Les Palestiniens marquent la «Nakba» dans un contexte tendu avec les forces israéliennes

Les Palestiniens participent à un rassemblement dans la ville de Gaza dimanche, marquant le 74e anniversaire de ce que les Palestiniens appellent la Nakba – en référence à leur déracinement dans la guerre contre la création d'Israël en 1948 (Photo, AP).
Les Palestiniens participent à un rassemblement dans la ville de Gaza dimanche, marquant le 74e anniversaire de ce que les Palestiniens appellent la Nakba – en référence à leur déracinement dans la guerre contre la création d'Israël en 1948 (Photo, AP).
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Publié le Lundi 16 mai 2022

Les Palestiniens marquent la «Nakba» dans un contexte tendu avec les forces israéliennes

  • Les manifestations organisées chaque année à travers se sont déroulées dans un contexte de fortes tensions
  • L'incident a été largement condamné par la communauté internationale

JÉRUSALEM: Des Palestiniens se sont rassemblés dimanche pour marquer la "Nakba", ou "catastrophe", 74 ans après la création de l'Etat d'Israël qui a contraint plus de 700.000 d'entre eux à l'exode, dans un contexte tendu ces derniers jours avec les forces israéliennes.

Les manifestations organisées chaque année le 15 mai à travers la Cisjordanie, territoire palestinien occupée depuis 1967 par Israël, Jérusalem-Est annexée par l'Etat hébreu, et à l'intérieur d'Israël se sont déroulées dans un contexte de fortes tensions après la mort de la journaliste d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, à l'âge de 51 ans.

Cette Américaine d'origine palestinienne a été tuée mercredi d'une balle dans la tête lors d'une intervention de l'armée israélienne à Jénine, un point chaud dans le nord de la Cisjordanie occupée. Elle portait un gilet pare-balles siglé "presse" et un casque de reportage.

La police israélienne a promis d'enquêter après que des images diffusées dans le monde entier ont montré les porteurs de son cercueil luttant vendredi pour empêcher ce dernier de tomber, tandis que des policiers armés de matraques s'abattaient sur eux et arrachaient des drapeaux palestiniens.

L'incident a été largement condamné par la communauté internationale, notamment par Washington, l'Union européenne et les Nations unies.

Images «choquantes»

Des commentateurs locaux ont également dénoncé l'intervention israélienne, alors que le cercueil d'Abu Akleh sortait de l'hôpital Saint-Joseph de Jérusalem. "Les images de vendredi montrent une démonstration choquante de brutalité et de violence débridées", écrit Oded Shalom dans le grand quotidien israélien Yediot Aharonot.

"La police du district de Jérusalem a décidé de réprimer sévèrement quiconque ose brandir un drapeau palestinien", écrit Shalom. "Comme si le fait de brandir un drapeau - un simple morceau de tissu, pour l'amour de Dieu - lors d'une procession funéraire pendant une heure ou deux pouvait avoir un quelconque impact" sur les revendications israéliennes de contrôle de Jérusalem.

Israël interdit les expositions publiques de drapeaux palestiniens à Jérusalem. 

Le Premier ministre, Naftali Bennett, n'a pas encore réagi, évitant la controverse avant la réunion hebdomadaire de son cabinet dimanche.

L'armée israélienne a déclaré qu'une enquête préliminaire n'avait pas permis de déterminer qui avait tiré la balle fatale à la journaliste, notant que des tirs palestiniens parasites ou des tirs de snipers israéliens visant des militants étaient tous deux possibles. 

Le ministère public palestinien a lui affirmé qu'une enquête initiale avait montré que "la seule origine de la fusillade était les forces d'occupation israéliennes". 

A l'université de Tel-Aviv dimanche, trois Arabes israéliens ont été arrêtés "pour avoir attaqué des manifestants et des policiers, et perturbé l'ordre public sur le site", selon un communiqué de la police. 

Im Tirtzu, un mouvement israélien de droite, avait organisé une manifestation pour contrer le rassemblement palestinien marquant la "Nakba". Selon Im Tirtzu, les trois suspects ont attaqué des membres de leur mouvement.

5,7 millions de réfugiés 

Al Jazeera a diffusé dimanche à titre posthume un reportage réalisé par Abu Akleh sur la "Nakba", qui retrace le destin du peuple palestinien en mettant l'accent sur les réfugiés et déplacés, après la déclaration d'indépendance d'Israël en 1948. Plus de 700.000 Palestiniens ont fui ou ont été contraints de quitter leur foyer pendant le conflit qui a entouré la création de l'Etat hébreu.

