À Dubaï, les entreprises considèrent la crypto comme la monnaie de l’avenir

Selon la plate-forme de données Chainalysis, les Émirats arabes unis sont le troisième plus grand marché de cryptomonnaie au Moyen-Orient après la Turquie et le Liban. (Shutterstock)
Selon la plate-forme de données Chainalysis, les Émirats arabes unis sont le troisième plus grand marché de cryptomonnaie au Moyen-Orient après la Turquie et le Liban. (Shutterstock)
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Publié le Dimanche 01 mai 2022

À Dubaï, les entreprises considèrent la crypto comme la monnaie de l’avenir

  • Au début de cette année, les Émirats arabes unis ont annoncé un programme de licences qui les placerait dans la ligue des centres financiers rivaux comme Singapour et Hong Kong
  • La cryptomonnaie est là pour rester, mais il y a de fortes chances que l’écosystème de la cryptomonnaie aux Émirats arabes unis soit prêt pour des événements bien plus grands

DUBAÏ: Si vous pensiez que la couverture médiatique mondiale des nouvelles lois de cryptomonnaie annoncées en mars à Dubaï passerait inaperçue, attendez de voir la frénésie avec laquelle les institutions et les commerces traditionnels adoptent les monnaies numériques.

Dans la foulée de plusieurs marchés mondiaux de cryptomonnaie qui ont obtenu des permis commerciaux et déplacé leur siège social à Dubaï, des établissements hétéroclites ont ouvert leurs portes aux personnes désireuses d’alléger leur portefeuille avec du bitcoin, entre autres cryptomonnaies.

Situé dans le quartier d’Al-Quoz, Bake N More restera gravé dans l’histoire locale. C’est le premier café de Dubaï qui accepte la cryptomonnaie de ses clients. Bien que le café accepte toujours les espèces et les cartes de crédit, il autorise également le paiement par cryptomonnaies, notamment Bitcoin, Ethereum et Tether.

«Il y a eu un intérêt considérable pour les cryptomonnaies parce que les gens les considèrent comme la future passerelle de paiement, en particulier ceux qui les ont conservées pendant longtemps et cherchent maintenant à les encaisser», déclare Mohammed al-Hammadi, propriétaire de Bake N More, dans un entretien accordé à Arab News.

La plate-forme de paiement open source du café contemporain est gérée par Mixin Network, une plate-forme ultrarapide et décentralisée qui apporte vitesse et évolutivité à la chaîne de blocs et facilite le transfert d’actifs numériques.

Expliquant le système de paiement à Arab News, M. Al-Hammadi dit qu’il facturerait en convertissant le coût d’un article en sa valeur en cryptomonnaie. Par exemple, si une bouteille d’eau coûte 5 dirhams (1,36 $ – 1 dollar = 0,95 euro), le prix à payer en TerraUSD, un Stablecoin construit sur la chaîne de blocs Terra, serait d’environ 1,36 UST puisqu’il est indexé 1:1 par rapport au dollar américain.

Nouveau courant de pensée

L’émergence de la cryptomonnaie en tant qu’appel d’offres grand public a également attiré l’attention de Citizens School, un établissement d’enseignement situé dans la luxueuse localité d’Al-Satwa. En septembre, l’école britannique permettra aux parents de payer les frais de scolarité en Bitcoin et Etherum.

«La raison pour laquelle nous acceptons les paiements en cryptomonnaie est d’engager la conversation entre parents et enfants sur la technologie qui influencera la vie des jeunes générations», précise Hisham Hodroge, PDG de Citizens School.

Il a également ajouté que près de 10% des parents qui ont inscrit leurs enfants ont choisi de payer en cryptomonnaie. L’école, qui couvre 43 000 mètres carrés, a une capacité d’accueil de 2 600 enfants. Les frais varient de 36 000 dirhams, soit 9 295 euros, pour le programme Early Years Foundation Stage (EYFS) à 52 000 dirhams, soit 13 426 euros pour l’année 6.

EN BREF

• Situé dans le quartier d’Al-Quoz, Bake N More restera gravé dans l’histoire locale. C’est le premier café de Dubaï qui accepte la cryptomonnaie de ses clients. Bien que le café accepte toujours les espèces et les cartes de crédit, il autorise également le paiement par cryptomonnaies, notamment Bitcoin, Ethereum et Tether.

 

• La plate-forme de paiement open source du café contemporain est gérée par Mixin Network, une plate-forme ultrarapide et décentralisée qui apporte vitesse et évolutivité à la chaîne de blocs et facilite le transfert d’actifs numériques.

 

• L’émergence de la cryptomonnaie en tant qu’appel d’offres grand public a également attiré l’attention de Citizens School, un établissement d’enseignement situé dans la luxueuse localité d’Al-Satwa.

