Procès du crash de la Yemenia: la formation des pilotes en question

Un soldat comorien regarde l'épave récupérée de l'océan Indien dans un hangar désaffecté de l'aéroport de Moroni, après qu'un Airbus A310 de Yemenia Airlines s'est écrasé le 30 juin 2009, tuant 152 personnes à bord (Photo, AFP).
Un soldat comorien regarde l'épave récupérée de l'océan Indien dans un hangar désaffecté de l'aéroport de Moroni, après qu'un Airbus A310 de Yemenia Airlines s'est écrasé le 30 juin 2009, tuant 152 personnes à bord (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 mai 2022

Procès du crash de la Yemenia: la formation des pilotes en question

  • Les investigations ont conclu que la catastrophe avait été causée par une série d'erreurs de l'équipage au moment de l'approche
  • La compagnie nationale yéménite est jugée pendant un mois pour homicides et blessures involontaires

PARIS: Les deux pilotes de l'A310 qui s'est abîmé dans l'océan Indien le 29 juin 2009 étaient-ils assez formés ? La question a fait l'objet de débats techniques lundi au procès à Paris de la compagnie Yemenia, qui opérait ce vol ayant coûté la vie à 152 personnes.

Les investigations ont conclu que la catastrophe, qui n'a laissé qu'une seule rescapée de 12 ans, avait été causée par une série d'erreurs de l'équipage au moment de l'approche de l'aéroport de Moroni, capitale des Comores.

La compagnie nationale yéménite est jugée pendant un mois pour homicides et blessures involontaires, soupçonnée, en particulier, d'avoir fourni une formation "lacunaire" au pilote et au copilote - des "manquements" qu'elle conteste en bloc.

En ouverture de la deuxième semaine du procès, deux experts aéronautiques, mandatés pendant l'instruction, sont revenus à la barre pour réagir à trois nouvelles consultations produites par les avocats de la Yemenia.

A partir de ces expertises commandées par la défense, basées sur "cinq classeurs" de documents transmis à la fin de l'information judiciaire, les avocats de la compagnie s'attachent à semer le doute en portant une thèse, résumée au détour d'une question: "c'est une faute de pilotage, pas une faute de la compagnie".

«Mailles du filet»

À la barre, les experts le répètent: la formation du copilote a été anormalement longue - un an, une durée "inenvisageable" et signe de "fragilités". Il a pu passer entre "les mailles du filet" du système interne de sélection à la Yemenia, suggèrent-ils.

La consultation de la défense auprès d'un formateur sur A310 ne relève pourtant pas cette durée et insiste sur le "facteur humain": un "stress" aigu qui aurait pu être provoqué par des conditions météo très difficiles.

"Le stress ne peut pas tout expliquer", répliquent à la barre les témoins, eux-mêmes pilotes et formateurs.

"La formation, l’entraînement, a pour but justement d'armer les pilotes pour résister au stress et ne pas subir, avec des conséquences graves, les éléments extérieurs, comme les turbulences, la météo, le mauvais fonctionnement d’un avion", expliquent-ils.

Dans la compagnie, il y a bien trace de ces formations au stress, regroupées sous le sigle "CRM" (cockpit ressource management) - mais "on n'en a pas les détails", soulignent les experts.

Ce soir-là, à cause de la force du vent, l'avion a été contraint à une manœuvre d'approche plus délicate.

Les pilotes ont-ils eu une formation spécifique à l'aéroport de Moroni, classé comme difficile du fait de sa proximité avec le relief d'un volcan ?

Un document, projeté à l'audience, acte bien que les pilotes ont fait, dans le cadre de leur cursus, l'aller-retour depuis Sanaa, au Yemen - le même trajet que le soir de l'accident, souligne la défense.

Mais "nous n'avons aucun document qui nous prouve que les équipages ont été formés" sur place, constatent les experts.

