La Nouvelle-Calédonie vote non à l’indépendance

Des partisans de l’indépendance agitent des drapeaux à Nouméa à l’issue des résultats du scrutin (Photo, Théo ROUBY/AFP).
Des partisans de l’indépendance agitent des drapeaux à Nouméa à l’issue des résultats du scrutin (Photo, Théo ROUBY/AFP).
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Publié le Dimanche 04 octobre 2020

La Nouvelle-Calédonie vote non à l’indépendance

  • Le non à l'indépendance est arrivé en tête avec 53,26 % des voix, mais perd plus de trois points par rapport au premier référendum du 4 novembre 2018
  • Les indépendantistes espèrent une victoire lors du troisième référendum, qui en vertu de l'accord de Nouméa, peut être organisé d'ici 2022

NOUMEA: La Nouvelle-Calédonie, archipel stratégique de 270.000 habitants dans le Pacifique-sud, a choisi une nouvelle fois de rester dans le giron français dimanche, malgré une progression du vote pour l'indépendance, lors d'un deuxième référendum d'autodétermination marqué par une mobilisation sans précédent.

Emmanuel Macron a dit accueillir le résultat « avec un profond sentiment de reconnaissance » et d' « humilité » lors d'une allocution solennelle depuis l'Elysée.

Le non à l'indépendance est arrivé en tête avec 53,26 % des voix, mais perd plus de trois points par rapport au premier référendum du 4 novembre 2018, où les pro-France l'avaient emporté avec 56,7% des voix, un résultat qui était à l'époque considéré comme plus serré qu'anticipé.

Ces résultats confortent les indépendantistes, qui bien que perdants, se réjouissent de cette progression. Elle leur fait espérer une victoire lors du troisième référendum, qui en vertu de l'accord de Nouméa, peut être organisé d'ici 2022.

« Si ce n'est pas aujourd'hui (que l'indépendance l'emporte, ndlr), ce sera au troisième référendum. On respecte le résultat de ce soir », a déclaré Pascal Sawa, maire de Houaïlou et membre de l'union calédonienne (FLNKS), sur Nouvelle-Calédonie la 1ere.

« Je ne suis pas satisfait de la tendance que nous avons ce soir, qui met en évidence à nouveau le clivage profond qui sépare la société calédonienne sur cette question fondamentale de l'indépendance », a déclaré le président du gouvernement, Thierry Santa (droite, loyaliste).

Dans ce territoire à 18.000 km de Paris, qui représente l'un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone après le Brexit, le scrutin a été marqué par un taux de participation historique de 85,64%, largement supérieur à celui du premier scrutin il y a deux ans (81%).

« Les résultats sont assez surprenants, avec des chiffres qui attestent d'une vraie progression du camp du oui, en hausse dans toutes les communes », analyse le docteur en géopolitique, Pierre-Christophe Pantz.

Dans la capitale Nouméa, fief loyaliste, le oui a ainsi augmenté de près de 4 points, pour atteindre 23,31%.

Près de 180.598 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, étaient invités à répondre à la question : « voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».

Dans les rues de Nouméa et dans les quartiers populaires à majorité kanak, les indépendantistes ont largement manifesté durant toute la journée et la soirée leur enthousiasme par des concerts de klaxons et des défilés de drapeaux. 

En revanche, l'ambiance était plus calme du côté des partisans de la France. 

Dans un bureau de vote du quartier populaire kanak de Montravel, au nord de Nouméa, Chanié, Kanak originaire de Lifou, en robe orange et coiffe en feuille de maïs, a fait le choix du oui, « parce que je veux que ceux qui vont diriger notre pays, ce soient nos enfants, et plus la France ».

Daniela attendait elle dès 7H30, devant les bureaux de vote à la Vallée des Colons, un quartier pluriethnique de Nouméa : « je vote ‘non’ car la France a toujours été là pour nous, elle le restera j'espère ».   

Tous les habitants du Caillou n'ont pas pu s'exprimer : le corps électoral de ce scrutin sensible est conditionné à plusieurs critères, comme justifier d'une résidence continue en Nouvelle-Calédonie depuis au moins le 31 décembre 1994, être natif de l'archipel ou relever du statut civil coutumier kanak.

Christophe, 57 ans, dont parents et grands-parents sont nés sur le Caillou, a choisi la France, estimant que « la Nouvelle-Calédonie n'était pas prête à être indépendante financièrement ».    

Guillaume Berger, un autre Caldoche, a lui opté pour le oui. « Notre présence ici sera remise en question si on n'est pas capable de construire l'indépendance avec les Kanak ». 

La consultation s'est déroulée sans mesures barrières ni masques, puisque l'archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.

Ce référendum, comme le premier, s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l'indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi-guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d'origine européenne.

Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts). 

Ces accords, consolidés dix ans plus tard par l'accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.

« Nous savons aujourd'hui que nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons devant nous deux années pour dialoguer et imaginer l'avenir et pas seulement l'avenir institutionnel », a souligné Emmanuel Macron, alors que le Premier ministre Jean Castex doit rapidement réunir tous les acteurs politiques calédoniens.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".