Christian Smalls, l'inattendu leader syndical qui veut bousculer Amazon

Christian Smalls, dirigeant du syndicat Amazon Labour Union, prend la parole lors d'un rassemblement avec des travailleurs d'Amazon devant le bâtiment de l'entreprise à Staten Island, New York (Photo, AFP).
Christian Smalls, dirigeant du syndicat Amazon Labour Union, prend la parole lors d'un rassemblement avec des travailleurs d'Amazon devant le bâtiment de l'entreprise à Staten Island, New York (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 mai 2022

Christian Smalls, l'inattendu leader syndical qui veut bousculer Amazon

  • Christian Smalls, 33 ans, sans emploi, travaillait dans l'entrepôt JFK8 jusque mars 2020
  • Avec l'apparition de l'épidémie de Covid-19, face à un virus encore peu connu et dévastateur, il s'insurge contre le manque de protections et appelle à une mini-grève

NEW YORK: Avec son blouson bariolé orné du slogan "mangez les riches", à quelques mètres de l'arrêt de bus où il a passé d'innombrables heures à tenter de convaincre les salariés d'Amazon de créer un syndicat, Christian Smalls est sollicité de toutes parts.

Le président de Amazon Labor Union (ALU), qui a créé la surprise début avril en devenant le premier syndicat de l'entreprise aux Etats-Unis, arpente le trottoir qu'il connaît si bien, le long de la route dans une zone industrielle de New York.

Il saura bientôt si, après l'entrepôt JFK8, il a convaincu les salariés du centre de tri situé de l'autre côté de la rue, LDJ5. Le vote a eu lieu du 25 au 29 avril, le dépouillement débutera lundi après-midi.

"Les ondes sont positives", assure-t-il.

A une semaine du résultat, des syndicalistes chevronnés veulent se prendre en photo avec lui, des journalistes l'assaillent de questions, des membres de son équipe l'interrogent sur l'organisation. Il vient de partager le podium avec deux stars de la gauche américaine, Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez, et se prépare à mener un nouveau rassemblement.

Christian Smalls, 33 ans, sans emploi, travaillait dans l'entrepôt JFK8 jusque mars 2020. 

Avec l'apparition de l'épidémie de Covid-19, face à un virus encore peu connu et dévastateur, il s'insurge contre le manque de protections et appelle à une mini-grève. 

La protestation ne rassemble pas les foules mais attire l'attention, au moins chez Amazon. Il sera licencié deux jours plus tard, officiellement pour ne pas avoir respecté les règles sanitaires. 

Repas, cannabis et brasero 

Selon un mémo interne ayant fuité peu après dans la presse, un haut responsable de l'entreprise dit de lui qu'il "n'est pas intelligent, ne sait pas s'exprimer clairement" et qu'il faudrait en faire "le visage de tout le mouvement syndicaliste". 

"C'est ce que je suis devenu", dit-il à l'AFP deux ans plus tard.

Entre-temps, il a manifesté devant plusieurs résidences du fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, pour défendre les droits des travailleurs essentiels. Il est aussi allé au printemps 2021 soutenir les militants tentant de monter un syndicat dans un entrepôt d'Amazon dans l'Alabama. 

C'est après ce voyage qu'avec une petite équipe, ils décident de tenter leur chance à New York, à leur façon, sans le soutien d'une organisation traditionnelle.

Christian Smalls sera le pilier de l'arrêt de bus, où il attend les changements d'équipes pour discuter avec les salariés. 

D'autres - son ami Derrick Palmer, quelques employés convaincus de l'intérêt du combat et une poignée d'activistes s'étant fait embaucher exprès chez Amazon pour participer à la lutte - oeuvrent dans les salles de pause.

Ils sont à l'écoute, expliquent inlassablement ce qu'est un syndicat, apportent à manger, distribuent un peu de cannabis. Pour toucher les équipes de nuit, ils allument parfois des braseros.

Les experts des mouvements de travailleurs leur accordent peu de chance.

Ils n'ont presque pas d'argent, disent-ils: avant le premier vote, ils ont récolté 120.000 dollars via des campagnes de financement sur internet et autres ventes de tee-shirts, quand Amazon a dépensé 4,3 millions pour contrer leur campagne. 

Avec l'aide d'un avocat bénévole, ils ont déposé officiellement leur demande pour l'organisation d'un vote après avoir obtenu la signature de 30% des salariés, quand les syndicats traditionnels attendent souvent d'en avoir au moins 50%.

Leur chef est inconnu. 

