La révélation du massacre de Tadamon lève le voile sur les atrocités de la guerre en Syrie

Images amateurs du massacre de Tadamon, à Damas, où l'on voit clairement des miliciens tirer sur des gens. (AFP)
Images amateurs du massacre de Tadamon, à Damas, où l'on voit clairement des miliciens tirer sur des gens. (AFP)
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

La révélation du massacre de Tadamon lève le voile sur les atrocités de la guerre en Syrie

  • Une vidéo confirme les pires craintes des familles de la banlieue de Damas, près de dix ans après la disparition de leurs proches
  • Un crime de masse a été révélé par une enquête du journal The Guardian et du magazine New Lines

DUBAI : En 2013, quarante et un civils au total ont été assassinés de sang-froid en un seul incident. Un par un, les détenus aux yeux bandés ont été amenés au bord d'une fosse fraîchement creusée dans la banlieue de Damas, à Tadamon, et ils ont été abattus de manière systématique. Les corps, empilés les uns sur les autres, ont ensuite été incendiés.

Les images de ce massacre perpétré par des miliciens syriens fidèles au régime de Bachar al-Assad n'ont été diffusées qu'en avril dernier après une révélation faite par le journal britannique The Guardian et par le magazine en ligne New Lines.

La vidéo amateur, prise par les tueurs eux-mêmes, a été découverte par une recrue de la milice dans l'ordinateur portable de l'un de ses aînés. Écœuré par ce qu'il a vu, le jeune homme a transmis ce document à des chercheurs qui sont parvenus à confronter l'un des tueurs identifiés sur la séquence.

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Une femme syrienne brandit des photos de victimes du régime Assad devant un tribunal allemand. (AFP)

Des journalistes et des militants du sud de Damas, s'adressant à Arab News après la diffusion en ligne de la vidéo, signalent que le massacre de Tadamon n'est probablement pas la seule atrocité commise dans la région pendant cette période.

Tout au long des années 2012 et 2013, les milices prorégime ont tiré sur des passants au hasard aux points de contrôle de Tadamon, de Yalda et du camp de Yarmouk et ils ont abattu des personnes dans leurs maisons. Les corps des victimes étaient souvent laissés sur place, selon les habitants.

«Nous entendions parler de ces massacres et de l'incinération des cadavres», confie à Arab News Rami al-Sayed, un photographe du quartier de Tadamon. «Nous savions que toute personne arrêtée par les chabiha de la rue Nisrine serait portée disparue et, dans la plupart des cas, exécutée.»

Chabiha est un terme syrien; il désigne les milices parrainées par le gouvernement Assad qui ont procédé à des exécutions extrajudiciaires pendant la guerre civile qui a éclaté après le soulèvement de 2011.

La rue Nisrine était connue pour être le fief d'une de ces milices qui, au début du soulèvement, a violemment réprimé les manifestations, puis a commencé à détenir et à exécuter des habitants du sud de Damas.

«Toutes les victimes identifiées jusqu'à présent ne sont pas connues pour avoir participé à des manifestations ou à des activités militaires contre le régime», explique Al-Sayed.

«La présence d'une majorité prorégime à Tadamon a contraint la plupart des personnes opposées au régime à fuir entièrement le quartier ou à résider dans une zone qui était encore sous le contrôle de l'opposition en 2013», ajoute-t-il.

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Un homme syrien montre des brûlures de cigarettes sur son corps dans le centre spécialisé Al-Waalan, dans la ville d'Aldana, dans le nord du pays, le 14 février 2019. (AFP)

Les observateurs syriens des droits de l'homme affirment que des familles entières, parmi lesquelles figuraient des enfants et des personnes âgées, qui ont tenté de franchir des postes de contrôle dans le sud de Damas ont disparu en 2013. Dans de nombreux cas, leur sort demeure inconnu, aujourd'hui encore.

