Décès de Léonid Kravtchouk, l'homme de l'indépendance de l'Ukraine

L'ancien président ukrainien Leonid Kravchuk, qui a conduit l'Ukraine à l'indépendance au milieu de l'effondrement de l'Union soviétique et en a été le premier président, est décédé mardi. Il avait 88 ans (Photo, AP).
L'ancien président ukrainien Leonid Kravchuk, qui a conduit l'Ukraine à l'indépendance au milieu de l'effondrement de l'Union soviétique et en a été le premier président, est décédé mardi. Il avait 88 ans (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

Décès de Léonid Kravtchouk, l'homme de l'indépendance de l'Ukraine

  • Homme aux cheveux gris et au sourire narquois, Léonid Kravtchouk était connu pour son sens politique
  • En 1991, il se faisait facilement élire dès le 1er tour président de l'Ukraine indépendante

KIEV: Léonid Kravtchouk, décédé mardi à 88 ans en pleine invasion russe, fut l'un des fossoyeurs de l'URSS qui en tant que premier président de l'Ukraine indépendante rendit à Moscou l'arsenal nucléaire hérité de l'Union soviétique, le troisième au monde.

"Léonid Kravtchouk était non seulement un homme politique et une figure historique, mais aussi une personne qui savait trouver des mots sages pour que tous les Ukrainiens l'entendent", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, rendant hommage à "sagesse" d'un homme qui "avait connu la Seconde Guerre mondiale et l'occupation".

"Il connaissait le prix de la liberté et voulait de tout son cœur la paix pour l'Ukraine. On va le faire, on va vaincre".

Homme aux cheveux gris et au sourire narquois, Léonid Kravtchouk était connu pour son sens politique, qui ne le sauva toutefois pas du mécontentement populaire.

En août 1991, celui qui était alors le dirigeant de la république socialiste soviétique d'Ukraine réussit en quelques jours à persuader la majorité communiste du Parlement de proclamer l'indépendance du pays.

Quelques mois plus tard, il se faisait facilement élire dès le 1er tour président de l'Ukraine indépendante, jouant la carte du compromis entre les communistes et les nationalistes et gagnant à cette occasion un surnom, "Renard rusé".

Puis, le 8 décembre 1991, Léonid Kravtchouk paraphait avec ses homologues de la Russie et du Bélarus soviétiques, Boris Eltsine et Stanislav Chouchkevitch, un traité organisant la dissolution de l'URSS, signant l'arrêt de mort de l'empire soviétique.

Né en 1934 dans une famille paysanne de la région de Rivne, alors en territoire polonais, Léonid Kravtchouk s'était jusqu'à cette époque hissé patiemment au sommet de la hiérarchie soviétique, à la faveur d'une longue carrière de bureaucrate. Diplômé d'une école spéciale du Parti communiste, il avait passé trente ans au département de la propagande du Parti.

Chance ratée

La victoire à l'élection présidentielle ukrainienne de Léonid Koutchma, profondément lié au système communiste, est toutefois considérée par beaucoup comme une chance ratée pour l'Ukraine. Celle, notamment, de suivre les États baltes ou la Pologne sur la voie d'une intégration européenne et du développement économique.

Durant son mandat, de 1992 à 1994, le taux d'inflation en Ukraine dépasse les 1000%, les scandales de corruption sont courants et des dizaines de banques font faillite, provoquant une baisse radicale du niveau de vie dans cette ex-république soviétique considérée comme une des plus privilégiées.

Symbole de cette époque, le cabas à deux roues dans lesquels les Ukrainiens amenaient leurs biens au marché pour tenter de joindre les deux bouts gagnera le surnom de "kravtchoutchka".

Parallèlement, l'Ukraine indépendante se retrouve sous la pression de Moscou et de Washington. Craignant une potentielle catastrophe, les deux puissances obligent Kiev à rendre ses armes nucléaires héritées de l'URSS.

Des dizaines de missiles balistiques et de bombardiers stratégiques sont rendus à Moscou. Si elle a longtemps semblé anodine, cette décision est revenue au premier plan en 2014 après l'annexion de la Crimée et le déclenchement d'une guerre entre Kiev et des séparatistes pro-russes soutenus par Moscou, certains observateurs y voyant là une grave erreur.

Dès lors, la popularité de Léonid Kravtchouk chute. En 1994, une crise politique l'oblige à appeler une élection présidentielle anticipée qu'il perd face à son ancien Premier ministre Léonid Koutchma, considéré comme prorusse.

Elu ensuite député, Léonid Kravtchouk continuera une carrière politique sans grand éclat jusqu'en 2006, date à laquelle il perd son mandat à la Rada (parlement) ukrainienne.

Il fera en 2020 un bref retour sur la scène politique, acceptant l'offre du président Volodymyr Zelensky de devenir un des négociateurs ukrainiens dans les pourparlers avec la Russie sur le règlement du conflit dans l'Est du pays.


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".