Virus: face à la deuxième vague, l'Europe prend des mesures draconiennes

Intérieur d'un bar fermé à Paris, le jour de la mise en place de nouvelles mesures sanitaires visant à freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19 . (ThomasCOEX/AFP)
Intérieur d'un bar fermé à Paris, le jour de la mise en place de nouvelles mesures sanitaires visant à freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19 . (ThomasCOEX/AFP)
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Publié le Samedi 17 octobre 2020

Virus: face à la deuxième vague, l'Europe prend des mesures draconiennes

  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) juge la situation européenne «très préoccupante».
  • «Renoncez à tout voyage qui n'est pas vraiment nécessaire, à toute célébration qui n'est pas vraiment nécessaire. Veuillez rester chez vous»

PARIS: Interdiction de se réunir à Londres, couvre-feu en France, écoles fermées en Pologne: des mesures draconiennes sont entrées en vigueur samedi en Europe dans l'espoir de juguler la deuxième vague de la pandémie de Covid-19.

Les nouvelles contaminations ont bondi cette semaine sur le continent (+44% par rapport à la semaine précédente), mais diminué en Amérique latine, au Moyen-Orient et Asie, selon un décompte de l'AFP.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) juge la situation européenne «très préoccupante».

Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe (43.429 morts, 15.000 nouveaux cas vendredi), les autorités ont encore durci les restrictions. 

L'ensemble de l'Angleterre (plus de 55 millions d'habitants) limitait déjà les réunions à six personnes (en intérieur comme en extérieur) et fermait ses bars à 22H00.

Mais depuis samedi, plus de la moitié de la population anglaise est soumise à des restrictions plus dures: Londres et plusieurs autres zones, soit 11 millions de personnes, interdisent les réunions en intérieur entre famille et amis de différents foyers, et le Lancashire (nord-ouest) et Liverpool sont en alerte sanitaire maximale (pas de rencontre entre différents foyers en intérieur comme en extérieur, fermeture des pubs ne servant pas de repas).

Dans la province d'Irlande du Nord, pubs et restaurants ont fermé vendredi pour un mois et les vacances scolaires été prolongées.

Emballement en France

En France, où la circulation du virus s'emballe (+25.086 cas vendredi), les habitants d'une dizaine de grandes villes dont Paris et sa banlieue - 20 millions de personnes au total - sont soumis depuis samedi à un couvre-feu entre 21H00 et 06H00 pour au moins quatre semaines. Le pays a un des pires bilans d'Europe, avec plus de 33.300 morts et 834.770 cas.

Outre la région de la capitale, sont concernées les métropoles de Lyon, Lille, Toulouse, Montpellier, Saint-Etienne, Aix-Marseille, Rouen et Grenoble.

Nombre de fêtards ont savouré une dernière fois leur liberté vendredi soir. «On va profiter le plus possible, un resto, tournée des bars et une petite marche avec les copains sur les Champs-Elysées», a expliqué Kurtys Magdelon, un étudiant de 19 ans, à Paris.

En Allemagne, qui a comptabilisé 7.830 nouveaux cas en 24 heures - un record pour le pays -, Angela Merkel a solennellement demandé samedi à ses concitoyens de réduire au maximum leurs relations sociales.

«Renoncez à tout voyage qui n'est pas vraiment nécessaire, à toute célébration qui n'est pas vraiment nécessaire. Veuillez rester chez vous», a déclaré la chancelière dans son podcast hebdomadaire. «Ce que sera l'hiver, ce que sera notre Noël, sera décidé dans les jours et les semaines à venir».

De nouvelles restrictions entrent également en vigueur à Varsovie et d'autres grandes villes de Pologne: collèges et lycées fermés pratiqueront l'enseignement à distance, les restaurants devront fermer à 21h, les cérémonies de mariage seront interdites et le nombre de personnes admises dans les magasins, les transports publics et les offices religieux limité.

En République tchèque, qui a le plus fort taux de contaminations et de décès pour 100.000 habitants du continent, le gouvernement a demandé à l'armée de construire un hôpital de campagne de 500 lits à l'extérieur de Prague. Le pays de 10,7 millions d'habitants a déploré au moins 1.283 morts du coronavirus et 11.105 nouveaux cas pour la seule journée de vendredi - son troisième record quotidien d'affilée.

«Hausse exponentielle»

Dans le monde, tous les indicateurs sont au rouge: au moins 1.105.691 décès et près de 39,4 millions de contaminations ont été recensés depuis le début de la pandémie, selon un comptage réalisé samedi par l'AFP. Pour la seule journée de vendredi, 6.118 décès et 403.629 nouveaux cas ont été enregistrés.

L'Italie, déjà durement touchée au printemps, a enregistré vendredi 10.010 nouveaux cas, le chiffre le plus haut jamais atteint en 24 heures par ce pays.

En Belgique, un couvre-feu est mis en place de minuit à 05H00, et tous les cafés et restaurants devront fermer lundi pour au moins un mois. Le pays vient de passer la barre des 200.000 cas, après avoir passé celle des 100.000 le 20 septembre.

«Semaine après semaine, les chiffres doublent, ils montent en flèche (...) c'est une hausse exponentielle», a justifié le Premier ministre Alexander De Croo, alors que la Belgique est un des pays européens les plus endeuillés par rapport à sa population (10.359 morts pour 11,5 millions d'habitants).

«Nos hôpitaux sont engorgés (...), les chiffres sont aussi élevés qu'ils ne l'étaient au mois de mars quand on a décidé d'un lockdown» (confinement) pour deux mois, a affirmé le ministre belge de la Mobilité Georges Gilkinet.

