Des grandes puissances agricoles promettent la sécurité alimentaire malgré la guerre en Ukraine

Ensemble, la Russie et l'Ukraine assurent 30% du commerce mondial de blé. (AFP)
Ensemble, la Russie et l'Ukraine assurent 30% du commerce mondial de blé. (AFP)
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Publié le Vendredi 06 mai 2022

Des grandes puissances agricoles promettent la sécurité alimentaire malgré la guerre en Ukraine

  • Le rendement de la prochaine moisson de blé en Ukraine devrait chuter d'au moins 35% comparé à 2021 en raison de l'invasion russe
  • Le conflit a lourdement perturbé la saison des semis, qui est en cours, et obligé les agriculteurs à travailler sous les bombes, avec du carburant difficile à trouver

GENEVE: Des grandes puissances agricoles, dont l'Union européenne, les États-Unis, le Canada et l'Australie, se sont engagées vendredi à assurer la sécurité alimentaire du monde en dépit des chocs provoqués par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.


"Nous nous engageons à travailler ensemble pour assurer qu'il y ait de la nourriture en quantité suffisante pour tout le monde, y compris les plus pauvres, les plus vulnérables et les personnes déplacées", écrivent ces 51 membres de l'Organisation mondiale du commerce dans un communiqué conjoint.


Ils promettent aussi de garder les marchés agricoles et alimentaires "ouverts, prévisibles et transparents en n'imposant pas de mesures commerciales restrictives injustifiées" sur les produits agroalimentaires ou les produits clés pour la production agricole.


Les membres signataires -dont sont absents de grands producteurs comme l'Argentine ou le Brésil- soulignent aussi que les mesures d'urgence prises pour faire face à la situation doivent provoquer le moins de distorsions possibles, être temporaires, ciblées et proportionnelles.


Il réclament encore que les produits achetés par le Programme alimentaire mondial -en première ligne pour tenter de compenser les pertes encourues sur le marché agricole mondial de la gigantesque production ukrainienne de grains ou d'huile- soient exempts de toute restriction ou interdiction d'exportation.


Une leçon durement apprise pendant la pandémie quand le système international Covax -qui devait pourvoir en vaccins les pays membres et surtout les plus pauvres- s'est vu privé de sa ressource principale de vaccins anti-Covid par la décision de l'Inde d'interdire les exportations de ces précieux flacons. Les plans de vaccination mondiale s'en sont retrouvés grippés pour longtemps.

Guerre en Ukraine: des images satellites prédisent une perte d'un tiers des récoltes de blé

Le rendement de la prochaine moisson de blé en Ukraine devrait chuter d'au moins 35% comparé à 2021 en raison de l'invasion russe, selon des images satellites analysées par la société de géolocalisation Kayrros dans une note publiée vendredi. 


Le conflit a lourdement perturbé la saison des semis, qui est en cours, et obligé les agriculteurs à travailler sous les bombes, avec du carburant difficile à trouver. A hauteur de satellites, la différence par rapport aux saisons habituelles est déjà visible, corroborant les prédictions des analystes.


Les images ont été enregistrées entre le 14 et le 22 avril, un peu moins de deux mois après l'invasion du pays par la Russie, par le satellite Terra de la Nasa, puis analysées par Kayrros.


Le spécialiste de l'imagerie satellite et de la géolocalisation appliquée à l'environnement s'est appuyé sur la méthode dite de "l'indice de végétation par différence normalisée", une analyse infrarouge de précision qui permet d'évaluer l'état des végétaux et ainsi de prédire la production de céréales.


A ce stade, l'Ukraine serait en capacité de produire 21 millions de tonnes de blé en 2022, soit 12 millions de moins qu'en 2021 estime Kayrros, avec une baisse de rendement des moissons de 23% sous la moyenne des cinq dernières années.


"Étant donné que les combats se poursuivent et qu'une grande partie de la production de blé du pays provient des régions de l'est de l'Ukraine, où le conflit est le plus intense, les chiffres réels de la production seront probablement inférieurs", préviennent les analystes. 


"La campagne des semis avance, avec des agriculteurs qui sèment avec un casque et un gilet pare-balles (...) mais c'est un défi logistique incroyable, et on sait que les surfaces cultivées seront plus petites" qu'auparavant, abondait Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage, interrogé mercredi par l'AFP.


Les agriculteurs qui arriveraient à semer feront dans tous les cas face à un problème de stockage, les exportations par le rail et la route ne pouvant compenser qu'une partie minime des départs de marchandises par bateaux.


La Russie maintient en effet son blocus des ports ukrainiens, tant sur la mer Noire que sur celle d'Azov, entravant lourdement les échanges commerciaux. 


Le conflit promet d'aggraver les fragilités de pays très dépendants des exportations de céréales russes et ukrainiennes, comme la Somalie ou la République démocratique du Congo en Afrique, Russie et Ukraine assurant 30% du commerce mondial de cette denrée. 

Acteurs majeurs 
La Russie et l'Ukraine sont deux exportateurs majeurs de blé, maïs, colza et huile de tournesol. La Russie est en outre le premier fournisseur mondial d'engrais et de gaz.


De nombreux pays -notamment sur le continent africain - dépendent des livraisons de l'Ukraine, qui exportait avant la guerre par la mer 4,5 millions de tonnes de production agricole par mois --soit 12% du blé, 15% du maïs et 50% de l'huile de tournesol au niveau mondial (il en est le premier producteur mondial).


Ensemble, la Russie et l'Ukraine assurent 30% du commerce mondial de blé.


La guerre et les risques qu'elle fait peser sur les récoltes et les livraisons -les ports ukrainiens de la mer Noire sont bloqués- a fait monter les cours de tous les oléagineux: en deux mois, le tournesol, comme le colza, a vu son prix grimper de 40% sur le marché européen. 


L'offensive russe et les sanctions économiques qui ont plu sur Moscou ont interrompu les livraisons de blé et autres denrées alimentaires provenant des deux pays, faisant s'envoler les prix des denrées alimentaires ainsi que ceux des carburants, en particulier dans les pays émergents.


Ce communiqué commun exhortant à garder les marchés ouverts arrive alors que des réactions protectionnistes se font déjà jour. 


Ainsi, fin avril, face à la flambée des cours des huiles végétales c'est l'Indonésie -qui n'est pas signataire du texte commun diffusé vendredi- qui a annoncé la suspension de ses exportations d'huile de palme dont elle est le principal producteur mondial. Résultat, nouvelle hausse de prix déjà tendus par le risque que la guerre déclenchée par la Russie fait planer sur la production ukrainienne de colza ou de tournesol par exemple. 


"La guerre en Ukraine va avoir un impact terrible sur les millions de gens qui font face à la famine partout dans le monde. Cela signifiera une explosion des prix de la nourriture, du carburant, du transport mais aussi moins de nourriture pour ceux qui sont affamés et il y aura encore plus de gens à souffrir de la faim", avait expliqué au Conseil de sécurité, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley fin mars.


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.