Ukraine, climat, pandémie: les orchidées de Thaïlande dans la tourmente

Un touriste étranger regarde des orchidées exposées dans un centre commercial à Bangkok, le 10 juin 2009. La Thaïlande est l'un des plus grands exportateurs d'orchidées au monde, mais la cultivation de ces fleurs a été affectée cette année par la pandémie, le changement climatique et les conflits. (AFP)
Un touriste étranger regarde des orchidées exposées dans un centre commercial à Bangkok, le 10 juin 2009. La Thaïlande est l'un des plus grands exportateurs d'orchidées au monde, mais la cultivation de ces fleurs a été affectée cette année par la pandémie, le changement climatique et les conflits. (AFP)
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Publié le Dimanche 08 mai 2022

Ukraine, climat, pandémie: les orchidées de Thaïlande dans la tourmente

  • Le pays, premier producteur et exportateur mondial de ces fleurs coupées, compte quelque 800 exploitations
  • Une sur cinq de ces exploitations a fermé depuis le début de la crise sanitaire, d'après l'association des exportateurs d'orchidées thaïlandaises

NAKHON PATHOM : Pandémie, guerre en Ukraine, changement climatique: les fermes d'orchidées en Thaïlande sont dans la tourmente, plombées par la hausse des coûts des matières premières et une demande en berne.

Le pays, premier producteur et exportateur mondial de ces fleurs coupées, compte quelque 800 exploitations. Une sur cinq a fermé depuis le début de la crise sanitaire, d'après l'association des exportateurs d'orchidées thaïlandaises.

Somchai Lerdrungwitayachai règne sur une ferme d'une vingtaine d'hectares dans la province de Nakhon Pathom, à 80 kilomètres au nord-ouest de Bangkok.

Dans les immenses allées bâchées pour protéger les fragiles plantes de la chaleur écrasante, une variété unique, la Dendrobium Sonia, une espèce hybride aux délicats pétales blancs et violets, très populaire en Chine, au Japon ou aux États-Unis.

Une cinquantaine de travailleurs coupent les fleurs, les plongent dans une solution chimique, entourent les tiges d'une fiole en plastique contenant des vitamines et des nutriments afin de prolonger leur fraîcheur jusqu'à deux semaines.

Mais les temps sont durs. Somchai puise depuis deux ans dans ses économies pour payer ses employés.

Le prix des engrais et des pesticides "a bondi de 30%" avec la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, explique le fermier à l'AFP. 

Et ses ventes vers la Chine, qui représentaient 80% de ses exportations avant la pandémie, sont au plus mal depuis que le pays reconfine une partie de ses mégalopoles.

"Personne n'a le cœur à acheter des orchidées et le transport est très compliqué", explique-t-il.

Par la route, ses camions doivent traverser le Laos pour atteindre la Chine. Les drastiques contrôles mis en place par Pékin entre les deux pays engendrent des kilomètres de bouchon. Bloqués, les véhicules mettent de huit à dix jours pour atteindre leur destination, contre trois auparavant. 

Cargaison jetée sur les routes

Pire, la frontière reste parfois fermée et les chauffeurs sont alors contraints de jeter sur le bord des routes la cargaison qui n'a pas résisté au transport.

Si Somchai livre directement ses fleurs à l'étranger, la plupart des fermiers passent, eux, par de gros exportateurs basés à Bangkok.

Wuthichai Pipatmanomai dirige avec son père, la Sun International Flower, l'une des principales sociétés exportatrices.

Avant la pandémie, l'entreprise livrait chaque mois 3,6 millions d'orchidées à la Chine, au Japon, au Vietnam et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, seules 1,2 million sortent de son entrepôt et il a dû se séparer de la moitié de ses employés.

Pour lui, "2022 s'annonce encore comme une année noire". 

Le coût du transport international par avion a "triplé voire quadruplé" avec la flambée des prix du pétrole.

Résultat, il a dû augmenter son prix de vente à l'unité de 20% et plusieurs importateurs l'ont lâché, en Europe notamment, préférant se concentrer sur des fleurs plus locales.

"Nous avons demandé des compensations financières aux autorités, mais nous n'avons rien obtenu", raconte Wuthichai, également vice-président de l'association des exportateurs.

Changement climatique

Le dérèglement climatique est une autre source d'inquiétude. Début avril, la température est passée en une journée de 36 à 21 degrés dans le centre du pays, une chute qui a eu de sévères conséquences sur la production. 

"On craint que ce genre de phénomènes se reproduise de plus en plus fréquemment", relève l'exportateur.

Seuls espoirs, les ventes au Japon restent stables et celles vers les Etats-Unis repartent à la hausse avec le début de la saison des mariages et de la remise des diplômes dans les universités. Il espère vendre 20 millions d'orchidées cette année.

Au marché aux fleurs de Bangkok, où l'orchidée est uniquement destinée à la vente locale, on est loin de ces calculs.

L’effervescence dans les allées a diminué et les vendeurs font grise mine.

Même si le pays rouvre aux touristes, "tout le monde a encore peur de venir sur les marchés", explique Waew. "Chaque jour, 600 fleurs me restent sur les bras".

Plutôt que de jeter les invendus, elle les recycle en ne conservant que les pétales revendus à bas prix pour des décorations ou des cérémonies religieuses.

"Arrêter de travailler l'orchidée ? Impossible, je ne sais rien faire d'autre".


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.