Les stars du film L'Arnaqueur de Tinder deviennent une source d'inspiration pour les femmes

Pernilla Sjoholm (à gauche) et Cecilie Fjellhoy (à droite) s’exprimeront lors du Forum des femmes arabes pour parler d'une expérience qui les a traumatisées et ruinées financièrement (Photo, Arab News).
Pernilla Sjoholm (à gauche) et Cecilie Fjellhoy (à droite) s’exprimeront lors du Forum des femmes arabes pour parler d'une expérience qui les a traumatisées et ruinées financièrement (Photo, Arab News).
Short Url
Publié le Mardi 17 mai 2022

Les stars du film L'Arnaqueur de Tinder deviennent une source d'inspiration pour les femmes

  • Escroquées par l'arnaqueur de Tinder, Cecilie Fjellhoy et Pernilla Sjoholm racontent leur expérience
  • Hayut s'est fait connaître pour avoir charmé des femmes et les avoir persuadées de lui prêter de l'argent

DUBAÏ: Swipez simplement à gauche. C'est ce que de nombreux utilisateurs indécis de Tinder ont dû faire après que la fameuse affaire de l'arnaqueur du site de rencontre surnommé «Tinder Swindler» a été révélée dans un docudrame détonnant de Netflix au début de l'année.
Bien qu'elles aient été escroquées par l'arnaqueur, Cecilie Fjellhoy, vedette de la télévision norvégienne, et Pernilla Sjoholm, propriétaire d'une entreprise suédoise, se défendent en racontant leur expérience.
Les deux femmes s'exprimeront lors d'un discours-programme spécial intitulé «When women fight back» (Quand les femmes se défendent), lors du Forum des femmes arabes, organisé en partenariat avec Arab News, au Palazzo Versace de Dubaï, le 17 mai.
«C'était vraiment traumatisant», dit Sjoholm à Arab News, en pensant à son expérience, avant sa participation au forum de mardi. «Le problème n'est pas seulement l'argent que j'ai perdu, mais aussi la façon dont je me voyais, dont je percevais les choses.»
«Je me disais toujours: ‘Mon Dieu, qui se fait escroquer ? Il faut vraiment être bête pour se laisser faire’. Et je suis très gênée de dire cela aujourd'hui, à cause de tout ce que j'ai perdu.»
«J'avais 31 ans. Ce n'est pas comme ça que j'imaginais ma vie. Tout perdre [d'un coup]. Me perdre moi-même...»
Basée sur une révélation de Verdens Gang (VG), un tabloïd norvégien, l'émission a dévoilé l'histoire de l'Israélien Shimon Hayut, qui aurait pris une identité factice, celle de Simon Leviev sur le site de rencontre Tinder et aurait prétendu être le fils d'un magnat du diamant.
Hayut s'est rendu célèbre pour avoir charmé des femmes et les avoir persuadées de lui prêter de l'argent. Il aurait ainsi dérobé environ 10 millions de dollars à des personnes du monde entier.
Selon des rapports, Hayut avait toujours le même plan. Après avoir trouvé des femmes peu méfiantes sur Tinder, il les emmenait à un premier rendez-vous somptueux et construisait progressivement une relation avec chacune d'elles, tout en sortant avec d'autres femmes en même temps.
L'Israélien Shimon Hayut a utilisé l'application Tinder pour escroquer des victimes peu méfiantes.
L'arnaqueur faisait ensuite croire aux femmes que des «ennemis» étaient à sa poursuite. Puis, il leur demandait de lui envoyer de l'argent en prétendant qu'il leur rembourserait le tout sans tarder.
Ayleen Koeleman, qui avait été avertie de l'escroquerie par l'exposé de VG, a fait preuve d'ingéniosité et a dénoncé l'arnaqueur. Hayut a donc été arrêté en 2019 et condamné à 15 mois de prison pour fraude en Israël.
Toutefois, il n'a passé que cinq mois derrière les barreaux avant d'être libéré. Il n'a jamais été accusé d'avoir commis des crimes envers Fjellhoy et Sjoholm, et nie leurs accusations de fraude.
Et l'histoire ne se termine pas là. Brusque retournement de situation ! Hayut a aujourd'hui une carrière à Hollywood, tandis que les femmes qu'il a prises pour cibles restent à ce jour endettées.
«Nous sommes extrêmement déçues», dit Sjoholm. «Malheureusement, il n'y a pas d'extradition d'Israël vers l'Europe. Hayad est donc toujours [dans son pays].»
De 2017 à 2019, Shimon Hayut a utilisé le site de rencontre Tinder pour escroquer environ 10 millions de dollars à des femmes du monde entier (Photo, Shutterstock).
«Nous pensons que l'affaire n'a pas été gérée comme il se doit. Elle aurait dû l'être… Et, malheureusement, c'est ainsi que les choses se passent dans de nombreux cas de fraude. Je connais uniquement les chiffres en Suède: 96% des affaires pareilles sont abandonnées, parce qu'elles sont trop nombreuses.»
Plutôt que de se résigner à une vie de victimes, Sjoholm et Fjellhoy s'efforcent d'inciter les femmes du monde entier à identifier les «fraudes sentimentales» et à les combattre.
«Nous avons longuement parlé de la honte qui accompagne la fraude et je pense qu'il est très important d'avoir le courage de dire que cela peut arriver à n'importe qui», affirme Sjoholm.
«Il arrive souvent que les escrocs se tirent d'affaire parce que les gens ont peur de raconter leurs histoires. Je sais que nous avons aidé beaucoup de personnes et j'espère que nous continuerons à en aider d'autres encore.»
Selon Action Fraud – le centre national de signalement de la fraude et de la cybercriminalité au Royaume-Uni – la plupart des victimes de fraude amoureuse sont des femmes. Sjoholm pense que cela est dû à leur vulnérabilité émotionnelle.
«Je pense que nous, les femmes, sommes plus émotives [que les hommes]», estime-t-elle. «Ces fraudeurs jouent beaucoup sur les émotions. C'est une forme d'abus émotionnel.»
L'affaire de l'arnaqueur de Tinder a soulevé de nombreuses questions quant à la responsabilité des sites de rencontre de gérer les arnaques romantiques et de prendre des mesures plus efficaces pour protéger les utilisateurs.
«Je pense que l’application n’aurait pas pu faire grand-chose dans notre cas», précise Fjellhoy, interrogée par Arab News, avant le forum.
«Il suffirait de faire des contrôles d'identité appropriés pour empêcher l'escroquerie, par exemple. Cela se fait peut-être déjà, mais j'ai l'impression que la fraude est bien plus grave que ce qui se passe sur les sites de rencontre. L'application n'est que le point de départ. Ce n'est qu'un moyen parmi d'autres que les arnaqueurs utilisent.»

