Nouméa: Plusieurs milliers de personnes rassemblées pour réclamer le droit de vote

Quelques jours avant le referendum, les « non-citoyens » se rassemblaient pour faire entendre leur voix (Photo, Theo ROUBY/AFP).
Quelques jours avant le referendum, les « non-citoyens » se rassemblaient pour faire entendre leur voix (Photo, Theo ROUBY/AFP).
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Publié le Samedi 17 octobre 2020

Nouméa: Plusieurs milliers de personnes rassemblées pour réclamer le droit de vote

  • Quelque 41.000 personnes « non citoyennes » ne peuvent pas prendre part à ces scrutins, une résidence continue dans l’archipel depuis au moins novembre 1998 étant requise
  • « On représente des gens qui font vivre le pays, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas voter », a fustigé Alain, casquette tricolore sur la tête

NOUMÉA: Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant le haut-commissariat de la République à Nouméa, où le ministre des outre-mer est en quatorzaine en raison de la crise sanitaire, pour dénoncer les restrictions au droit de vote dans l'archipel en cours de décolonisation.

« Lecornu un rendez-vous ! », ont scandé les manifestants, estimés à 10 000 par l’association « un cœur, une voix » à l’origine du mouvement et par les forces de l’ordre.

Arborant des drapeaux bleu-blanc-rouge et chantant la Marseillaise à plein poumon, la foule voulait se faire entendre de Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer, en quatorzaine jusqu’au 23 octobre dans une dépendance du haut-commissariat, en vertu du protocole sanitaire en place dans l’île, où le coronavirus ne circule pas.

Il est à Nouméa pour tenter de renouer le dialogue entre loyalistes et indépendantistes, après le deuxième référendum sur l'indépendance du 4 octobre, remporté par les pro-français avec 53,3% des voix, en net recul par rapport au premier scrutin du 4 novembre 2018 (56,7%).

Le vote a électrisé le climat dans l’archipel à la paix fragile alors qu'un troisième référendum devrait avoir lieu d’ici 2022.

« On représente des gens qui font vivre le pays, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas voter », a fustigé Alain, casquette tricolore sur la tête.

Les manifestants protestaient contre les critères restrictifs inscrits dans l’accord de Nouméa (1998), constitutionnalisé, pour voter aux élections provinciales et qui fondent la citoyenneté calédonienne. Une résidence continue dans l’archipel depuis au moins novembre 1998 est notamment requise, de sorte que quelque 41.000 personnes « non citoyennes » ne peuvent pas prendre part à ces scrutins.

« Ces exclus du corps électoral sont des hommes et des femmes de toutes ethnies, de toutes catégories socio-professionnelles. Aujourd’hui, ce ‘gel’ du corps électoral n’est plus acceptable », a déclaré Raphaël Romano, président de l’association « un cœur, une voix ».

Plusieurs personnalités politiques locales, dont le président du gouvernement et du Rassemblement-LR, Thierry Santa, ont participé au mouvement.

Les manifestants ont également dénoncé le possible transfert à la Nouvelle-Calédonie de l’organisation juridique des collectivités, qui pourrait restreindre le corps électoral des municipales aux seuls citoyens et ont qualifié de « scandaleux » un projet de loi récemment déposé par les indépendantistes, visant à interdire aux non-citoyens d’acheter de l’immobilier ancien.

Également soumis à des restrictions, le corps électoral référendaire n’était pas directement dans le viseur des protestataires qui veulent en revanche « être associés aux négociations sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie avant ou après un éventuel troisième référendum ».

« Il faut qu’on sache à quelle sauce on va être mangé. En cas d’indépendance, les citoyens calédoniens deviendront des nationaux du nouvel Etat. Mais nous, on deviendrait des étrangers qui ont besoin d’un visa de résidence ? », s’est interrogé l’un des organisateurs.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.