Par la mer, la dangereuse expédition de Cubains vers les Etats-Unis

Sur un radeau de fortune, 13 habitants d'un village de l'ouest de Cuba ont pris la mer, de nuit, le Jeudi saint précédant Pâques, pour tenter de rallier clandestinement les Etats-Unis (Photo, AFP).
Sur un radeau de fortune, 13 habitants d'un village de l'ouest de Cuba ont pris la mer, de nuit, le Jeudi saint précédant Pâques, pour tenter de rallier clandestinement les Etats-Unis (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 08 mai 2022

Par la mer, la dangereuse expédition de Cubains vers les Etats-Unis

  • Les petites annonces pour vendre des moteurs de bateau, des GPS ou d'autres équipements de navigation sont nombreuses
  • D'autres messages au contraire sont des avis de recherche d'êtres chers partis à l'aventure

SAN JOSE DE LAS LAJAS: Sur un radeau de fortune, 13 habitants d'un village de l'ouest de Cuba ont pris la mer, de nuit, le Jeudi saint précédant Pâques, pour tenter de rallier clandestinement les Etats-Unis.

Au deuxième jour ils n'avaient plus de vivres, au quatrième, malmenés par le mauvais temps, ils ont cru mourir.

Agés de 22 à 49 ans, cinq d'entre eux racontent leur dangereux périple, et leur sauvetage par les garde-côtes américains qui les ont renvoyés à leur point de départ, à San José de las Lajas, dans la province de Mayabeque.

Dans la cour d'une maison où subsistent les restes des matériaux avec lesquels ils ont fabriqué leur embarcation, ils racontent les 20 jours pour construire leur radeau avec deux chambres à air de tracteur, des flotteurs en mousse, des planches et des vis.

La nuit de leur départ, ils ont assemblé les pièces sur le rivage et ont pris la mer, propulsés par six rames et une voile en nylon.

Mais les côtes de la Floride sont à 200 km. Une nuit, déjà affaiblis par le manque d'eau et de nourriture, ils ont essuyé un gros grain.

"On a prié Dieu, on a prié tous ceux qui nous écoutaient là-haut et on s'est couvert. Quand on s'est réveillés le matin, on était tout près des côtes des Etats-Unis, c'était incroyable", raconte encore ému Oniel Machado, un forgeron de 49 ans.

A l'aube, le GPS de leur téléphone portable indique qu'ils ne se trouvent plus qu'à une dizaine de km de Key West.

"On a pagayé, pagayé et encore pagayé" mais "le vent nous repoussait, la voile n'avançait plus. On n'en pouvait plus, on était trop faibles", dit Oniel Machado qui porte un bandage sur un genou.

Le groupe a finalement été récupéré par les garde-côtes américains puis renvoyé, comme 1 446 autres Cubains ayant tenté la traversée au cours des six derniers mois, selon un communiqué de la garde-côtière.

Ils avaient aussi pensé à se rendre en avion au Nicaragua, qui ne demande aucun visa d'entrée aux Cubains, pour tenter d'atteindre la frontière sud des Etats-Unis.

"Ceux qui ont de l'argent ont tout vendu et sont partis en passant par le Nicaragua, mais pour nous ce n'était pas possible", explique Chayanne Roque, 30 ans, autre survivant et père d'un garçon de quatre ans.

«Je réessayerai»

Cuba connaît une vague migratoire massive et nombreux sont prêts à tout pour quitter l'île qui traverse la pire crise économique depuis près de trois décennies, déclenchée par la chute du tourisme due à la pandémie et au renforcement de l'embargo américain.

Selon les Etats-Unis, plus de 78 000 Cubains ont franchi la frontière mexicaine entre octobre et mars. Face à cette hausse vertigineuse, Washington et La Havane vont chercher à relancer des accords migratoires afin d'éviter que les migrants "prennent la mer, car ce sont des voyages totalement périlleux", a déclaré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. 