Ces familles ne constituent qu'une petite fraction des 102 000 civils qui ont disparu depuis le début du soulèvement, en 2011, selon le Réseau syrien pour les droits de l'homme. Cette ONG estime que les forces du régime sont responsables de la disparition forcée de près de 85% du nombre total de Syriens disparus.

La plupart des victimes du massacre de Tadamon n'ont pas encore été publiquement identifiées. Redoutant de nouvelles représailles, leurs familles sont réticentes à se manifester et à reconnaître leur relation.

«De nombreux parents ont peur d'annoncer qu'ils ont reconnu leur proche dans la vidéo. Ils craignent d'être persécutés par la police secrète syrienne, surtout s'ils vivent dans une région contrôlée par le régime», explique à Arab News Mahmoud Zaghmout, un Syro-Palestinien du camp de Yarmouk.

Les habitants du sud de Damas s'attendent à ce que ni les auteurs de ce massacre spécifique ni ceux qui ont supervisé d'innombrables autres tueries ne soient tenus de rendre des comptes dans un avenir proche, malgré les preuves vidéo qui les incriminent.

«Ce n'est pas la première fois que des preuves aussi claires de l'implication de membres du régime syrien dans des crimes de génocide sont exposées», précise Zaghmout. «Mais le régime demeure protégé par les Russes, ce qui lui permet d'échapper à toute responsabilité.»

Lorsque les images du massacre sont apparues en ligne pour la première fois, les familles des Syriens et des Palestiniens qui avaient disparu en 2013 ont parcouru frénétiquement la vidéo à la recherche d'indices susceptibles de leur indiquer le lieu où se trouvaient leurs proches.

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Anwar Raslan (à droite) a été reconnu coupable d'avoir supervisé le meurtre de vingt-sept personnes et la torture de quatre mille individus à Damas en 2011 et 2012. (AFP)

Même si les images horribles ont confirmé leurs pires craintes, au moins ont-ils pu trouver un semblant d’aboutissement qui mettrait fin à l'incertitude relative à la perte de leur proche et qui leur permettrait d’entreprendre leur travail de deuil.

Des familles ont subi le même traumatisme en parcourant des milliers de photographies sorties clandestinement de Syrie en 2013 par un déserteur de l’armée qui avait pour nom de code «César». Ces images contenaient des preuves horribles de viols, de tortures et d'exécutions extrajudiciaires dans les prisons du régime.

Les preuves fournies par César ont aidé à poursuivre Anwar Raslan, un ancien officier des services de renseignement syriens, qui a été condamné à perpétuité en janvier dernier par un tribunal allemand pour les sévices atroces qu'il a infligés aux détenus.

Le procès de Coblence a offert une lueur d'espoir aux Syriens qui souhaitaient voir leurs bourreaux confrontés à la justice. Malgré cette petite victoire, les familles de Tadamon doutent que les miliciens qui ont assassiné leurs proches comparaissent un jour.

Les parents de Wassim Siyam, un Palestinien qui résidait dans le camp de Yarmouk et qui avait 33 ans lorsqu'il a disparu, ont regardé ces images macabres.

«J’ai revu les images plusieurs fois, puis la façon dont un homme courait a attiré mon attention. C'était mon fils. Il a toujours couru comme ça. Je savais que c'était lui», confie le père de Wassim à Arab News.

De nombreuses familles entretenaient toujours l'espoir que leurs enfants soient encore en vie quelque part dans le système carcéral du régime et qu'ils soient un jour libérés grâce à l'une des amnisties occasionnelles du gouvernement.

Le 2 mai, une soixantaine de détenus ont été libérés par le régime en vertu d'un nouveau décret présidentiel qui accorde l'amnistie aux Syriens qui ont commis des «crimes terroristes», expression souvent utilisée par les autorités pour désigner les personnes arrêtées de manière arbitraire.

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Des militants syriens brandissent des photos qui documentent la torture de détenus à l'intérieur des centres de détention du régime Assad, le 17 mars 2016, à Genève. (AFP)

Certains avaient passé plus de dix ans dans des installations décrites par l'organisation de défense des droits Amnesty International comme des «abattoirs humains».

