Fin de semaine décisive pour la Finlande et la Suède sur l'Otan

Une photo prise le 28 avril 2022 au Parlement européen à Bruxelles montre un drapeau de l'OTAN et les étoiles de l'Union européenne. (AFP)
Une photo prise le 28 avril 2022 au Parlement européen à Bruxelles montre un drapeau de l'OTAN et les étoiles de l'Union européenne. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 10 mai 2022

Fin de semaine décisive pour la Finlande et la Suède sur l'Otan

  • En Finlande comme en Suède, la guerre initiée par Moscou en Ukraine a fait complètement basculer l'opinion publique, jusque-là très partagée
  • L'adhésion de la Finlande doublerait aussi la frontière terrestre de l'Otan avec la Russie, la portant à environ 2 600 kilomètres

 

STOCKHOLM: La Finlande et la Suède arrivent à l'heure des choix pour leurs probables candidatures à l'Otan, avec une officialisation attendue dans les prochains jours, a minima côté finlandais.


Moins de trois mois après l'invasion de l'Ukraine, les deux pays nordiques se retrouvent aux portes de l'alliance militaire occidentale, en quête de son parapluie de sécurité - notamment des Etats-Unis - face à la menace russe.


"Il est sûr à 100% que la Finlande va être candidate, et assez probable qu'elle soit membre d'ici la fin de l'année", affirme à l'AFP Charly Salonius-Pasternak, chercheur à l'Institut finlandais des affaires internationales.


En Finlande comme en Suède, la guerre initiée par Moscou en Ukraine a fait complètement basculer l'opinion publique, jusque-là très partagée.
 

Ce qu'il faut savoir sur la possible adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan

Après des années à l'écart des alliances militaires, la Suède et la Finlande se préparent à une possible candidature à l'Otan pour tenter de dissuader leur voisin russe de les agresser, après l'invasion de l'Ukraine.

Un tournant historique  

Pendant des décennies, la plupart des Suédois et des Finlandais ont été attachés à leur longue politique de non-alignement militaire. 


Mais l'invasion de l'Ukraine le 24 février a marqué un tournant drastique, notamment pour la Finlande qui partage une frontière de près de 1 300 kilomètres avec la Russie. 


Alors que le soutien à une intégration tournait autour de 20 à 30% depuis 20 ans, les derniers sondages suggèrent aujourd'hui que plus de 70% des Finlandais et 50% des Suédois soutiennent une adhésion.


Dans les deux pays, de nombreux partis ont ou sont en train de changer de position sur la question. Au Parlement finlandais, une très nette majorité en faveur de l'adhésion se dessine. En Suède, le parti social-démocrate, historiquement opposé à l'Otan, doit se prononcer entre le 15 et le 24 mai, tandis que l'opposition de droite pousse pour l'adhésion.

Neutralité et non-alignement

Cédée par la Suède à la Russie en 1809, la Finlande proclame son indépendance de la Russie à l'occasion de la révolution bolchévique de 1917.


Envahie par l'Union soviétique en 1939, le pays résiste vaillamment lors des trois mois de la Guerre d'Hiver. Après la reprise du conflit en 1941, la Finlande est contrainte à un armistice après trois ans de combats.


Au terme d'un traité "d'amitié" signé en 1948 sous la pression de Moscou, les dirigeants finlandais acceptent de rester en dehors de la coopération militaire occidentale dans une forme de neutralité forcée restée dans l'histoire sous le nom de "finlandisation".


Le pays échappe au rang d'Etat satellite de l'URSS, mais reste sous l'oeil de Moscou sur sa politique étrangère et militaire.


Après la chute de l'Union soviétique, la Finlande adhère à l'Union européenne (1995) et au Partenariat pour la paix de l'Otan, mais reste officiellement militairement non-alignée. 


La Suède, elle, a maintenu pendant près de deux siècles une politique officielle de neutralité héritée de la fin des guerres napoléoniennes, notamment durant les deux guerres mondiales.


Si elle a participé à des missions militaires en Afghanistan ou plus récemment au Mali, le pays n'a pas été en guerre depuis un conflit en 1814 avec la Norvège.