Aujourd'hui, quelque 5,7 millions de réfugiés palestiniens sont répartis entre la Cisjordanie, la bande de Gaza, la Jordanie, le Liban et la Syrie, selon l'ONU. Le Bureau central palestinien des statistiques estime la population palestinienne à 13,8 millions. 

Daoud al-Zubeidi, 43 ans, est le dernier mort en date dans le long conflit israélo-palestinien. Blessé vendredi lors d'un raid israélien à Jénine, il a succombé dimanche à ses blessures. C'était le frère de Zakaria, qui dirigeait la branche armée du mouvement Fatah du président palestinien, Mahmoud Abbas, et s'est brièvement échappé d'une prison israélienne l'année dernière.

La dernière victime israélienne est Noam Raz, 46 ans, membre des forces spéciales de la police israélienne, abattu vendredi à Jénine. Il a été enterré dimanche. 

Après avoir subi une série d'attaques depuis le 22 mars, Israël a mené de multiples opérations en Cisjordanie occupée.


Soudan : attaque de drones sur la capitale Khartoum pour la troisième journée consécutive

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde". (AFP)
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  • "À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman
  • Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs

KHARTOUM: Des drones ont visé jeudi la capitale soudanaise Khartoum et son aéroport, tenus par l'armée, pour la troisième journée consécutive, ont rapporté à l'AFP des témoins.

"À quatre heures du matin, j'ai entendu le bruit de deux drones passer au-dessus de nous, et peu de temps après, j'ai entendu le son de tirs de défense aérienne près de la Brigade militaire et l'unité médicale", a relaté un témoin du sud d'Omdourman.

Un autre témoin dans le sud de la capitale a rapporté avoir vu des drones se diriger vers l'aéroport, cible d'attaques depuis trois jours consécutifs.

"Après quatre heures, le bruit des drones était fort. Je les ai vus se diriger vers l'aéroport et j'ai entendu des explosions", a-t-il indiqué.

Depuis mardi, l'aéroport de la capitale, hors service depuis deux ans et sur le point de rouvrir, est en proie à des attaques de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis avril 2023 dans une guerre pour le pouvoir contre l'armée régulière.

Sa réouverture, initialement prévue mercredi" a été suspendue "jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport sous couvert d’anonymat.

Malgré la reprise de Khartoum par l'armée au printemps, la ville demeure largement dévastée, marquée par des coupures d'électricité récurrentes et des frappes de drones des FSR.

Plus d'un million de personnes déplacées y sont retournées au cours des dix derniers mois, selon l'agence des migrations de l'ONU.

Depuis quelques semaines, le gouvernement s'efforce d'y rétablir les services, dont l'aéroport, afin de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge, devenue capitale de facto depuis le début de la guerre.

Entrée dans sa troisième année, la guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".


Israël expulse 32 militants étrangers venus en Cisjordanie pour la récolte des olives

Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
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  • La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP
  • Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire.

L'ordre d'expulsion signé par le ministre, Yariv Levin, fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les "provocations" d'"anarchistes".

Rudy Schulkind, un Britannique de 30 ans, figure parmi les personnes expulsées. Joint par téléphone, il a indiqué à l'AFP être venu en Cisjordanie pour apporter son soutien à des agriculteurs palestiniens.

La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie.

Rudy Schulkin a raconté à l'AFP avoir été détenu pendant 72 heures avant d'être expulsé le 19 octobre.

"Nous avons été arrêtés après que la zone où nous récoltions a été déclarée zone militaire", a-t-il expliqué, décrivant une tactique selon lui courante contre les Palestiniens.

Il a ajouté que les 32 bénévoles internationaux avaient tous été arrêtés dans une oliveraie près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

Rudy Schulkin a ajouté qu'ils "n'avaient jamais été présentés devant un juge".

Le ministre israélien de la Justice a déclaré que l'expulsion avait été cosignée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et a accusé les militants d'avoir violé "un ordre du commandant militaire" et d'appartenir à l'UAWC, l'Union des comités de travail agricole.

L'UAWC est une organisation palestinienne à but non lucratif dédiée au développement agricole. Israël l'a qualifiée d'organisation terroriste en 2021, ainsi que cinq autres ONG, dans une décision condamnée par l'ONU.

M. Schulkind n'a pas révélé le nom de l'organisation dont il était membre, mais Fouad Abou Seif, directeur général de l'UAWC, a déclaré à l'AFP que les volontaires participaient à une "campagne nationale" organisée par de nombreuses ONG palestiniennes et le ministère palestinien de l'Agriculture.

Fouad Abou Seif a précisé que l'UAWC était membre de cette campagne, mais n'en était pas l'organisateur. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ces arrestations.


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

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  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.