Seule note d'espoir, les laboratoires américains Pfizer et Moderna ont annoncé qu'ils prévoyaient de demander l'autorisation de leurs vaccins d'ici fin novembre aux Etats-Unis, ce qui marquerait un record de vitesse pour le développement d'un vaccin.

Toutefois, le lancement éventuel de la vaccination d'ici la fin de l'année sera trop limité pour contenir à lui seul l'épidémie, qui en est à son troisième rebond aux Etats-Unis, avec une hausse alarmante des contaminations, des hospitalisations et des décès. 

Les Etats-Unis sont le pays le plus endeuillé de la planète (au moins 218.602 morts, soit près d'un sur cinq dans le monde), suivis par le Brésil (153.214 morts) et l'Inde (112.998 morts).

L'Afrique du Sud, pays africain le plus touché, a passé vendredi le cap des 700.000 cas, pour 18.370 morts. Elle compte pour 43% des cas recensés sur le continent. Les strictes mesures de confinement ont été assouplies mais là aussi, les autorités craignent l'arrivée d'une deuxième vague.


Roumanie : Macron dénonce des «ingérences» qui «sapent l'intégrité de nos démocraties»

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
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  • En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
  • "La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français

TIRANA: Le président français Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties".

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a-t-il dit en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana.

Le candidat d'extrême droite George Simion fait figure de favori du second tour de la présidentielle qui se tiendra dimanche en Roumanie.

Un scrutin scruté de près après l'annulation du vote du 24 novembre sur des suspicions d'ingérence russe en faveur du précédent candidat d'extrême droite, critique de l'UE et de l'Otan, Calin Georgescu.

En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides".

"Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.


L'administration Trump dénonce les «menaces» d'un ancien patron du FBI et ouvre une enquête

Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
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  • "L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem
  • Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace"

WASHINGTON: Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain.

Dans une publication Instagram depuis retirée, James Comey a partagé une photo montrant des coquillages former le message "86 47" dans le sable, le premier chiffre étant parfois utilisé pour signifier le souhait de faire partir, voire de tuer, quelqu'un, le second pouvant se référer à Donald Trump, 47e président des Etats-Unis.

"L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace."

"Cela nous inquiète tous gravement, et doit être pris au sérieux", a dit sur X Taylor Budowich, un chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche.

James Comey -- brutalement limogé par Donald Trump en 2017 pendant qu'il enquêtait sur des soupçons d'ingérences étrangères -- a ensuite partagé un message sur son compte Instagram.

"J'ai publié plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus ce matin lors d'une balade sur la plage, et j'ai estimé que c'était un message politique. Je ne m'étais pas rendu compte que certaines personnes associaient ces chiffres avec de la violence. Je n'ai jamais eu cela à l'esprit, mais je m'oppose à toute force de violence, et j'ai donc retiré la publication", a-t-il écrit.

Donald Trump a réchappé en juillet dernier à une tentative d'assassinat lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie.


Détention de Sansal: ses filles «impuissantes» en République tchèque

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
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  • "Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction
  • "Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP

PRAGUE: Les deux filles de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, ont fait part à l'AFP de leur "sentiment d'impuissance totale", depuis la République tchèque où elles habitent, pour obtenir la libération de leur père.

Rencontrées à l'ouverture du salon du livre de Prague, Nawal, 53 ans, et Sabeha, 50 ans, ont réceptionné jeudi un prix pour la promotion de la liberté d'expression décerné à leur père.

"Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction.

"Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP.

"La seule personne autorisée à lui rendre visite, c'est probablement sa femme, mais nous ne savons rien" et elle est surveillée, a-t-elle ajouté.

Alors que le dissident, atteint d'un cancer, suit "actuellement un traitement de radiothérapie", ses filles ont échangé pour la dernière fois par courrier électronique avec lui en 2023 et n'ont aucune nouvelle, à part des coupures de presse que leur font passer l'ambassade tchèque à Alger.

Elles ont adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron et écrit à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. "Nous avons aussi écrit à mon père. Mais nous n'avons pas reçu de réponse, il ne s'est rien passé", explique Nawal.

"Monnaie d'échange" 

Perdue face aux méandres du système algérien, cette spécialiste en informatique s'est tournée vers l'interface d'intelligence artificielle ChatGPT et sur ses conseils, elle envisage de contacter des organisations comme Amnesty International pour accentuer la pression.

Nées en Algérie, les filles de Boualem Sansal ont vécu en Tchécoslovaquie, le pays de leur mère, après la séparation dans leur petite enfance de leurs parents, qui s'étaient rencontrés dans le cadre d'un échange universitaire.

Le régime communiste les surveillait, comme toutes les personnes ayant de la famille à l'étranger, et si elles ont passé leurs vacances à Alger chaque année, Nawal n'y est plus retournée depuis l'âge de 20 ans et n'a pas revu son père depuis.

Sa soeur et elle habitent toujours près de Prague.

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien.

Il lui est reproché d'avoir repris à son compte la position du Maroc, selon laquelle le territoire de ce pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Il a fait appel.

"Je crois que mon père est un pion ou une monnaie d'échange, une sorte d'otage, parce qu'ils essaient probablement d'obtenir la libération de certains terroristes condamnés en France", a détaillé Nawal, sa soeur Sabeha saluant en lui "un vrai patriote".

L'Algérie et la France traversent depuis l'été dernier une crise diplomatique marquée ces derniers jours par une nouvelle série d'expulsions de fonctionnaires de part et d'autre. Toutes les coopérations sont gelées.

Athée, Boualem Sansal est critique d'un pouvoir qui, selon lui, se maintient depuis trop longtemps contre la volonté des Algériens. "Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens", estimait-il dans Le Figaro en 2019.