Dimanche, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador clôture à Cuba une tournée dans les Caraïbes et le nord de l'Amérique centrale où il a plaidé pour une plus grande implication de Washington dans des solutions communes au problème de l'émigration irrégulière vers les Etats-Unis.

"Tous ceux d'entre nous qui essaient (de se rendre aux Etats-Unis) - et nous sommes des milliers - le font pour une seule raison, parce que le pays est en pleine crise", dit José Luis Roque, 32 ans, père de deux enfants.

Les petites annonces pour vendre des moteurs de bateau, des GPS ou d'autres équipements de navigation sont nombreuses. Une publication sur Facebook dit rechercher un hors-bord : "nous sommes sept et prêts à payer jusqu'à 11 000" dollars.

D'autres messages au contraire sont des avis de recherche d'êtres chers partis à l'aventure.

"S'ils ont souffert en mer, nous avons souffert encore plus ici, en demandant à Dieu de les protéger", dit Yelisset Pagan, l'épouse d'Oniel Machado restée à terre et mère d'un bébé, encore sous le choc de l'angoisse.

José Luis Roque en était à sa troisième tentative, sans doute pas sa dernière : "si les choses continuent à être aussi difficiles, aussi dures, je n'ai pas d'autre choix pour ma famille, pour mes enfants, je réessayerai", affirme-t-il.


Meta va dépenser plus de 10 milliards de dollars chez Google en services de cloud

Un logo de la société américaine Meta est affiché lors du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 mai 2024. (AFP)
Un logo de la société américaine Meta est affiché lors du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 mai 2024. (AFP)
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  • Meta a conclu un accord de 6 ans avec Google Cloud pour utiliser ses infrastructures, dans le but de rattraper son retard en intelligence artificielle face à OpenAI et Google
  • Mark Zuckerberg ambitionne de bâtir l’équipe IA « la plus talentueuse » de l'industrie, avec une puissance de calcul inégalée pour concevoir une intelligence artificielle surpassant celle des humains

San Francisco: Meta (Facebook, Instagram) a signé un contrat avec Google Cloud de plus de 10 milliards de dollars pour utiliser ses serveurs et d'autres services d'informatique à distance, d'après une source proche du dossier.

L'information a initialement été révélée par The Information, média spécialisé dans le secteur des technologies.

Le contrat, qui s'étend sur six ans, est l'un des plus gros jamais obtenu par la branche de cloud de Google depuis sa création il y a 17 ans.

Mi-juillet, le patron de Meta Mark Zuckerberg a fait part de sa volonté d'investir des "centaines de milliards de dollars" dans des infrastructures d'intelligence artificielle, en vue de parvenir à son objectif affiché: construire une IA plus intelligente que les humains.

Les géants des technologies dépensent des sommes colossales pour améliorer leurs modèles d'IA générative, qui nécessitent d'énormes puissance de calcul, et donc des puces informatiques de pointe et beaucoup d'énergie.

Meta compte donc faire construire des réseaux informatiques de plusieurs gigawatts, mais ne peut pas se permettre de prendre plus de retard qu'il n'en a déjà sur les leaders du secteur, notamment OpenAI (ChatGPT) et Google.

Le groupe californien a aussi débauché des employés d'OpenAI, Google et Anthropic à coup de primes conséquentes.

Mark Zuckerberg veut constituer "l'équipe la plus élitiste et la plus dense en talents de toute l'industrie", qui disposerait "d'un niveau de puissance de calcul sans équivalent dans le secteur", selon ses propos.

Meta n'a pas réagi à une sollicitation de l'AFP jeudi.

Google Cloud, numéro trois de l'informatique à distance derrière AWS (Amazon) et Microsoft, a vu ses ventes bondir de 32% au deuxième trimestre, pour dépasser les 13 milliards de dollars.

"Quasiment toutes les licornes (start-up valorisées à au moins un milliard de dollars, ndlr) de l'IA générative utilisent Google Cloud", s'est félicité la patron de la firme californienne Sundar Pichai, lors de la conférence aux analystes fin juillet.

OpenAI, pourtant partenaire privilégié de Microsoft dans l'IA, a aussi signé un contrat avec Google Cloud récemment.