L'étincelle

Avec son style de rappeur, cet Afro-Américain "n'a pas l'air d'un leader syndical traditionnel", reconnaît Justine Medina, membre de ALU. 

Mais "il est brillant, il sait comment inspirer les gens, assigner les tâches qui correspondent à chacun, rassembler", dit-elle. Et toute l'attention médiatique "ne lui monte pas à la tête, il reste terre-à-terre", assure-t-elle. 

Pour fêter la victoire du syndicat le 1er avril, habillé en rouge de la casquette aux baskets, il est quand même sorti en bondissant de l'immeuble où avait lieu le dépouillement avant de faire jaillir du champagne. Et de remercier ironiquement Jeff Bezos d'être allé dans l'espace pendant qu'ils faisaient campagne sur Terre.

ALU est arrivé au bon moment. Après la pandémie et ses dures conditions de travail pour les travailleurs essentiels, en pleine période d'inflation, les salariés sont prêts à demander plus. Et sur un marché du travail tendu, ils savent que la balle est dans leur camp.

Starbucks, Apple, Alphabet font aussi face à des volontés de syndicalisation.

Christian Smalls espère lui que ALU "sera l'étincelle qui déclenchera tout un mouvement à Amazon".


TikTok sur la sellette au Congrès américain

Shou Chew, le patron de TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, est auditionné jeudi par des élus américains qui l'accusent de mettre en danger la sécurité nationale et la santé de ses utilisateurs, et l'ont en partie condamnée d'avance. (Photo, Reuters)
Shou Chew, le patron de TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, est auditionné jeudi par des élus américains qui l'accusent de mettre en danger la sécurité nationale et la santé de ses utilisateurs, et l'ont en partie condamnée d'avance. (Photo, Reuters)
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  • Tiktok, soupçonné par de nombreux gouvernements de donner accès aux données des utilisateurs à Pékin, risque l'interdiction totale aux Etats-Unis
  • La pression politique contre le très populaire réseau social est montée en flèche ces derniers mois des deux côtés de l'Atlantique

 

WASHINGTON: Shou Chew, le patron de TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, est auditionné jeudi par des élus américains qui l'accusent de mettre en danger la sécurité nationale et la santé de ses utilisateurs, et l'ont en partie condamnée d'avance.

Tiktok, soupçonné par de nombreux gouvernements de donner accès aux données des utilisateurs à Pékin, risque l'interdiction totale aux Etats-Unis.

"J'imagine que vous allez dire tout ce que vous pouvez aujourd'hui pour éviter ce résultat", a déclaré d'emblée Cathy McMorris Rodgers, la présidente de la puissante commission parlementaire de l'Energie et du Commerce.

"On ne vous croit pas", a-t-elle assené. "ByteDance est redevable au Parti communiste chinois et ByteDance et TikTok, c'est la même chose".

La pression politique contre le très populaire réseau social est montée en flèche ces derniers mois des deux côtés de l'Atlantique.

La Maison Blanche, la Commission européenne et les gouvernements canadien et britannique ont interdit à leurs fonctionnaires de l'utiliser. Mardi, la BBC a conseillé à son personnel de supprimer TikTok des téléphones professionnels.

De nombreux régulateurs soupçonnent l'application de donner accès à Pékin aux données des utilisateurs, ce qu'elle a toujours nié.

"Le gouvernement chinois ne possède pas et ne contrôle pas ByteDance. C'est une entreprise privée", a indiqué Shou Chew lors de ses remarques préliminaires

Aux Etats-Unis, la destruction en février d'un ballon chinois supposé espion a suscité un regain de tensions avec la Chine.

Plusieurs projets de loi sont dans les tuyaux pour interdire TikTok, utilisée par 150 millions de personnes tous les mois dans le pays (1 milliard dans le monde).

Cession 

La Maison Blanche a laissé entendre que si TikTok restait dans le giron de ByteDance, elle serait interdite.

Mais une cession, même si la maison-mère était d'accord, serait très compliquée. Le succès de la plateforme tient beaucoup à ses puissants algorithmes de recommandation, et "séparer l'algorithme entre TikTok et ByteDance relève de la chirurgie entre des jumeaux siamois", note l'analyste Dan Ives de Wedbush, pour l'AFP.

TikTok espère encore apaiser les autorités.

L'entreprise a déjà dépensé environ 1,5 milliard de dollars pour la mise en place du "Project Texas", qui consiste à n'héberger les données des utilisateurs américains qu'aux Etats-Unis, sur des serveurs du groupe texan Oracle.