Des foules impressionnantes se sont rassemblées à Damas dans les jours qui ont suivi l'amnistie dans l'espoir de retrouver leurs proches. Certains brandissaient des photos de leurs disparus et demandaient aux détenus libérés s'ils les avaient vus vivants en prison.

La mère de Wassim a longtemps gardé l'espoir que son fils soit encore en vie, près de dix ans après sa disparition. «J'ai gardé ma foi en Dieu. Je pensais qu'il était probablement détenu, mais toujours en vie», aurait-elle déclaré.

«Je ne sais pas comment ils ont pu faire cela à des civils. Une personne normale évite d’écraser une fourmi en marchant, si elle le peut. Comment ont-ils pu faire cela?»

Elle a ajouté: «Mon fils était apprécié de la communauté. Nous n'avons jamais fait de mal à personne pour être blessés de cette façon. Je m'attendais à le voir sortir de prison – maigre, torturé, avec peut-être un œil en moins –, mais je ne m'attendais pas à cela.»

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Une photo d'une victime de torture prise par un ancien policier militaire de l'armée syrienne est brandie par des militants syriens lors d'un rassemblement à Genève, le 17 mars 2016. (AFP)

La vidéo du massacre de Tadamon a exclu la possibilité que Wassim et les autres hommes soient encore en vie.

«L'espoir qu'ils avaient, même le plus infime, s'est envolé», a expliqué à Arab News Hazem Youness, chercheur palestino-syrien et ancien diplomate, qui a interrogé plusieurs familles.

La fille d'une des victimes a déclaré à Youness que, depuis la disparition de son père, «chaque fois que j'entendais frapper à la porte, j'espérais que ce serait mon père. Désormais, je ne peux plus espérer.»

Conscientes des conditions brutales et inhumaines qui règnent dans les prisons du régime, certaines familles ont admis qu'elles étaient soulagées de voir leurs proches dans la vidéo: au moins, cela signifiait qu’ils n'avaient pas souffert longtemps.

«C'est mieux ainsi», affirme Youness, citant l'une de ces familles. «Nous avons été rassurés de savoir qu'il ne subit pas de torture. C'était plus difficile pour nous quand nous pensions sans cesse: “Que fait-il? Se fait-il torturer en ce moment? Que mange-t-il? Comment va-t-il? Est-il malade? Où est-il?”»

La diffusion des images a eu une autre conséquence de taille: elle a validé les affirmations des survivants et a confirmé que des meurtres avaient bien eu lieu dans la région.

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Images amateur du massacre de Tadamon à Damas, où l'on voit nettement des membres de la milice tirer sur des personnes. (AFP)

«Tout le monde savait que des massacres avaient lieu», a souligné Youness. «Les habitants de Tadamon et des zones du camp rapportent qu'il y avait une odeur de sang puis celle de cadavres en décomposition qui sortaient des maisons.»

«Mais, vous savez, se douter est une chose et être certain en est une autre; vous ne voulez toujours pas croire que c'est vrai, puis vous en avez la preuve.»

Certains habitants n'ont pas été surpris d'apprendre que des crimes de guerre avaient été commis à Tadamon. Ce qui les a plutôt choqués, c'est la cruauté et l'inhumanité des miliciens qui se manifestent dans la vidéo.

«Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi horrible», a reconnu Youness. «Vous pouvez constater sur la vidéo à quel point ce qu’ils ont fait est une chose ordinaire pour eux. On voit qu'ils le font avec aisance, tout en plaisantant entre eux, comme si c'était la routine, comme si c'était un jeu.»

«Ce sont des bêtes qui tuent de sang-froid. C'est même injuste de les comparer aux bêtes, puisque les bêtes, elles, sont capables de faire preuve d’un certain degré de compassion et d’empathie.»

Faisant allusion à la nécessité de rester optimiste, Youness a affirmé: «Le chemin de la justice est malheureusement long. Mais peu importe le temps que cela prendra, la marche doit se poursuivre.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.