Dans les années 1990, sa politique de neutralité est amendée en un non-alignement militaire "visant à permettre" la neutralité en cas de guerre.


Tout en restant en dehors de l'Otan, les deux pays ont tissé des liens toujours plus étroits avec l'alliance, qui les considère désormais comme les deux Etats non-membres les plus proches.


Les deux pays ont ainsi participé à des missions menées par l'Otan dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak, ainsi qu'à de nombreux exercices conjoints.

Armée: réserves massives en Finlande, réinvestissement en Suède

Durant la Guerre froide, Suède et Finlande consacrent d'importants moyens (4 à 5% de leur PIB) à leurs armées, conséquence de leur absence d'alliés militaires.


Avec la disparition de la menace soviétique, toutes deux réduisent leurs crédits, mais la Finlande maintient un recours massif au service militaire et aux réservistes.


Avec ses 5,5 millions d'habitants, la Finlande peut ainsi compter sur une armée en temps de guerre de 280.000 soldats aptes au combat, plus 600.000 autres réservistes, une force exceptionnelle pour une nation européenne. 


L'armée professionnelle ne compte toutefois que 12.000 soldats, même si elle forme 21.000 conscrits chaque année.


La Suède a elle davantage désinvesti, passant de 2,6% du PIB en 1990 à 1,2% en 2020. Mais le pays a commencé à inverser la tendance après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.


Le service militaire obligatoire, supprimé en 2010 a été réintroduit en partie en 2017. Actuellement, l'armée suédoise compte quelque 50 000 soldats. 


Les deux pays ont annoncé d'importants investissements militaires depuis le début de la guerre en Ukraine. 

Selon un sondage lundi de la télévision publique Yle, 76% des Finlandais sont désormais favorables à rejoindre l'Otan - un record - contre à peine 20-30% ces dernières années.


Après des semaines d'intenses consultations intérieures et internationales, les signes d'une annonce imminente se sont multipliés ces derniers jours dans les deux pays.


En Suède, le parti social-démocrate au pouvoir, dont un feu vert assurerait une nette majorité au Parlement pour l'adhésion, a fait savoir qu'il ferait connaître sa décision dès ce dimanche. Soit une dizaine de jours plus tôt que prévu initialement.


Même si Stockholm se montre plus hésitant qu'Helsinki, pour Elisabeth Braw, experte de la défense des pays nordiques à l'American Enterprise Institute, la Suède va bien candidater et le fera "très probablement" conjointement avec son voisin.


Prise de court par la vitesse finlandaise, la Suède - habituée à longuement peser le pour le contre - a aussi intérêt à suivre le rythme, aussi parce que l'armée russe est à la peine sur le front ukrainien.

«Timing parfait»
"Avant, les sociaux-démocrates suédois disaient toujours: +on y pensera quand la Finlande adhèrera+. Mais parce qu'ils pensaient que la Finlande n'adhèrerait jamais", relève Mme Braw.


"Du point de vue des risques, le timing est parfait. La Russie est tellement occupée ailleurs (en Ukraine) qu'il sera très dur pour elle de répliquer ou de répondre militairement", souligne l'experte.


En Finlande, le président finlandais Sauli Niinistö doit rendre publique jeudi sa position "personnelle" sur la question. Et celle du parti social-démocrate de la Première ministre Sanna Marin est attendue d'ici samedi au plus tard.


Selon le quotidien Iltalehti, un comité clé réunissant les deux têtes de l'exécutif finlandais et des ministres doit se réunir dimanche pour prendre la décision.


Sollicité, le gouvernement finlandais n'a pas fait de commentaire, soulignant que les dates de réunion du comité étaient confidentielles.


Une guerre affichée par Vladimir Poutine comme une réponse à des velléités d'élargissement de l'Otan vers l'est aurait donc comme conséquence directe de pousser deux pays européens supplémentaires à se placer dans le giron de l'Otan.


L'adhésion de la Finlande doublerait aussi la frontière terrestre de l'Otan avec la Russie, la portant à environ 2 600 kilomètres.


Ces dernières semaines, les multiples avertissements de Moscou sur les conséquences "politiques et militaires" d'une adhésion, avec l'envoi possible de renforts y compris nucléaires aux abords de la mer Baltique ont plutôt eu pour effet de renforcer la détermination suédo-finlandaise.