«Préjugé»

La défense a aussi produit une consultation météorologique. "Dans les cinq mois précédant l'accident", le vent n'a dépassé qu'à "deux reprises" les trente nœuds (55 km/h), résume un avocat de la Yemenia: "Est-ce que du coup, vous êtes d’accord pour dire que cette nuit était exceptionnelle ?"

"C'était une nuit plus agitée que d’habitude", reconnaît un expert. Pour autant, selon lui, les conditions restaient "bonnes": à l'altitude où l'avion évoluait, il y avait "dix kilomètres de visibilité, or il était à trois, quatre kilomètres de la piste d'atterrissage".

"Le vol était turbulent" mais "je pense que ça nous est arrivé des milliers de fois d’avoir des vols turbulents, c’est pas exceptionnel", balaie-t-il.

Au fil des questions, une autre interrogation subsiste: la compagnie était-elle au courant que les feux signalant les obstacles autour de l'aéroport étaient en panne depuis cinq mois - ce qui aurait dû l'obliger à arrêter les vols de nuit ?

- "On ne peut pas (le) prouver mais il nous semble évident que l'ensemble des intervenants, la compagnie, l'aéroport, se complaisaient en quelque sorte dans cet état dégradé des lumières", résume l'un des témoins.

- "Il s'agit d'un préjugé, vous n'avez aucune preuve de cela", tance un avocat de la défense.


Crise de la dermatose en France : les vétérinaires cibles de menaces

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession. (AFP)
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  • La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins
  • "Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs

PARIS: "Vétérinaires = assassins", cliniques taguées "vétos = collabos"... "On a le droit à tout", déplore David Quint, président du Syndicat français des vétérinaires libéraux, qui témoigne du malaise dans la profession, en première ligne dans la gestion de l'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

La colère des agriculteurs français contre l'abattage des troupeaux affectés par cette maladie, qui a d'abord visé le gouvernement, s'est aussi tournée depuis plusieurs jours contre les vétérinaires, chargés des "dépeuplements" des bovins, selon les termes utilisés par l'Ordre des vétérinaires, institution professionnelle chargée d'encadrer la profession.

"Il a essayé de péter ma vitre (de voiture) avec son poing", a raconté à l'AFP une vétérinaire libérale exerçant dans la Savoie (est), qui a requis l'anonymat à la suite de cet incident avec des éleveurs.

Durant l'été, elle a été mandatée pour abattre un cheptel dans une exploitation. "Deux voitures se sont garées au milieu de la route comme des cowboys pour nous bloquer le passage et on nous a demandé si nous étions +fiers de ce que nous avions fait+, mon confrère et moi", se souvient-elle.

"Ils étaient quatre, c'était stressant, j'ai appelé la gendarmerie et porté plainte le soir même", rapporte la vétérinaire.

"Pris en étau" 

"On est pris en étau entre la souffrance du monde agricole d'un côté et le fait de devoir faire notre métier de l'autre", a regretté auprès de l'AFP Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires.

Lundi, le vétérinaire a reçu cette menace: "dans un autre temps, votre tête aurait fini au bout d'une pique", après s'être exprimé sur la chaîne d'information BFMTV, une première en 35 années d'expérience.

Une enquête a été ouverte mardi par le parquet de Bergerac (sud-ouest) pour menaces de mort après la plainte du praticien.

"Il ne faut pas laisser passer", défend-il, appelant ses confrères à porter plainte en cas de menaces.

Il n'y a "rien qui justifie que l'on menace quelqu'un de mort", a réagi mardi David Quint, lors d'une conférence de presse de l'Ordre des vétérinaires et de plusieurs organisations syndicales, qualifiant ces intimidations d'"inacceptables".

La stratégie gouvernementale de lutte contre cette maladie animale très contagieuse, non transmissible à l'homme mais qui peut toucher très durement le cheptel, prévoit l'abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, ce qui cristallise les tensions d'une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat) et de la Confédération paysanne (3e).