«Il y a quelque temps, la cryptomonnaie n’était qu’un terme variable dans le milieu des investisseurs bien informés. Cependant, aujourd’hui, la cryptomonnaie est beaucoup plus courante et remodèle le système financier traditionnel», déclare Adil Alzarooni, fondateur de Citizens School, dans un communiqué.

Il n’y a pas si longtemps, même les milieux de l’investissement étaient très peu familiers avec le côté glauque d’Internet qui propose tout, des services criminels aux informations d’identification piratées en passant par les faux billets pour un échange instantané de cryptomonnaie.

Mais cet outil a rapidement acquis une certaine légitimité lorsque la communauté des investisseurs a commencé à s’en servir pour se prémunir contre la hausse de l’inflation. Le résultat était bizarre puisqu’il a conduit à une croissance exponentielle. Bitcoin a atteint un taux vertigineux de plus de 68 000 dollars américains en novembre 2021. Il y a à peine cinq ans, un seul Bitcoin valait environ 700 dollars. L’ascension fulgurante est devenue un sujet de discussion au sein des conseils du Trésor à travers le monde.

Entrée de la cryptomonnaie sur le marché des Émirats arabes unis

Selon la plate-forme de données Chainalysis, les Émirats arabes unis – troisième plus grand marché de la cryptomonnaie au Moyen-Orient après la Turquie et le Liban – ont totalisé une valeur de transaction de 26 milliards de dollars entre juillet 2020 et juin 2021. Les gouvernements souverains n’avaient pour seul choix que de dominer la volatilité et d’apprivoiser la bête.

Au début de cette année, les Émirats arabes unis ont annoncé un programme de licences qui les placerait dans la ligue des centres financiers rivaux comme Singapour et Hong Kong.

Le mois dernier, l’État a adopté sa première loi sur la cryptomonnaie et a créé un organisme de réglementation pour superviser les actifs virtuels.

Le gouvernement a créé la Dubai Virtual Assets Regulatory Authority pour superviser la réglementation, la gouvernance et l’octroi de licences de cryptomonnaies, de jetons non fongibles et d’autres actifs virtuels. La décision a entraîné un afflux massif de plates-formes de cryptomonnaies mondiales dans la région.

La plate-forme de cryptomonnaie Bybit a fait part de son intention de transférer son siège social de Singapour à Dubaï. Des mastodontes mondiaux comme FTX et Binance ont obtenu des permis pour exercer leurs activités dans la ville. Crypto.com a témoigné de sa volonté d’installer son bureau régional dans la ville.

«Des pays comme les Émirats arabes unis ont déjà créé des organes directeurs pour mesurer et promouvoir la croissance des actifs virtuels. Ils ont une longueur d’avance sur la plupart des pays du monde en termes de développement du marché de la cryptomonnaie», déclare Emma McInnes, responsable du secteur mondial des services financiers chez YouGov, une société d’études de marché et d’analyse de données basée au Royaume-Uni.

YouGov a récemment publié un rapport intitulé L’avenir des services financiers, selon la taille de l’échantillon de 1 012 aux Émirats arabes unis. L’étude révèle que 67% des résidents des Émirats arabes unis sont attirés par l’investissement dans les cryptomonnaies au cours des cinq prochaines années et 21% ont l’intention de négocier au cours des douze prochains mois.

«Comme toutes les entreprises ont commencé à utiliser Internet il y a 20 ans, elles commenceront à utiliser la cryptomonnaie maintenant. C’est inévitable», dit Talal Tabbaa, PDG de CoinMENA, une bourse d’actifs numériques agréée par la Banque centrale de Bahreïn.

Salaires en cryptomonnaie?

La société a récemment mis en place une plate-forme de paiement pour l’épicier en ligne, Yalla Market, basé à Dubaï, qui dit livrer les courses en quinze minutes. Il accepte l’USD Coin et le Tether. Ce qui rend le magasin intéressant, c’est qu’en plus de lancer un nouveau mode de paiement pour ses clients, la startup envisage également de payer les salaires au moyen d’actifs numériques à l’avenir.

«Le monde adopte de plus en plus les technologies de chaîne de blocs et de cryptomonnaie. Nous ne pouvons nous permettre de rester à l’écart en tant qu’entreprise basée aux Émirats arabes unis», déclare Leo Dovbenko, PDG et cofondateur de Yalla Market, dans un communiqué.

Le message est parfaitement clair: la cryptomonnaie est là pour rester, mais il y a de fortes chances que l’écosystème de la cryptomonnaie aux Émirats arabes unis soit prêt pour des événements bien plus grands. Cependant, nous en reparlerons une autre fois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.