Ressusciter le projet de gazoduc MidCat, un pari ambitieux mais compliqué

Depuis la guerre en Ukraine, l'UE s'est engagée à mettre fin à sa dépendance au gaz russe, qui représente près de 40% de sa consommation, ce qui a relancé l'intérêt stratégique d'une interconnexion entre l'Espagne et la France. (AFP)
Depuis la guerre en Ukraine, l'UE s'est engagée à mettre fin à sa dépendance au gaz russe, qui représente près de 40% de sa consommation, ce qui a relancé l'intérêt stratégique d'une interconnexion entre l'Espagne et la France. (AFP)
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Publié le Mardi 10 mai 2022

Ressusciter le projet de gazoduc MidCat, un pari ambitieux mais compliqué

  • Le MidCat revêt une importance «cruciale» pour «réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes» et «mettre fin au chantage du Kremlin», a insisté Ursula von der Leyen
  • La mise en œuvre du MidCat se heurte toutefois à plusieurs obstacles, à commencer par son coût – évalué en 2018 à 440 millions d'euros – et la durée des travaux, estimée à trois ou quatre ans

MADRID: Depuis l'invasion de l'Ukraine, l'Espagne réclame la relance du projet de gazoduc MidCat, destiné à renforcer son interconnexion gazière avec la France et l'indépendance énergétique de l'UE à l'égard de la Russie. Un objectif ambitieux mais qui se heurte à plusieurs obstacles.

Qu'est-ce que le MidCat ?

Lancé initialement en 2003, le projet MidCat (Midi-Catalogne) visait à relier les réseaux gaziers français et espagnol via un pipeline de 190 kilomètres allant d'Hostalric, au nord de Barcelone, à Barbaira, à l'est de Carcassonne, en passant par les Pyrénées.

Son but était de faire remonter le gaz provenant d'Algérie vers le reste de l'Europe et de mettre fin à l'isolement énergétique de la péninsule ibérique, que seuls deux gazoducs de faible capacité relient à la France et donc au reste de l'UE.

Après plusieurs années de travaux, le projet, rebaptisé STEP (South Transit East Pyrenees), a finalement été abandonné début 2019 après l'avis défavorable des régulateurs français et espagnol.

En cause : son impact environnemental, dénoncé par les écologistes, et son manque d'intérêt économique. Une étude commandée par la Commission européenne avait en effet conclu en 2018 qu'il ne pourrait pas être rentable.

Pourquoi le relancer ?

Depuis la guerre en Ukraine, l'UE s'est engagée à mettre fin à sa dépendance au gaz russe, qui représente près de 40% de sa consommation, ce qui a relancé l'intérêt stratégique d'une interconnexion entre l'Espagne et la France.

L'Espagne est en effet relié à l'Algérie par un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres, le Medgaz, ainsi que par un deuxième pipeline, le GME – mis hors service à l'automne par Alger sur fond de crise diplomatique avec le Maroc mais qui n'a pas pour autant été démonté.

Le pays dispose en outre de six terminaux destinés à regazéifier le gaz naturel liquéfié (GNL), soit plus que n'importe quel autre pays européen. Ce réseau, auquel s'ajoute un port gazier au Portugal, pourrait faire de la péninsule une porte d'entrée de choix pour le gaz dans l'UE.

Le MidCat revêt une importance "cruciale" pour "réduire notre dépendance aux énergies fossiles russes" et "mettre fin au chantage du Kremlin", a ainsi insisté vendredi à Barcelone la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Quels obstacles ?

La mise en œuvre du MidCat se heurte toutefois à plusieurs obstacles, à commencer par son coût – évalué en 2018 à 440 millions d'euros – et la durée des travaux, estimée à trois ou quatre ans.

"Le MidCat ne peut pas être abordé comme une solution à court terme", a ainsi rappelé mi-mars l'ambassadeur de France en Espagne, Jean-Michel Casa, dans le quotidien barcelonais La Vanguardia.

À ce problème s'ajoute le manque de connexions entre la France et l'Allemagne, principal pays intéressé par le gaz pouvant venir d'Espagne : sans travaux additionnels, "il pourrait y avoir un goulot d'étranglement", a insisté M. Casa.

Une analyse partagée par Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris, qui juge "plus simple d'amener le gaz directement par bateau en Allemagne" que de "construire un tuyau entre l'Espagne et la France".

"Cela implique bien sûr de construire des terminaux gaziers en Allemagne", mais leur coût ne serait "pas plus élevé" que celui du Midcat, assure-t-il à l'AFP.

Quels soutiens ?

Malgré le débat encore vif sur son utilité, le MidCat bénéficie d'importants soutiens en Espagne, où les autorités régionales catalanes comme le gouvernement central poussent pour que Bruxelles déclare le projet "d'intérêt communautaire".

La France s'est montrée jusqu'à présent plus réservée. Mais selon Madrid, cette position est en train d'évoluer : il y a une nouvelle "perception des risques et opportunités", a ainsi assuré mercredi la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera, pour qui Paris "a compris" qu'il fallait "faire" le MidCat.

Le projet pourrait néanmoins achopper sur son financement. Pour Madrid, le coût doit reposer sur Bruxelles et non sur les contribuables espagnols, car ce projet bénéficierait à l'ensemble de l'UE. Si elle le juge "crucial", la Commission ne s'est pas encore engagée à le financer.

Tout dépendra sans doute des contours exacts du projet : soucieux de défendre sa viabilité, Madrid a plaidé ces dernières semaines pour un gazoduc compatible avec le transport d'hydrogène vert. Une réorientation de nature à convaincre Bruxelles, qui souhaite financer prioritairement les énergies renouvelables.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com