Adhésion à l'Otan: un examen de passage codifié pour les pays candidats

L'adhésion à l'Otan impose au pays candidat un véritable examen d'entrée au cours duquel il doit convaincre chacun des trente membres de l'Alliance de son apport pour la sécurité collective et de sa capacité à répondre aux obligations imposées par le club.


Le processus est codifié: une fois la décision prise par un pays tiers d'adhérer, les membres de l'Otan doivent accepter à l'unanimité de l'inviter à les rejoindre.


Cette invitation lance les pourparlers d'adhésion: deux réunions ont lieu au siège de l'organisation à Bruxelles, où le postulant doit convaincre les représentants des pays membres et les experts de l'Alliance de sa capacité à accepter "les obligations et engagements politiques, juridiques et militaires découlant du Traité de Washington et de l'Etude (de 1995) sur l'élargissement de l'Otan".


Les entretiens au siège de l'Otan permettent de débattre des questions juridiques, des ressources, de la sécurité, de la protection des informations classifiées et de la contribution au budget commun, basée sur la taille de l'économie du pays par rapport à celle des autres membres de l'Alliance.

Le pays candidat doit s'engager à accomplir les réformes nécessaires et doit ensuite adresser "une lettre d'intention" au secrétaire général de l'Otan avec "un calendrier d'exécution des réformes".

L'étape finale est la ratification du protocole d'adhésion par chacun des États membres de l'Otan: ils transmettent leur acceptation du nouveau membre au gouvernement des Etats-Unis, dépositaire du Traité de l'Atlantique Nord.

Le "un pour tous, tous pour un" de l'article 5 (solidarité en cas d'agression) ne s'applique qu'une fois terminée la ratification par l'ensemble des Etats membres. Le processus à pris une année pour le 30e membre, la Macédoine du Nord.

Membres de l'Union européenne, la Suède et la Finlande bénéficient de la clause d'assistance mutuelle prévue par l'article 42-7 pour la période du processus de ratification de leur adhésion à l'Otan.

Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, a assuré aux deux candidats qu'ils seront accueillis "les bras ouverts" s'ils décident de rejoindre l'Alliance dont ils sont déjà des "partenaires".

Il leur a promis un processus d'adhésion "rapide" et "des solutions" pour répondre à leurs préoccupations de sécurité entre l'acte de candidature et l'adhésion finalisée.

Si aucun pays tiers n'a un droit de veto sur les adhésions à l'Otan, lors de l'examen des candidatures de la Suède et de la Finlande "se posera la question de la réaction de la Russie", a souligné un diplomate de l'Alliance.

Moscou est opposé à l'adhésion de la Finlande, refusant l'installation de bases de l'Alliance sur le territoire d'un pays avec lequel la Russie partage une longue frontière commune.

Exercices 
Sur l'île suédoise du Gotland, au positionnement stratégique au milieu de la Baltique, des forces de réserve de la Garde nationale ont été activées pour un mois et la semaine prochaine coïncide avec d'importants exercices militaires annuels en Finlande et en Suède.


Avec 12 000 soldats professionnels mais 21 000 conscrits par an et une armée de temps de guerre de 280 000 soldats, ainsi qu'une très puissante artillerie et soixante avions de combat, la Finlande est une force massive pour un pays de seulement 5,5 millions d'habitants.


Même si l'après-guerre froide a été marquée par d'importants désinvestissements et coupe d'effectifs, la Suède dispose elle aussi d'une armée moderne répondant déjà aux standards exigés par l'Otan, et d'une industrie d'armement de pointe.


Sans être membres jusqu'ici, les deux pays ont déjà fait beaucoup de chemin pour quitter leur neutralité historique et se rapprocher de l'alliance, du moins militairement.


"On assiste à une bascule majeure dans l'opinion et d'un point de vue politique, mais militairement ce n'est pas le cas, tout simplement car ils sont déjà très proches de l'Otan", souligne Mme Shaw.


"Ils vont épouser l'Otan après avoir vécu en concubinage", note-t-elle.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Short Url
  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Short Url
  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Short Url
  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.