La «cruauté de l'Otan» en exposition à Moscou, en plein conflit en Ukraine

Une femme passe devant un tableau lors de l'exposition OTAN. Une chronique de la cruauté" au Musée d'histoire contemporaine de la Russie à Moscou le 5 mai 2022. (AFP)
Une femme passe devant un tableau lors de l'exposition OTAN. Une chronique de la cruauté" au Musée d'histoire contemporaine de la Russie à Moscou le 5 mai 2022. (AFP)
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Publié le Samedi 07 mai 2022

La «cruauté de l'Otan» en exposition à Moscou, en plein conflit en Ukraine

  • Moscou considère l'Alliance atlantique, son vieil ennemi de la Guerre froide, comme une menace existentielle
  • Juste avant la grande parade militaire annuelle du 9 mai, l'exposition est bien achalandée. A l'entrée, un groupe de cadets adolescents en uniforme pose pour une photo

MOSCOU: Des haut-parleurs crachent le bourdonnement assourdissant d'avions de guerre, des peintures d'enfants blessés et de femmes éplorées tapissent les murs: un musée de Moscou met en scène la "cruauté" de l'Otan, en plein conflit en Ukraine.


"Je le dis à chaque fois: c'est difficile de parler des crimes qui ont été commis par les troupes de l'Otan", se plaint Iaroslav Polesterov, 46 ans, guide de l'exposition "Otan - chronique de la cruauté", qui se tient au musée d'Etat d'histoire contemporaine russe jusqu'au 22 mai.


Moscou considère l'Alliance atlantique, son vieil ennemi de la Guerre froide, comme une menace existentielle et a notamment justifié son offensive en Ukraine par les ambitions atlantistes de Kiev et le soutien politique et militaire occidental à ce voisin de la Russie.


Juste avant la grande parade militaire annuelle du 9 mai, l'exposition est bien achalandée. A l'entrée, un groupe de cadets adolescents en uniforme pose pour une photo. Contrairement aux autres expositions du musée, situé sur l'avenue Tverskaïa en plein coeur de Moscou, celle-ci est gratuite.


Le message principal: l'Otan est un agresseur. Sur les murs abondent des photos de manifestations européennes anti-Alliance et de nombreuses photos d'enfants, blessés ou souriants, dans les gravats de zones de conflit.


"Nous parlons ici, entre autres, du fait que, dans le conflit actuel, l'Otan joue un rôle très important et très actif", affirme à l'AFP Fiodor Kokine, 28 ans, responsable scientifique du musée. "Ils fournissent des armes, du matériel, des munitions à l'Ukraine".


Cette exposition préparée "en moins de quelques semaines" a accueilli 14 000 visiteurs jusqu'à présent, ajoute-t-il.


Il signale la présence dans la salle d'un "lanceur de missiles antichars produit au Royaume-Uni et utilisé par les forces armées ukrainiennes" actuellement.


"Ce travail a été fait à la hâte", soupire Alexandra, 40 ans, professeure documentaliste dans un établissement d'Etat. "Je pensais que ce serait pertinent d'emmener mes étudiants, en lien avec les événements politiques, mais je regrette le temps perdu".


"Pourquoi parle-t-on de +cruauté+? Pourquoi ne pas parler plutôt des raisons de la création de ce bloc, de comment il a évolué avec le temps?", s'interroge-t-elle, le ruban de Saint-Georges, utilisé en Russie pour commémorer la Seconde Guerre mondiale, épinglé sur la poitrine.

«Propagande à la soviétique»
Pointant du doigt des segments dédiés à la guerre au Vietnam, elle note que "ce sont les Etats-Unis, pas l'Otan", qui sont à blâmer.


Le guide Polesterov, essoufflé, montre pèle-mêle aux étudiants des treillis et drapeaux bleu et jaune fraîchement arrivés d'Ukraine posés à côté d'un casque de SS nazi et d'un drapeau américain, des cartes montrant jusqu'où en Russie pourraient arriver des missiles de l'Otan.


Pour Moscou, le caractère belliqueux de l'Alliance n'est plus à démontrer, le Kremlin et Vladimir Poutine n'ayant cesse de citer l'exemple du bombardement de Belgrade en 1999, durant la guerre du Kosovo, ou encore celui de la Libye de Kadhafi en 2011.


Polesterov cite d'ailleurs les frappes contre la Yougoslavie: "A l'ONU, la Russie et la Chine étaient contre (...) La décision a été prise par (Bill) Clinton, le président des États-Unis, et des criminels comme lui".


Il reconnaît que certains visiteurs, une minorité d'après lui, ne partagent pas son indignation et désigne un livre où l'on peut inscrire ses impressions.


"Il faut (...) que les enfants, les adolescents et même de nombreux adultes voient à quel point le monde occidental est pourri", ont écrit deux femmes, signant de leurs noms complets.


Un autre message remerciant l'exposition de dire la "vérité" est signé par la "députée de la Douma d'Etat Maria Boutina", connue pour avoir été emprisonnée plus d'un an aux Etats-Unis pour avoir tenté d'infiltrer des milieux politiques.


Sur fond de répression tous azimuts des détracteurs du Kremlin, ceux en désaccord s'expriment anonymement: "L'Etat a essayé d'hypnotiser les gens" ou "cette exposition, c'est de la merde de propagande à la soviétique".


"Ne laissez pas la propagande vous tromper. Paix à l'Ukraine et au monde entier, liberté et sagesse à la Russie!", proclame un autre.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.