"N'allez pas trop loin sinon vous n'aurez plus de vétérinaires !", a mis en garde le président du Conseil national de l'Ordre, Jacques Guérin, interrogé par l'AFP en marge de la conférence.

Droit de retrait ? 

Face à la pression qui a "monté d'un cran", il a appelé les vétérinaires à faire valoir leur droit de retrait "si les conditions ne réunissent pas leur sécurité et celle de leurs proches".

Cela signifie qu'un vétérinaire habilité et mandaté par une préfecture pour abattre un élevage pourrait refuser sa tâche, tout en argumentant les raisons auprès du préfet, explique l'Ordre, qui ne soutiendra toutefois pas les clauses de retrait "de principe".

Le standard de l'Ordre des vétérinaires est "submergé d'appels de personnes complotistes, antivax, anti-tout, qui déversent des tombereaux de bêtises à l'encontre de la profession. Cela finit par impacter fortement le moral des vétérinaires", déplorait son président il y a quelques jours auprès de l'AFP.

"C'est inadmissible de s'en prendre aux vétérinaires", a réagi auprès de l'AFP Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne, arguant que la "responsabilité du climat de défiance" est à "aller chercher du côté du ministère de l'Agriculture".

La Coordination rurale, syndicat concurrent, "condamne" également "toutes les menaces" envers les vétérinaires, selon François Walraet, secrétaire général du syndicat, joint par l'AFP.

"Ce sont nos partenaires (...) Ce n'est pas à eux qu'il faut s'adresser si on veut que le protocole évolue", abonde-t-il.

Les mesures actuelles sont "absolument ce qu'il faut faire" pour éradiquer ce "virus extrêmement résistant dans les milieux extérieurs", insiste par ailleurs la présidente de l'association de vétérinaires SNGTV, Stéphanie Philizot.


Explosion d'un immeuble dans l'Ain: un troisième corps retrouvé

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements". (AFP)
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  • Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants"
  • "La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste

LYON: Le corps d'une femme a été retrouvé mardi soir à Trévoux dans l'Ain, au lendemain de l'explosion d'un immeuble de quatre étages qui a fait deux autres victimes, des garçons de 3 et 5 ans, ont indiqué mercredi les secours.

"La victime manquante a été retrouvée décédée peu après 20H00 dans les décombres par les sapeurs pompiers", ont indiqué les secours dans un communiqué, précisant qu'il s'agit d'une femme.

Selon les secours, "des moyens supplémentaires déployés mardi ont permis de lancer des recherches afin de retrouver une personne portée manquante, ainsi que de procéder à des reconnaissances de sécurité dans les bâtiments environnants", ont précisé les secours.

"La personne a été retrouvée après une heure trente (de fouilles) avec les pelleteuses", a détaillé auprès de l'AFP une source secouriste.

Lors d'une visite sur les lieux mardi, le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez avait déclaré qu'une personne "manque à l'appel, qui était probablement occupante d'un des logements".

Deux frères âgés de 3 et 5 ans avaient été retrouvés lundi dans la soirée sous les décombres, en arrêt cardio-respiratoire et n'avaient pas pu être réanimés.

Outre les trois décès, 13 personnes ont été hospitalisées en urgence relative, 53 autres ont été prises en charge pour des blessures légères ou en cellule psychologique, selon le bilan des secours.

Les gendarmes sont chargés d'une enquête menée sous l'égide du parquet de Bourg-en-Bresse pour déterminer les causes de l'explosion qui a eu lieu vers 17H30 lundi au rez-de-chaussée de l'immeuble.

Le maire de Trévoux, Marc Péchoux, a évoqué devant la presse la piste d'une explosion due au gaz mais le parquet a souligné mardi dans un communiqué qu'à ce stade, les causes exactes n'étaient "pas encore déterminées avec certitude".

Au total 22 appartements et 7 maisons individuelles sont désormais inhabitables. Mardi, les propriétaires de 14 maisons ont pu regagner leur domicile, qui présentent "des dégâts mineurs", selon les secours.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.