conseil de coopération des pays du golfe (CCG) sont actuellement au beau fixe. Paris continuera de s’investir dans ces relations, notamment avec l’Arabie saoudite. La dernière visite de M. Macron à Djeddah, au mois de décembre 2021, a marqué le départ d’une relation plus étroite entre Paris et Riyad sur plusieurs sujets régionaux comme le Liban et le Yémen.

Au Liban, nous ne devrions pas observer de changement de cap. L’initiative Macron n’est plus ce qu’elle était. Paris mise sur un rôle de médiateur qui a pour objectif d’établir un équilibre d’influence entre l’Iran et les pays du Golfe. Il n’est pas assuré que cette stratégie soit couronnée de succès. Le Liban se prépare à des élections parlementaires en mai, qui seront suivies par la présidentielle en octobre. À Beyrouth, rien n’est certain, sinon que la crise sans précédent que connaît le pays du Cèdre perdurera.

En ce qui concerne l’Iran, Emmanuel Macron s’est toujours opposé au retrait des États-Unis de l’accord nucléaire de 2015, décidé sous la présidence de Donald Trump. En effet, Paris a conservé sa position, qui est favorable à une relance de l’accord. Avec l’élection de Joe Biden à la Maison Blanche, M. Macron a pris la tête du groupe «UE-3», qui regroupe les trois pays européens signataires de l’accord (France, Allemagne, Royaume-Uni), ouvrant la voie à des négociations depuis le mois d’avril 2021.

Paris mise, en accord avec Washington, sur la reprise de l’accord de 2015. Le potentiel économique iranien après la signature de l’accord et la levée des sanctions américaines intéresse beaucoup M. Macron. En outre, il pense se positionner comme force de médiation entre les deux camps régionaux qui s’affrontent de l’Irak au Yémen, en passant par la Syrie, le Liban et Gaza. En somme, fidèle à la méthode Macron, Paris s’infiltrera là où Washington est absent ou en recul.

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. 

Twitter: @AliNahar

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.