«Victoire de l'Ukraine»: un objectif aux contours protéiformes

L'armée russe se concentre désormais sur l'Est, où elle tente de «libérer» la totalité du Donbass (Photo, AFP).
L'armée russe se concentre désormais sur l'Est, où elle tente de «libérer» la totalité du Donbass (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

«Victoire de l'Ukraine»: un objectif aux contours protéiformes

  • En lançant son offensive, la Russie affirmait vouloir «dénazifier» et «démilitariser» l'Ukraine
  • Mais après avoir échoué à prendre le contrôle de la région de Kiev, elle a dû revoir ses objectifs à la baisse

PARIS: Avec l'intensification de l'aide militaire de plusieurs pays de l'Otan à Kiev, la perspective d'"une victoire ukrainienne" face à Moscou, inimaginable au début du conflit, ressurgit dans le discours occidental mais la réalité qu'elle pourrait recouvrir est protéiforme.

Entre un statu quo le long du front actuel et l'hypothétique retour de la Crimée sous pavillon ukrainien, la nature de cette victoire de l'armée du président Volodymyr Zelensky fait l'objet de multiples conjectures de la part des analystes occidentaux contactés par l'AFP.

Un gel du front dans l'Est

C'est le scénario minimaliste, qui s'appuie sur la situation sur le terrain où le front apparaît figé.

En lançant son offensive, la Russie affirmait vouloir "dénazifier" et "démilitariser" l'Ukraine. Mais après avoir échoué à prendre le contrôle de la région de Kiev, elle a dû revoir ses objectifs à la baisse.

L'armée russe se concentre désormais sur l'Est, où elle tente de "libérer" la totalité du Donbass, une zone partiellement contrôlée par Moscou via des séparatistes prorusses depuis 2014. Depuis, les lignes de front bougent peu.

Dans ce contexte, l'hypothèse d'une "guerre d'opposition qui s'inscrirait dans la durée sans qu'il y ait d'escalade majeure" figure parmi les scénarios possibles, décrypte Marie Dumoulin, de l'European Council for Foreign Relations (ECFR). 

Un tel scénario "pourrait être considéré comme une victoire par défaut par les Ukrainiens", qui leur permettrait de sauver définitivement Kiev tout en conservant un accès à la mer, selon l'ancien colonel français Michel Goya.

Si l'armée russe "proposait un cessez-le-feu, cela pourrait être vu comme une forme de victoire par Kiev", explique-t-il à l'AFP. Et les Russes pourraient éventuellement "revendiquer une victoire, relative mais une victoire quand même".

Même si cela reste peu probable à ce stade, Moscou pourrait notamment faire valoir auprès de sa population l'indépendance autoproclamée des deux territoires du Donbass ainsi que la prise de contrôle de plusieurs villes clefs sur la mer d'Azov.

"Nous n'en sommes toutefois pas là", tempère M. Goya. "Les Russes poursuivent leur offensive et les Ukrainiens, qui sont parvenus à les repousser de Kiev, peuvent se dire qu'ils peuvent aussi les repousser du Donbass. Dans ce cas-là, il semble difficile d'imaginer un accord". 

Au-delà des Russes, rien ne dit en effet que les Ukrainiens accepteraient cette option. "Pour eux, cela voudrait dire qu'ils perdent quand même une partie de leur territoire", décrypte Michel Duclos, ancien ambassadeur français et conseiller spécial à l'institut Montaigne. 

"Après tant d'atrocités et d'enlèvements de civils ukrainiens, Kiev n'a plus vraiment d'autre option que de se battre pour reconquérir tout son territoire", abonde Margarita Assenova, de la Fondation Jamestown à Washington.

Retour à l'avant 24 février

Moins minimaliste, ce scénario répondrait à l'une des demandes répétées de Kiev qui réclame le retrait des forces russes des territoires occupés depuis le 24 février.

Les Ukrainiens "veulent restaurer leur souveraineté, mettre dehors les troupes russes, être capables de se prémunir contre la possibilité qu'une telle chose se reproduise. Ce sera à eux de décider jusqu'où ils comptent pousser", a déclaré ce week-end au quotidien Le Monde Derek Chollet, conseiller du département d'Etat américain.

Pour M. Duclos, "ce serait une forme de victoire mais cela suppose qu'il y ait une avancée militaire et que la diplomatie trouver un moyen de sauver la face" du président russe Vladimir Poutine.

Et le retrait russe n'aurait pas de sens s'il ne s'accompagne pas de la garantie que Moscou ne s'ingérera pas dans la politique étrangère de l'Ukraine, selon la Fondation Jamestown.

Quid enfin de Donetsk et Lougansk, occupés depuis 2014 ? Kiev ne "peut pas" les abandonner et Moscou "ne peut pas quitter la table" sans eux, estime l'historien américain Edward Luttwak.

Mais Moscou pourrait "présenter comme une victoire" des scrutins organisés dans les deux régions où les résidents voteraient pour déterminer si leur oblast (district, ndlr) "doit rester ukrainien ou rejoindre la Russie", ajoute-t-il.

Retour de la Crimée en Ukraine

C'est le scénario maximaliste - jugé irréaliste par de nombreux observateurs: l'Ukraine et l'Occident viseraient un retour de la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014, dans le giron ukrainien.

S'il n'est pas exclu que l'Ukraine "puisse regagner sa souveraineté" à Lougansk et Donetsk, "il n'y aura, à court terme, pas de solution négociée pour la Crimée", a récemment estimé John Herbst, ex-ambassadeur américain en Ukraine.

Le retour de la Crimée "semble impossible", abonde M. Duclos. "Cela remettrait en cause le régime de Poutine pour qui ç'a été un formidable facteur de légitimité dans son propre pays".

Quant à M. Goya, il juge la probabilité "difficile", à moins d'un "effondrement soudain" des Russes. Or, "le rapport de forces est trop équilibré pour imaginer d'un seul coup une victoire spectaculaire". 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.