Somalie: l'ancien chef de l'Etat Hassan Cheikh Mohamoud élu président

Le nouveau président somalien Hassan Sheikh Mohamud est vu lors du premier tour de scrutin à Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, Reuters/Feisal Omar).
Le nouveau président somalien Hassan Sheikh Mohamud est vu lors du premier tour de scrutin à Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, Reuters/Feisal Omar).
Les députés somaliens ont voté lors des élections présidentielles à l'aéroport fortifié de Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, AFP).
Les députés somaliens ont voté lors des élections présidentielles à l'aéroport fortifié de Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, AFP).
Les bulletins de vote sont comptés à la suite des élections présidentielles à l'aéroport fortifié de Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, AFP).
Les bulletins de vote sont comptés à la suite des élections présidentielles à l'aéroport fortifié de Mogadiscio le 15 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 16 mai 2022

Somalie: l'ancien chef de l'Etat Hassan Cheikh Mohamoud élu président

  • Les deux finalistes faisaient partie des quatre qualifiés à l'issue du premier tour de scrutin.
  • Hassan Cheikh Mohamoud, président entre 2012 et 2017, s'est imposé face à Mohamed Abdullahi Mohamed

MOGADISCIO: Cinq ans après, il revient au pouvoir: la Somalie a élu dimanche pour la seconde fois Hassan Cheikh Mohamoud à sa présidence, à l'issue d'un scrutin sous haute sécurité, dans un pays en proie à l'insurrection des islamistes radicaux shebab et où la famine menace.

A l'issue d'un vote marathon, Hassan Cheikh Mohamoud, président entre 2012 et 2017, s'est imposé face au chef de l'Etat sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, qui l'avait battu il y a cinq ans. Des coups de feu de célébration ont résonné dans la capitale Mogadiscio.

"Il est vraiment remarquable que le président soit ici à mes côtés, nous devons aller de l'avant et jamais en arrière, nous devons panser nos blessures", a déclaré le nouveau président, immédiatement investi, en évoquant son prédécesseur Farmajo.

"Je salue mon frère ici, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud, et lui souhaite bonne chance face à l'énorme tache qui l'attend", a déclaré ce dernier, promettant sa "solidarité".

Cette élection a eu lieu après plus d'un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l'Afrique secoué par une longue crise politique, qui souffre aussi d'une sécheresse historique.

Les députés et sénateurs ont d'abord commencé à voter dimanche pour départager les 36 candidats à la présidentielle, sous une tente placée sous couvre-feu dressée dans le périmètre de l'aéroport de Mogadiscio, où les forces de sécurité sont omniprésentes.

Des explosions ont été entendues près de l'aéroport alors que le vote commençait, rappelant combien la situation sécuritaire reste précaire dans le pays. Selon la police, aucune victime n'a toutefois été signalée.

Après des heures de scrutin, retransmis à la télévision nationale, le complexe processus électoral est entré dans sa troisième et dernière phase avec les deux candidats encore en lice, le président sortant Farmajo et son prédécesseur Hassan Cheikh Mohamoud, comme il y a cinq ans.

Lors de cet ultime vote, les fonctionnaires du Parlement ont dénombré plus de 165 votes en faveur de M. Mohamoud, consacrant sa victoire.

Les deux finalistes faisaient partie des quatre qualifiés à l'issue du premier tour de scrutin.

Un an de crise politique 

Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l'organisation de nouvelles élections.

La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991. Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble, qu'il avait chargé d'organiser les élections.

"Nous en avons assez de vivre dans l'incertitude... J'espère qu'un président sera élu et qu'aujourd'hui marquera la fin de ce cirque", a commenté dimanche à l'AFP Muktar Ali, un habitant de Mogadiscio.

L'élection suit un complexe système indirect, dans lequel les assemblées des Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.

"En termes de résultats, la politique somalienne est notoirement difficile à prévoir", explique Omar Mahmood, analyste à l'International Crisis Group: "C'est essentiellement une affaire d'alliances et de relations plutôt que de programmes".

Dans ce contexte d'instabilité, les gens ont tendance à voter pour une certaine continuité, avait estimé avant le scrutin Samira Gaid, directrice exécutive de l'Institut Hiraal spécialisé sur les questions de sécurité. 

"Les gens n'iront pas vers un nouveau visage, ils iront certainement vers d'anciens visages, des gens qu'ils reconnaissent, des gens avec lesquels ils se sentent plus à l'aise", avait-elle déclaré à l'AFP.

Muliplication des attaques shebab 

Depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les islamistes radicaux shebab, affiliés à al-Qaïda, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans.

Avant l'élection, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a ainsi estimé dans un tweet qu'il était "temps pour le leadership de la Somalie de se concentrer sur la réconciliation et la construction de la paix".

Ces derniers mois, les shebab ont intensifié leurs attaques, menant notamment un sanglant double attentat dans le centre du pays le 24 mars (48 morts), puis une attaque d'envergure contre une base de la force de l'Union africaine (10 morts selon un bilan officiel).

Cette élection sera également capitale pour l'avenir économique de la Somalie, dont 71% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,80 euro).

Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu qu'un programme d'aide pourrait s'arrêter automatiquement au 17 mai si une nouvelle administration n'était pas en place. Le gouvernement a demandé fin avril de repousser de trois mois cette échéance, sans réponse pour l'instant.

Le pays fait également face à l'une des pires sécheresses des dernières décennies. Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260.000 personnes.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.