Ukraine: La grogne monte dans l'UE contre le blocage des sanctions par la Hongrie

«C'est le Premier ministre Viktor Orban qui a le pouvoir de décision sur ce sujet», ont expliqué plusieurs hauts responsables européens (Photo, AFP).
«C'est le Premier ministre Viktor Orban qui a le pouvoir de décision sur ce sujet», ont expliqué plusieurs hauts responsables européens (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 mai 2022

Ukraine: La grogne monte dans l'UE contre le blocage des sanctions par la Hongrie

  • «Toute l'Union est malheureusement prise en otage par un État membre», s'est insurgé le chef de la diplomatie lituanienne
  • L'arrêt des achats de pétrole à la Russie va provoquer «une hausse généralisée des prix de l'ordre de 50 à 60%» en Hongrie

BRUXELLES: Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a déploré lundi le blocage de l'embargo pétrolier européen par la Hongrie, mais il s'est dit confiant dans son adoption et a appelé les  Etats membres de l'UE à "tuer les exportations russes" pour empêcher Poutine de financer la guerre contre son pays.

"Le sixième paquet de sanctions de l'UE doit inclure un embargo pétrolier et je suis désolé que cette décision tarde à être adoptée", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l'UE.

"Un seul pays continue de bloquer", a-t-il souligné. "Mais il ne m'appartient pas de dire au Premier ministre hongrois Viktor Orban comment il doit agir", a poursuivi M. Kouleba.

"C'est une affaire de famille pour l'Union européenne (...) Je suis confiant. L'embargo sera décidé, mais il y aura un prix à payer", a-t-il dit.

"La question est quand, car le temps court et la Russie gagne de l'argent avec ses exportations", a relevé le ministre. "Il faut tuer toutes les exportations de la Russie", "une fois privé d'argent, Vladimir Poutine aura le pouvoir, mais les poches vides", a-t-il lancé.

La Hongrie a chiffré lundi à 15-18 milliards d'euros le coût d'un arrêt de ses achats de pétrole russe pour expliquer sa demande d'exemption des approvisionnements par oléoduc du projet d'embargo pétrolier de l'UE.

L'arrêt des achats de pétrole à la Russie va provoquer "une hausse généralisée des prix de l'ordre de 50 à 60%" en Hongrie, a soutenu le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

"Les Hongrois attendent légitimement une proposition de solution pour financer les investissements (de nouvelles infrastructures) et compenser des hausses de prix, un coût global de l'ordre de 15-18 milliards d’euros", a-t-il encore dit.

"C’est pourquoi nous avons suggéré que si l’UE veut introduire un embargo pétrolier, il devrait y avoir une exemption pour les approvisionnements par oléoduc", a expliqué M. Szijjarto.

Décision au sommet européen

"J'ai entendu d'autres chiffres", a quant à lui déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Nous n'avons pas réussi à finaliser le 6e paquet, mais nous avons compris les difficultés" ; "Il faut restructurer les raffineries (de pétrole). Il y des questions de délais d'adaptation et de coûts d'adaptation", a-t-il précisé.

"Cela prendra du temps", a-t-il confié. "Je ne peux pas dire s'il faudra une ou deux semaines", a-t-il reconnu. Un sommet européen extraordinaire est prévu pour les 30 et 31 mai.

"C'est le Premier ministre Viktor Orban qui a le pouvoir de décision sur ce sujet", ont expliqué plusieurs hauts responsables européens.

Pays enclavé, sans accès à la mer, la Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l'oléoduc Droujba.

"Toute l'Union est malheureusement prise en otage par un État membre", s'est insurgé le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis. Les sanctions européennes sont prises à l'unanimité 

"Nous sommes très doués en Europe pour toujours nous montrer en désaccord, pour ne pas donner une image d'unité", a pour sa part déploré son homologue autrichien Alexander Schallenberg.

Le ministre lituanien est allé jusqu'à suggérer que l'Ukraine coupe l'oléoduc qui traverse son territoire jusqu'à la Hongrie, arguant que "si le trafic est stoppé, le problème sera résolu".

La Commission européenne a été chargée de retravailler sa proposition sur l'embargo pétrolier présentée il y a 12 jours et doit soumettre des "solutions concrètes" aux problèmes rencontrés par la Hongrie et d'autres Etats membres. A l'origine, Bruxelles prévoyait un arrêt des importations de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022, avec des exemptions jusqu'à fin 2023 pour Hongrie et Slovaquie.

"Nous devons réussir ce 6e paquet, nous travaillons déjà sur le 7e", a insisté le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. "Mais il n'y a pas que la Hongrie. Il y a aussi d'autres pays", a-t-il averti.

La Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et même la Croatie, très réservées à l'égard d'un embargo, se cachent derrière la Hongrie, selon un responsable européen.

La Bulgarie a officiellement demandé lundi à bénéficier d'un délai de deux années pour sortir de sa dépendance au pétrole russe.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.