"Plus tôt ce mois-ci, nous avons commencé à supprimer toutes les données américaines stockées sur des serveurs qui n'appartiennent pas à Oracle", a indiqué Shou Chew mercredi dans un document remis à la commission et publié sur son site.

Grâce à cette filiale ad hoc de TikTok, USDS, "il est impossible pour le gouvernement chinois d'y accéder ou de forcer (l'entreprise) à lui (en) donner l'accès".

"J'apprécie que M. Chew vienne répondre à des questions devant le Congrès, mais le manque de transparence de TikTok, les obstructions répétées et faits inexacts ont gravement sapé la crédibilité de toute déclaration par des employés de TikTok, y compris M. Chew", a déclaré le sénateur républicain Mark Warner dans un communiqué mercredi.

Censure 

Le patron singapourien, ancien étudiant de Harvard, va aussi faire face à des questions sur les responsabilités de TikTok concernant la santé mentale et physique des enfants et adolescents.

Et des élus craignent aussi que l'application ne serve de cheval de Troie au Parti communiste chinois pour manipuler l'opinion.

Elle participe au contraire au rayonnement culturel des Etats-Unis, assure TikTok. Selon l'entreprise, les utilisateurs américains représentent 10% de leur base mondiale, mais 25% des visionnages.

TikTok et plusieurs associations estiment qu'une interdiction complète - comme en Inde depuis 2020 - relèverait de la censure.

"Pourquoi autant d'hystérie autour de TikTok ?", a demandé mercredi soir le représentant démocrate Jamaal Bowman, lors d'une conférence de presse avec des créateurs de contenus venus défendre leur réseau préféré.

La plateforme présente les mêmes risques pour la confidentialité des données, l'addiction des utilisateurs ou la désinformation que "Facebook, Instagram, YouTube et Twitter", a fait valoir l'élu, appelant à une "conversation honnête sur tous les réseaux sociaux".


En Arabie saoudite, les loyers de biens immobiliers augmentent de 81%

Riyad se classe en première position avec le plus grand nombre de contrats de location en Arabie saoudite en 2022. (Shutterstock).
Riyad se classe en première position avec le plus grand nombre de contrats de location en Arabie saoudite en 2022. (Shutterstock).
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  • Djeddah se classe en deuxième position avec 357 000 unités résidentielles, soit une augmentation annuelle de 59%, et 108 000 unités commerciales, soit une augmentation de 84%.
  • Ejar est un système complet qui vise à développer le secteur du logement et de l’immobilier en Arabie saoudite, en mettant en place des solutions durables aux défis du marché immobilier

RIYAD: La valeur des contrats de location résidentielle et commerciale en Arabie saoudite a presque doublé l’an dernier pour atteindre 76 milliards de riyals saoudiens (1 riyal = 0,24 euro) contre 41,9 milliards de riyals saoudiens en 2021.

Selon les données de l’Autorité générale immobilière Ejar, la valeur totale des transactions de location commerciale s’élevait à 40,9 milliards de riyals saoudiens l’année dernière, tandis que celle des propriétés résidentielles a atteint 35,1 milliards de riyals saoudiens.

Dans le secteur résidentiel, la valeur totale des transactions en matière de location d’appartements a connu une augmentation annuelle de 76% en 2022, atteignant 29,6 milliards de riyals saoudiens.

La valeur totale des locations d’étages s’élève à environ 3,1 milliards de riyals saoudiens, soit une augmentation de 51% par rapport à 2021, tandis que la valeur totale des transactions en matière de villas a atteint 2,9 milliards de riyals saoudiens, soit une augmentation de 49%.

Les transactions commerciales en termes de magasins ont augmenté de 108% en valeur totale, atteignant 17,4 milliards de riyals saoudiens en 2022, tandis que la valeur totale des contrats de location d’espaces d’exposition et de bureaux a bondi de 157% et 77% pour atteindre 7,2 milliards de riyals saoudiens et 4 milliards de riyals saoudiens, respectivement.

En termes de villes, Riyad est arrivée en tête avec le plus grand nombre de transactions de location en 2022, d’un montant total de 24,7 milliards de riyals saoudiens, suivie de Djeddah avec 17 milliards de riyals saoudiens et La Mecque avec 4,9 milliards de riyals saoudiens.

En bas du classement, on retrouve Najran avec 249 millions de riyals saoudiens, Arar avec 226 millions de riyals saoudiens et Al-Bahah avec 148 millions de riyals saoudiens.

Riyad était la première ville avec 470 000 unités résidentielles et 181 000 unités commerciales en 2022.