Zelensky accuse Poutine de vouloir "se soustraire" à une rencontre pour la paix

Cette combinaison d'images créée le 18 août 2025 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) à Washington, DC, le 18 août 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Anchorage, Alaska, le 15 août 2025. (AFP)
Cette combinaison d'images créée le 18 août 2025 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) à Washington, DC, le 18 août 2025 et le président russe Vladimir Poutine à Anchorage, Alaska, le 15 août 2025. (AFP)
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  • Volodymyr Zelensky reproche à la Russie de fuir les pourparlers de paix malgré les efforts diplomatiques
  • Alors que les discussions sur les garanties de sécurité se poursuivent, Kiev a testé avec succès un nouveau missile longue portée, illustrant sa volonté d'assurer sa défense indépendamment des alliés

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi son homologue russe Vladimir Poutine de chercher à "se soustraire" à une rencontre destinée à trouver une issue à la guerre provoquée par l'invasion russe, Donald Trump lui-même tempérant son enthousiasme.

"A l'heure actuelle, les signaux envoyés par la Russie sont tout simplement indécents. Ils essaient de se soustraire à la nécessité d'organiser une réunion", a accusé M. Zelensky dans son adresse quotidienne sur les réseaux sociaux jeudi soir.

A la place, les Russes "poursuivent leurs attaques massives contre l'Ukraine et leurs assauts féroces le long de la ligne de front", a-t-il dénoncé.

La Russie a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une attaque massive sur l'Ukraine, utilisant 574 drones et 40 missiles, selon l'armée de l'air ukrainienne, un nombre record depuis la mi-juillet.

Ces frappes ont fait deux morts, un à Kherson et un autre à Lviv, dans l'ouest du pays. Elles ont aussi largement détruit une entreprise américaine dans la ville de Moukatchevo, dans l'ouest de l'Ukraine, a précisé M. Zelensly.

"Les Russes savaient exactement où ils avaient lancé les missiles. Nous croyons qu'il s'agissait d'une frappe délibérée spécifiquement sur une propriété appartenant à des Américains", a noté le président ukrainien. L'attaque contre Moukatchevo a fait 23 blessés, selon un nouveau bilan des autorités locales.

- "Approche différente" -

Très satisfait de sa rencontre avec M. Poutine le 15 août, Donald Trump a reconnu jeudi qu'il n'en saurait davantage sur les chances de paix que "dans les deux prochaines semaines".

"Après cela, nous devrons peut-être adopter une approche différente", a-t-il estimé sans plus de détail.

Après avoir rencontré M. Poutine en Alaska puis M. Zelensky lundi à la Maison Blanche, Donald Trump avait dit préparer une rencontre entre les dirigeants russe et ukrainien. Mais la participation des belligérants semble encore loin d'être acquise.

Si Vladimir Poutine semble avoir accepté le principe de cette rencontre, qu'il refusait jusque-là, ni date ni lieu n'ont été annoncés, et Moscou a souligné mercredi qu'une telle rencontre devait être "préparée avec le plus grand soin".

Paris a dénoncé jeudi une "absence de volonté" de la Russie de mettre fin à la guerre.

Volodymyr Zelensky, de son côté, a déclaré devant un groupe de médias parmi lesquels l'AFP vouloir comprendre "l'architecture des garanties de sécurité d'ici sept à dix jours" .

Ensuite, "nous devrions avoir une réunion bilatérale dans une semaine ou deux", a souhaité le dirigeant ukrainien, dont ce serait le cas échéant la première rencontre avec son homologue russe depuis 2019.

M. Zelensky a proposé la Suisse, l'Autriche ou la Turquie pour une éventuelle rencontre. Il a en revanche écarté la Hongrie, jugée trop proche du Kremlin.

- Nouveau missile -

Les contacts diplomatiques se sont accélérés ces dernières semaines pour trouver une issue à la guerre provoquée par l'invasion russe en février 2022, mais positions de Moscou et Kiev restent diamétralement opposées, notamment sur la question des territoires ukrainiens occupés.

