Le Sri Lanka ordonne «l'offensive» pour éviter «l'anarchie» autour des manifestations

Des manifestants anti-gouvernementaux prennent part à une manifestation près du bureau du président à Colombo, le 10 mai 2022. De nouvelles manifestations ont éclaté dans la capitale du Sri Lanka le 10 mai, défiant le couvre-feu imposé par le gouvernement après la mort de cinq personnes dans les pires violences de ces semaines de manifestations contre la crise économique. (AFP)
Des manifestants anti-gouvernementaux prennent part à une manifestation près du bureau du président à Colombo, le 10 mai 2022. De nouvelles manifestations ont éclaté dans la capitale du Sri Lanka le 10 mai, défiant le couvre-feu imposé par le gouvernement après la mort de cinq personnes dans les pires violences de ces semaines de manifestations contre la crise économique. (AFP)
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

Le Sri Lanka ordonne «l'offensive» pour éviter «l'anarchie» autour des manifestations

  • Après l'incendie mardi soir tard d'un hôtel de luxe appartenant à un membre du clan des Rajapaksa dans le sud du pays, la police a dans plusieurs endroits tiré en l'air pour disperser la foule qui brûlait des véhicules
  • Les forces de l'ordre de 85 000 hommes, ont pour ordre de tirer à balles réelles sur les fauteurs de troubles, a ajouté le responsable. Lundi soir, l'armée avait reçu l'ordre de tirer à vue pour réprimer les émeutes

COLOMBO : La police du Sri Lanka a reçu l'ordre de passer à l'offensive et de tirer à balles réelles pour éviter "l'anarchie" dans le pays, a annoncé mercredi un de ses responsables, après une autre nuit d'incendies sporadiques et deux jours d'affrontements meurtriers.

Depuis lundi, les violences autour des manifestations antigouvernementales ont fait huit morts et plus de 225 blessés, selon la police, dans cette île de 22 millions d'habitants engluée dans la pire crise économique de son histoire. 

"Il ne s'agit plus de colère spontanée, mais de violence organisée", a déclaré mercredi à l'AFP un haut-responsable de la police en annonçant que ses forces, fortes de 85 000 hommes, ont désormais ordre de tirer à balles réelles sur les fauteurs de troubles.

"Si la situation n'est pas maîtrisée, cela pourrait tourner à l'anarchie totale", a-t-il ajouté, précisant par ailleurs que la sécurité de plusieurs juges menacés avait également été renforcée.

Après l'incendie mardi soir tard d'un hôtel de luxe appartenant à un membre du clan des Rajapaksa dans le sud du pays, la police a dans plusieurs endroits tiré en l'air pour disperser la foule qui brûlait des véhicules.

L'armée avait elle reçu dès mardi soir l'ordre de tirer à vue pour réprimer les émeutes.

«Tellement corrompus»

La population de l'île est excédée par des mois de graves pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments et de coupures d'électricité, et des manifestations pacifiques réclament depuis des semaines la démission du président Gotabaya Rajapaksa.

Des partisans du gouvernement, acheminés de province lundi dans la capitale Colombo et galvanisés par son frère, le Premier ministre démissionnaire Mahinda Rajapaksa, ont mis le feu aux poudres en attaquant les manifestants.

A 76 ans, le chef du clan des Rajapaksa a démissionné lundi de ses fonctions à la suite des sanglants affrontements qui ont suivis. Peu avant l'aube mardi, il a dû être exfiltré par l'armée de sa résidence officielle assiégée à Colombo.

Cette démission est "un événement important, les gens en sont vraiment satisfaits", a estimé Kaushalya Fernando, actrice et militante des droits.

Mais "cela ne  suffit pas", a-t-elle insisté, ajoutant: "Nous voulons le départ de tout le clan des Rajapaksa, ils sont tellement, tellement corrompus", "ils ont rongé le Sri Lanka, comme une chenille ronge un fruit ou une feuille".

Couvre-feu prolongé

Le couvre-feu, décrété peu après le début des affrontements, devait être levé mercredi matin mais a été prolongé de 24 heures. Des manifestants le bravaient mercredi en maintenant leurs campement devant le bureau du président.

Gotabaya Rajapaksa est resté en fonction et jouit de pouvoirs étendus et du commandement des forces de sécurité.

Selon Chandana Aluthge, professeur d'économie à l'université de Colombo, la population "en a ras-le-bol" et n'a plus le luxe de compter sur le processus démocratique. 

"Même si au Sri Lanka, où nous avons atteint un statut de société moderne, le système de gouvernance est en fait très proche d'un très vieux système féodale", souligne-t-il. 

Le président Rajapaksa a appelé mercredi sur Twitter "tous les Sri-Lankais à se donner la main comme un seul homme, pour surmonter les défis économiques, sociaux et politiques".

Mais le principal parti d'opposition, le SJB, a réaffirmé mercredi qu'il participerait pas à un gouvernement sous son autorité.

«La violence est provoquée»

"La violence est provoquée (par les autorités) afin d'établir un régime militaire", a dénoncé le chef de l'opposition Sajith Premadasa sur Twitter, a en réclamant que "l'état de droit" soit "maintenu par la constitution et non par les ARMES". 

En écho aux appels des Nations unies et de l'Union européenne, les États-Unis se sont dits à la fois préoccupés par l'escalade de la violence et par le déploiement de l'armée. 

"Les manifestants pacifiques ne doivent jamais être soumis à la violence ou à l'intimidation, que ce soit de la part de l'armée ou d'unités civiles", a souligné mardi devant la presse Ned Price, porte-parole du département d'État, à Washington.

Le Sri Lanka, en défaut sur sa dette extérieure évaluée à 51 milliards de dollars depuis le 12 avril, est actuellement en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un éventuel renflouement.

"Nous suivons de près l'évolution de la situation au Sri Lanka et sommes préoccupés par la montée des tensions sociales et de la violence", a déclaré Masahiro Nozaki, chef de la mission du FMI au Sri Lanka, dans un communiqué. 


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.