Djeddah se classe en deuxième position avec 357 000 unités résidentielles, soit une augmentation annuelle de 59%, et 108 000 unités commerciales, soit une augmentation de 84%.

Le volume d’unités proposées à la location s’élevait à 3,2 millions en 2022, une augmentation annuelle de 53%, avec plus de 2,4 millions d’unités résidentielles. Le volume d’unités commerciales proposées à la location s’élevait à plus de 800 000 unités.

Ejar est un système complet qui vise à développer le secteur du logement et de l’immobilier en Arabie saoudite, en mettant en place des solutions durables aux défis du marché immobilier, capables de préserver les droits de toutes les parties concernées par le bail.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Autoroutes: Le Maire veut raccourcir la durée des concessions

Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à Bruxelles, le 13 mars 2023 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à Bruxelles, le 13 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • M. Le Maire a reconnu que les calculs de rentabilité pour les actionnaires faits lors de la privatisation des autoroutes en 2006 n'avaient pas été bons
  • «C'est la voie qui nous paraît juridiquement la plus solide et économiquement la plus prometteuse», a-t-il ajouté

PARIS: Le gouvernement a demandé au Conseil d'État de quelle manière il serait possible de raccourcir "de quelques années" la durée des concessions de certaines sociétés autoroutières, qui ont été plus rentables que prévu, a indiqué mercredi le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

M. Le Maire a reconnu devant les commissions des Finances et du Développement durable de l'Assemblée nationale que les calculs de rentabilité pour les actionnaires faits lors de la privatisation des autoroutes en 2006 n'avaient "pas été bons".

Les taux d'intérêt ayant fortement baissé, les sociétés concessionnaires --notamment Vinci, Eiffage et l'espagnol Abertis-- ont pu rembourser leur mise à meilleur coût, améliorant d'autant leur rentabilité, alors que les tarifs des péages continuaient à augmenter régulièrement conformément aux contrats conclus avec l'État.

"Nous nous sommes trompés", a reconnu le ministre, avant de remarquer que la remontée des taux d'intérêt actuelle allait sans doute obliger à refaire les calculs. "Il faudra voir le taux de rentabilité sur l'ensemble de la concession", a-t-il insisté.

Voulant "éviter toute rente", M. Le Maire envisage de "raccourcir la durée des concessions (...) de quelques années".

"C'est la voie qui nous paraît juridiquement la plus solide et économiquement la plus prometteuse", a-t-il ajouté.

Il a annoncé la publication mercredi soir d'un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) de février 2021 --récemment retrouvé par Le Canard enchaîné--, qui pointe les profits réalisés par ASF-Escota (Vinci) et AREE-Area (Eiffage), et va jusqu'à évoquer la possibilité d'une réduction des tarifs de leurs péages de presque 60% pour "réaligner (leur) rentabilité" avec ce qui était prévu en 2006.

Le texte, cependant, ne juge "légalement envisageable" qu'un raccourcissement des durées des concessions, ce qui selon ses auteurs "suppose une volonté politique forte et aurait pour conséquence une détérioration des relations entre l'État et les SCA", les sociétés concessionnaires d'autoroutes.

Le rapport envisage une fin anticipée des concessions au 30 avril 2026 pour ASF et Escota, soit un raccourcissement de respectivement dix ans et cinq ans et demi, et au 30 septembre 2026 pour APRR et Area, soit un raccourcissement de neuf et dix ans.

L'État courrait "le risque que le juge considère la rentabilité des concessions comme raisonnable et leur résiliation anticipée comme entraînant un droit à indemnité", précise le rapport.

D'où la saisine du Conseil d'État.

Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a noté que les juristes du Palais Royal devraient également étudier "toutes les options fiscales", le gouvernement ayant l'intention de mettre les sociétés autoroutières à contribution pour financer l'effort annoncé sur le rail.

M. Le Maire veut aussi, comme l'a suggéré l'Autorité de régulation des transports (ART), que les nouveaux contrats soient plus courts, et comprennent "une clause de révision des tarifs des péages en fonction du niveau de rentabilité".

Les deux ministres n'ont pas caché mercredi leur préférence pour une reconduction du modèle actuel des concessions --certes aménagé--, M. Le Maire rejetant toute renationalisation des autoroutes qui selon lui coûterait entre 40 et 50 milliards d'euros au contribuable.

Alors que les principales concessions actuelles, couvrant plus de 90% des autoroutes concédées, doivent arriver à terme entre 2031 et 2036, M. Beaune a annoncé l'organisation d'"Assises des autoroutes" d'ici l'été.

"Toutes les questions seront posées sur l'avenir des concessions", a-t-il garanti.