Trouver un accord sur les garanties de sécurité s'annonce également complexe.

Européens et Américains ont évoqué ces derniers mois différentes possibilités allant de garanties similaires au fameux "article 5" de l'Otan au déploiement d'un contingent militaire en Ukraine.

Epine dorsale de l'Otan, à laquelle ni Moscou ni Washington ne veulent voir l'Ukraine adhérer, l'article 5 stipule que toute attaque contre un pays membre est considérée comme une attaque contre tous.

Kiev considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l'envahir à l'avenir, d'où l'importance de ces garanties.

Moscou, qui qualifie l'expansion de l'Otan à ses frontières comme l'une des "causes profondes" ayant mené au conflit, rejette de son côté catégoriquement la plupart des scénarios envisagés.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a averti jeudi que tout déploiement d'un contingent militaire européen en Ukraine serait "inacceptable".

Parallèlement, l'Ukraine cherche à augmenter sa production d'armement, une façon de réduire sa dépendance à l'aide des alliés.

Volodymyr Zelensky a ainsi affirmé jeudi que son pays avait testé avec succès un nouveau missile d'une portée de 3.000 kilomètres appelé Flamingo.


L'Afrique peut devenir une "superpuissance du renouvelable", dit Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 9) à Yokohama, préfecture de Kanagawa, au sud de Tokyo, le 21 août 2025. (AFP)
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  • L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres
  • Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures

YOKOHAMA: L'Afrique a tout pour devenir une "superpuissance du renouvelable", a affirmé jeudi le chef de l'ONU Antonio Guterres, en appelant à davantage d'investissements dans l'énergie verte sur ce continent riche en ressources.

"Nous devons mobiliser des financements et des technologies, afin que la richesse naturelle de l'Afrique profite aux populations africaines. Nous devons construire une base florissante pour les énergies renouvelables et leur production à travers le continent", a déclaré M. Guterres lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD).

"L'Afrique a tout ce qu'il faut pour devenir une superpuissance du renouvelable, du solaire et de l'éolien aux minéraux critiques qui alimentent les nouvelles technologies", a-t-il affirmé.

"L'énergie verte en Afrique réduit les coûts énergétiques, diversifie les chaînes d'approvisionnement et accélère la décarbonation pour tous", a ajouté le chef de l'ONU, qui s'est exprimé dans le cadre de ce rassemblement de trois jours auquel assistent une cinquantaine de pays africains.

Le Japon souhaite profiter de cette 9e TICAD pour se présenter comme une alternative à la Chine au moment où le continent africain fait face à une crise de la dette et souffre du changement climatique.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi en Afrique, finançant à coup de milliards de dollars la construction de ports maritimes, de chemins de fer, de routes et d'autres projets d'infrastructures.

Mais les pays africains font désormais face à une "vague" de dettes envers la Chine et les créanciers privés, avait averti en mai l'Institut Lowy, un cercle de réflexion australien.

A cela s'ajoute la réduction de l'aide occidentale, en particulier depuis le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) par le président américain Donald Trump.

M. Guterres a également averti que "la dette ne doit pas étouffer le développement" et que l'Afrique a besoin de financements et d'une plus grande capacité de prêt des banques multilatérales de développement.

Parmi les participants, le président du Kenya, William Ruto, a déclaré sur X que son pays était en négociation avec le constructeur automobile japonais Toyota pour la fourniture de 5.000 "véhicules électriques" dans le cadre de l'"engagement du pays envers l'énergie propre".

Dans son discours d'ouverture mercredi, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé un plan pour former 30.000 personnes à l'intelligence artificielle en Afrique sur trois ans et pour étudier l'idée d'un partenariat économique Japon-Afrique.

"L'Afrique, avec un âge médian de 19 ans, déborde de vitalité juvénile. La clé pour faire de l'Afrique le prochain centre de croissance est de renforcer les capacités des jeunes et des femmes et de leur assurer un emploi," a déclaré Ishiba.