Starbucks annonce des mesures pour ses employés en plein mouvement de syndicalisation

Un café Starbucks est vu en arrière-plan alors que les gens se rassemblent à Westlake Park lors du rassemblement et de la marche "Fight Starbucks' Union Busting" à Seattle, Washington, le 23 avril 2022 (Photo, AFP).
Un café Starbucks est vu en arrière-plan alors que les gens se rassemblent à Westlake Park lors du rassemblement et de la marche "Fight Starbucks' Union Busting" à Seattle, Washington, le 23 avril 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 04 mai 2022

Starbucks annonce des mesures pour ses employés en plein mouvement de syndicalisation

  • La chaîne de cafés a étoffé la palette de hausses de salaire qu'elle avait déjà annoncé
  • Quelque 47 antennes syndicales ont déjà été créées à l'issue d'élections

NEW YORK: Starbucks a annoncé mardi une série de mesures à destination de ses employés, notamment des augmentations de salaires, alors que le groupe connaît un mouvement de syndicalisation, contre lequel le patron emblématique a livré un plaidoyer.

La chaîne de cafés a étoffé la palette de hausses de salaire qu'elle avait déjà annoncé précédemment et qui prévoit notamment que le salaire minimum soit porté à 15 dollars de l'heure au 1er août aux Etats-Unis.

Ce relèvement plus ambitieux des rémunérations, couplé à un plan de transformation des succursales, va bénéficier d'une enveloppe supplémentaire de 200 millions de dollars, qui porte les dépenses dédiées en 2022 à un milliard de dollars.

Ces annonces interviennent au moment où la compagnie de Seattle (Etat du Washington) fait face à un vent de syndicalisation inédit dans son histoire.

Au total, depuis fin 2021, des salariés de 250 cafés de la chaîne ont initié la formation d'un syndicat, selon le Starbucks Workers United, qui fédère le mouvement.

Quelque 47 antennes syndicales ont déjà été créées à l'issue d'élections.

Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, le patron emblématique Howard Schultz, qui a repris les rênes début avril, a longuement expliqué pourquoi il était opposé à l'approche syndicale au sein de l'entreprise.

"Ces jeunes gens ont des préoccupations valables", a déclaré le sexagénaire. "Ils voient ce mouvement naissant de syndicalisation comme une solution possible."

"Pour autant", a-t-il poursuivi, "nous avons une approche très différente et une vision beaucoup plus positive pour notre société, appuyée sur l'écoute, la communication et la collaboration".

"Nos valeurs ne sont pas et n'ont jamais été le résultat d'interférences provenant d'une entité extérieure" à l'entreprise, sous-entendant que l'aspiration syndicale n'avait pas été insufflée par des employés, mais par des personnes étrangères à la société.

«Négocier de bonne foi»

Howard Schultz a indiqué que Starbucks prévoyait de mettre en place, en septembre, de nouvelles initiatives favorables aux salariés, comme la possibilité de donner un pourboire lors d'une commande en ligne ou un système de partages des revenus, dont il n'a pas précisé le fonctionnement.

L'entrepreneur qui a déjà quitté deux fois le groupe, en 2000 et 2017, avant d'y revenir à chaque fois, a indiqué que ces nouvelles dispositions ne pourraient être appliquées que dans les cafés non syndiqués.

Des changements ne peuvent, en effet, pas être appliqués de manière unilatérale lorsqu'existe un syndicat, avec lequel des négociations doivent être préalablement engagées.

L'information, si elle ne faisait que rappeler les textes en vigueur, a pu sonner comme un argument de plus pour dissuader les employés de Starbucks de s'organiser collectivement.

Howard Schultz, qui a fait part de son désir de quitter son poste au quatrième trimestre 2022, a néanmoins promis de "négocier de bonne foi" avec les syndicats.

Mardi, le géant américain du café à emporter a également publié ses résultats du premier trimestre 2022, avec un chiffre d'affaires de 7,6 milliards de dollars, conforme aux attentes et en hausse de 14% sur les trois premiers mois de l'année 2022, qui correspondent au deuxième trimestre de l'exercice comptable décalé du groupe.

La forte augmentation de ses coûts, qu'il s'agisse des marchandises ou des salaires, a sensiblement érodé les marges, et le bénéfice net n'a progressé, lui, que de 2%, à 674 millions de dollars.

Rapporté par action, indicateur le plus suivi par Wall Street, le chiffre est conforme aux prévisions des analystes.

Les ventes hors d'Amérique du Nord ont nettement ralenti de 8%, en grande partie sous l'effet d'une baisse de 23% en Chine à périmètre comparable, que Starbucks attribue en premier lieu aux confinements pour lutter contre la propagation du coronavirus. Quelque 16% des cafés du groupe sont implantés en Chine.

Le groupe s'attend à des perturbations en Chine sur le deuxième trimestre 2022 et au-delà, ce qui l'a incité à ne pas publier de prévisions pour l'exercice en cours.

Pour compenser, la chaîne a pu compter sur le dynamisme de l'Amérique du Nord, dont les ventes ont grimpé de 12%, également à périmètre comparable, grâce à des hausses de prix ainsi qu'à une meilleure fréquentation.

Néanmoins, la société a souffert d'une compression de ses marges du fait, pour partie, d'augmentations de salaires, en partie liées aux tensions que connaît le marché américain du travail.

Elle entend accélérer son développement aux Etats-Unis, en particulier en ouvrant des points de vente "drive-in", où les clients sont servis dans leur véhicule.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".