Pour faire valoir leurs droits, les Arabes ahwazi ont besoin de l’aide du monde entier

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Publié le Lundi 19 octobre 2020

Pour faire valoir leurs droits, les Arabes ahwazi ont besoin de l’aide du monde entier

 Pour faire valoir leurs droits, les Arabes ahwazi ont besoin de l’aide du monde entier
  • La plupart, voire la totalité, des projets lancés par l'Iran au Khouzistan ont été des échecs complets, conduisant à une grave dépression économique et à une augmentation de la pauvreté
  • Le monde doit être conscient du fait que le régime iranien survit grâce aux politiques répressives qu'il mène depuis son arrivée au pouvoir en 1979

Le régime iranien tente de soumettre les 5 millions d'habitants de la province du Khouzistan, qui se trouve à l'intérieur des frontières du pays.

Le Khouzistan, l'une des 31 provinces d'Iran, d'une superficie de 63 000 km2, fait partie de l'histoire ancienne des civilisations du Proche-Orient. Son nom signifie «terre des Khuz», en référence à la population indigène de la région. La conquête islamique du Khouzistan a eu lieu en 639, commandée par Abu Musa Al-Ash’ari de Bassora qui a chassé les Perses. À l'époque des shahs, le gouvernement central de Téhéran était engagé dans un conflit de faible intensité avec les habitants du Khouzistan. Actuellement, la plupart de ses habitants sont des Arabes ahwazi, majoritairement des musulmans chiites.

Il existe de nombreux groupes politiques dans la province. Ils ont formulé de nombreuses demandes et certains de leurs appels sont parvenus à la Ligue arabe. Leurs plaintes portent sur le déni de leurs droits par le régime iranien, qui se manifeste par la confiscation de leurs terres et la réduction de la superficie de leur territoire. Le gouvernement interdit l'enseignement de la langue arabe et la célébration de nombreuses fêtes islamiques. Ses politiques visent à éradiquer l'identité arabe du peuple.

Il existe une discrimination flagrante dans le traitement des Arabes par rapport aux Perses vivant au Khouzistan, car la population arabe souffre d'un manque de services de base adéquats. La plupart, voire la totalité, des projets lancés par l'Iran au Khouzistan ont été des échecs complets, conduisant à une grave dépression économique et à une augmentation de la pauvreté. Téhéran exploite les ressources naturelles de la province, en particulier son pétrole, sans rendement économique pour sa population.

La santé des citoyens s’est largement détériorée, car l’Iran utilise la province comme dépotoir, provoquant une catastrophe environnementale. L'agonie du peuple du Khouzistan est exacerbée par le lancement constant de campagnes d'arrestations et d’exécutions sommaires régulières par le gouvernement.

Malheureusement, un certain nombre de dirigeants ahwazi ont été arrêtés par les autorités en Europe. Ils sont membres du Mouvement de lutte arabe pour la libération d'Ahwaz, et comprennent Habib Jaber, le chef du mouvement, son frère Nasser et le chef du bureau des médias, Yaqoub Hor Altostari, qui ont tous été arrêtés au Danemark en février. Issa al-Fakher, animateur sur Ahwazna TV, est également détenu aux Pays-Bas. La police danoise a révélé que, en 2018, un escadron de la mort iranien avait été envoyé pour assassiner Habib Jaber.

Le monde semble se réveiller à l'idée que les atrocités du régime iranien perpétrées contre le peuple ahwazi devraient être enregistrées et dénoncées. Les États-Unis ont cessé d’être complaisants face à la persécution des Ahwazis adoptée par l'administration Obama. À titre d’exemple, un rapport récent sur les activités illégales de l'Iran publié par le département d'État mentionne le rôle des milices iraniennes dans la propagation de la terreur, les irrégularités financières qui financent les groupes terroristes et sapent la stabilité des transactions monétaires mondiales, et les graves violations des droits de l'homme, y compris le recours aux arrestations arbitraires, à la torture et aux meurtres.

Dans le monde arabe, il y a ceux qui se vantent toujours de leurs appels à la libération de la Palestine. Pourtant, c'est là que résident l'ironie et le paradoxe. Ceux qui veulent aider les Palestiniens doivent également être attentifs aux Arabes d'Iran qui font face au régime le plus vicieux de notre monde contemporain.

Le monde entier doit être conscient du fait que le régime iranien survit grâce aux politiques répressives qu'il mène depuis son arrivée au pouvoir en 1979. Ce régime n'est pas stable et tombera bientôt. Il est évident que, à mesure que la fin du régime au pouvoir approche, il devient plus barbare. Le monde ne doit plus garder le silence sur les crimes du gouvernement iranien contre le peuple ahwazi.

Alors que nous saluons leur lutte et leurs sacrifices en vue de leur libération ultime de l'emprise sanglante du régime iranien, nous appelons les gouvernements du monde libre à soutenir le peuple ahwazi. Il est grand temps que l'ONU et ses organes de défense des droits de l'homme, ainsi que l'Union Européenne (UE), surveillent l'agression de l'Iran contre les droits de l'homme de tout son peuple, en particulier des Arabes du Khouzistan. Il doit y avoir une documentation précise de tous les abus commis par l’Iran contre les habitants du Khouzistan.

Cela mènera à une «dispute» entre l'UE et le gouvernement iranien, l'Europe obligeant le régime à changer sa politique envers les Ahwazis et à leur octroyer leurs droits. Un tel effort doit tenir compte du fait que, depuis novembre de l'année dernière, il y a eu une série de protestations contre le gouvernement par les Arabes ahwazis au Khouzistan. Honteusement, le Corps des gardiens de la révolution islamique a été déployé dans l'une des manifestations. Des tirs contre les manifestants pacifiques ont tué beaucoup d'entre eux au cours de ce qu’on a appelé le «massacre de Mahshahr». Une enquête internationale doit être menée sur ce crime.

L'agitation du peuple Ahwazi ne s'arrêtera pas tant qu'il ne sera pas entièrement libéré de l'occupation iranienne de sa terre. Espérons que ce qui suivra alors sera la libération des quatre pays arabes condamnés à la tyrannie d'une présence iranienne sur leurs terres.

Maria Maalouf est journaliste, présentatrice, rédactrice et écrivaine libanaise. Elle est titulaire d'une maîtrise en sociologie politique de l'université de Lyon. Twitter: @bilarakib

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com