Quiconque suit l'évolution de la situation militaire entre le Hezbollah et Israël découvrira sans difficulté que les affrontements qui ont débuté le 8 octobre dernier à l'initiative du Hezbollah commencent à ressembler à une véritable guerre. Le rythme des affrontements entre les deux partis s'est accru. Elle s'est également étendue et a augmenté en intensité au point qu'au cours des derniers jours et jusqu'à hier, elle a atteint le seuil d’une guerre ouverte. Quand nous parlons de seuil de guerre, nous entendons la guerre généralisée dont ni le Hezbollah ni Israël ne sont loin. Avec l'escalade c’est un embrasement général que l’on craint. les échanges de frappes entre les deux parties, on redoublés de violence, car il semblerait à première vue que cette fois-ci, toute retenue avaient été complètement levée de part et d’autre, et qu’Israël et le Hezbollah sont partis pour une longue et dangereuse confrontation.
Il faut rappeler que la riposte du Hezbollah la semaine dernière à l'assassinat d'Abou Taleb, l'un de ses plus hauts commandants militaires sur le terrain, était violente mais contenue. Pour leur part les Israéliens tenaient à ne pas franchir la ligne rouge. Mais la source de l’inquiétude serait l’accumulation et la tendance à la hausse de d’intensité des frappes entre les deux partis. Or malgré la volonté du Hezbollah et d'Israël d'éviter de tomber dans l'interdit, la poursuite de la guerre d'usure mutuelle, ainsi que le blocage de tout horizon politique pour mettre fin à la guerre à Gaza, accentuent le risque qu'une erreur majeure soit commise par l'un ou l'autre des deux parties. Ou que les règles d'engagement dynamiques actuelles pour l'une d'entre elles ne changent soudainement. Ceci pourrait déclencher une guerre majeure qui n'était pas prévue au départ.
Le plus important ici est peut-être que les parties concernées surveillent attentivement le déclin progressif de l'intérêt de l'administration américaine pour la guerre à Gaza. D’abord parce que celle-ci a perdu d’importance en tant qu'élément de la campagne électorale au profit de questions internes plus importantes pour la guerre. L’électeur américain en général serait principalement intéressé à l'approche des élections primaires par les questions d’ordre économique, ainsi que de l’immigration. Les deux candidats en vue et en lice pour la présidentielle serait absorbes par la politique intérieure. De quoi restreindre la marge de manœuvre du président américain sortant et de son administration. La campagne électorale aurait pour effet de limiter la capacite de l’administration a exercer des pression sur les partis en conflit dans la région, notamment Israël. De quoi rendre le lobby pro-israélien en Amérique, étroitement lié à l’État profond américain, encore plus capable de défendre la position israélienne contre le mouvement Hamas et empêcherait l’administration Biden d’exercer davantage de pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu. D’où la gravité de la prochaine étape cet été. Il est devenu clair que la sortie de Benny Gantz du Conseil de guerre israélien n'a pas encore scellé le sort du gouvernement israélien, mais pourrait plutôt être un prélude à l'effondrement du Conseil de guerre israélien. Ce développement qui aurait un impact néfaste sur le front libanais. Le cabinet israélien perds ses gardes fous qu’imposait la présence de Gantz « ami » des États-Unis au sein du gouvernement de guerre.
Nous traversons au Liban une étape difficile et le pays du cèdre vacille entre le bord du gouffre et le gouffre lui-même. Le Liban est en effet menacé de se transformer en une arène de guerre régionale majeure entre la faction la plus proche de Téhéran et Israël, qui estime que la posture militaire du Hezbollah, à distance nulle de la frontière avec l’état hébreu, constitue une menace existentielle qui dépasse la menace la posture du « Hamas » dans la bande de Gaza. Il s’agit d’une situation très difficile à laquelle les Israéliens et l’Occident en général ne peuvent s’en accommoder. La force ou les capacités militaires du Hezbollah, qui ont commencé à se révéler au monde ces dernières semaines, et au lieu de constituer un avantage, pourraient, avec le temps, devenir son principal point de faiblesse, et peut-être la raison de sa fin. A ce niveau-là, la coexistence entre Israël et le Hezbollah ne durera pas longtemps. Si une guerre n’éclate pas dans le contexte de la guerre à Gaza, elle éclatera très probablement d’ici quelques années. Et elle sera encore plus dévastatrice.
Pour leur part les libanais ordinaires, se contentent de poser une seule question : N'est-il pas temps de mettre fin à cette guerre , qui constitue une menace plus grande pour le Liban que pour Israël ?
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. X: @AliNahar
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