Shimon Hayut a depuis été arrêté (Photo, Shutterstock).


Outre la nécessité de renforcer les mesures de protection des sites de rencontre, des appels ont également été lancés en vue d'améliorer la sensibilisation dans les écoles afin que les jeunes soient mieux informés pour pouvoir repérer le catfishing (l'utilisation de faux comptes pour attirer les victimes) et les arnaques amoureuses.
«Si l'on veut éduquer les jeunes, il faut qu’on leur montre les différents genres de personnes qui existent dans ce monde», explique Fjellhoy.
«Il y a des personnes qui n'ont aucune empathie, il y a aussi des psychopathes et des narcissiques qui profitent de votre bonté. Mais je pense qu'il est également important de ne pas jouer à la victime.»
En effet, ce sont les victimes qui risquent d’être blâmées si la responsabilité de repérer les escrocs leur incombe, alors qu'il faudrait plutôt s'attaquer aux fraudeurs.
«Nous n'avons rien fait de mal», assure Fjellhoy. «Il y aura toujours des fraudes. Mais, quand elle se produit, que fait la société pour l'arrêter ?»
Selon Sjoholm, il existe plusieurs signaux d'alerte auxquels les utilisateurs de sites de rencontre peuvent faire attention, notamment le «love bombing», qui consiste à accorder à une personne de l'attention ou de l'affection dans le but de l'influencer ou de la manipuler.
Néanmoins, la jeune femme trouve que la nature même des réseaux sociaux rend difficile le fait de connaître la vérité sur quelqu'un. «Sur les réseaux sociaux, on est toujours la meilleure version de soi.»
«Chacun veut se montrer à son avantage. Je dirais que 95% de ce qui se passe sur les réseaux sociaux relève de la fraude.»
Les répercussions de la fraude sentimentale sur la santé mentale des victimes ne peuvent être sous-estimées, parce que ces dernières sont à la fois confrontées aux retombées financières et à un profond sentiment de honte. «Je pense que je me suis sentie tellement mal que j'ai fini dans un centre psychiatrique parce que personne ne m'a prise au sérieux», dévoile Fjellhoy.
«J'ai l'impression que la police vous ignore quand vous avez recours à elle. J'ai même essayé de contacter les banques qui m'ont simplement dit: ‘Eh bien, vous devez quand même rembourser vos prêts’. Tout cela se passait alors que je ne m'étais pas encore remise du choc émotionnel et économique. J'étais face à une impasse, je n'arrivais pas à voir d'issue.»
À la suite de cette expérience, Fjellhoy a créé la fondation Action Reaction, qui s'intéresse aux problèmes de santé mentale des survivants et milite en faveur du renforcement des lois et des politiques de protection des victimes.
L'une des conséquences durables de cette terrible épreuve est l'incapacité à refaire confiance aux autres facilement. «J'en souffre jusqu'à présent», raconte Sjoholm.
«J'ai plus de bons jours que de mauvais jours. Mais même pendant mes bons jours, lorsque quelqu'un se montre très gentil, il m'arrive de penser que c'est dans une mauvaise intention, que l'on veut me faire du mal.»
«Je continue à avoir des relations sociales. Je rencontre de nouvelles personnes, mais j'ai beaucoup de mal à parler aux gens. La confiance est très importante. Il faut faire confiance aux autres, il faut les aider: c'est ce qui rend ce monde meilleur. Mais, bien sûr, ce que j’ai vécu m’a réellement traumatisée.»
Fjellhoy pense qu'il faudrait également faire confiance au système et croire en sa capacité de protéger les victimes et de prendre leurs demandes au sérieux.
 «Il faut que la police soit capable de nous protéger, que la banque comprenne la victime et lui donne le temps d’assimiler les choses…»,  indique Fjellhoy.
«Il y a tellement de choses qui auraient pu rendre les événements plus faciles et, par conséquent, le combat moins acharné.»
À tous ceux et celles qui ont été victimes d'escroqueries romantiques, parlez-en. C’est le conseil de Fjellhoy.
«Signalez-le à la police, quoi qu'il arrive. Il est vrai que les choses ne se sont pas passées comme prévu dans notre situation. Mais il faut que les autorités soient au courant de tous les cas pour qu'elles se rendent compte de l'ampleur réelle de la situation.»
«S’il vous plaît, parlez-en.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
Short Url
  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
Short Url
  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
Short Url
  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.