Élections libanaises: les réformateurs émergent

Les résultats au Liban révèlent un Parlement fragmenté et polarisé, divisé entre des députés pro et anti-Hezbollah. (Reuters)
Les résultats au Liban révèlent un Parlement fragmenté et polarisé, divisé entre des députés pro et anti-Hezbollah. (Reuters)
Short Url
Publié le Mercredi 18 mai 2022

Élections libanaises: les réformateurs émergent

  • Le résultat du scrutin a marqué un tournant dans un pays dévasté par une crise financière persistante et une pauvreté galopante
  • La nouvelle chambre devrait élire un nouveau président en l'absence de consensus parlementaire pour la réélection du président sortant, Nabih Berri

BEYROUTH: Le Hezbollah et ses alliés ont perdu leur majorité parlementaire, tandis que les indépendants ont fait des percées surprenantes, selon les résultats définitifs des élections, mardi dernier.

Ces derniers révèlent un Parlement fragmenté et polarisé, divisé entre des députés pro et anti-Hezbollah qui auront probablement du mal à travailler ensemble.

Le scrutin a marqué un tournant dans un pays dévasté par une crise financière persistante et une pauvreté galopante.

Les nouveaux visages réformateurs qui se sont lancés dans la course électorale sur les valeurs du soulèvement contre l'establishment, en 2019, ont enregistré un score plus important que ce que de nombreux observateurs avaient prédit.

L'ambassadeur saoudien au Liban, Walid al-Bukhari, a écrit sur Tweeter que les résultats «prouvent l'inévitable prévalence de la logique de l'État sur l’excès de force absurde du mini-État qui paralyse la vie politique et la stabilité au Liban».

Selon un observateur politique, «ni le Hezbollah ni le Courant patriotique libre ne contrôlent le Parlement».

Le mandat du nouveau parlement débute le 22 mai et le cabinet du Premier ministre, Najib Mikati, deviendra un gouvernement intérimaire.

La nouvelle chambre devrait élire un nouveau président en l'absence de consensus parlementaire pour la réélection du président sortant, Nabih Berri, qui occupe ce poste depuis 1992.

Mardi matin, Beyrouth a été témoin de l'incendie d'un «poing de la révolution» qui avait été installé sur la place des Martyrs en guise de symbole de la protestation populaire contre la classe dirigeante.

Par ailleurs, le taux de change du dollar par rapport à la livre libanaise (LL) sur le marché noir a dépassé les 30 000 LL pour la première fois après les élections.

Le palais présidentiel a annoncé que le président, Michel Aoun, avait été transféré à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu de France à Beyrouth «pour y subir des examens médicaux et des radiographies», assurant le public qu'Aoun «quittera l'hôpital dans les prochaines heures, lorsque les examens seront terminés».

Le Parlement ainsi élu ne ressemble à aucun des six parlements précédents depuis l'accord de Taïf, en 1989. Selon les observateurs politiques, «il reflète la tourmente politique que traverse le pays».

La défaite de plusieurs ténors politiques constitue l’un des éléments notables de cette élection. Le ministre de l'Information, Ziad Makari, a estimé que ces forces et ces personnalités «devraient remettre en question le travail qu'elles ont accompli pour leur peuple».

Il a ajouté: «Nous espérons que les forces de changement qui ont atteint le Parlement contribuent sérieusement à l'essor du pays, car ce dernier ne peut souffrir plus longtemps.»

Autre fait remarquable, le Hezbollah et ses alliés ont remporté un total de cinquante-neuf sièges sur cent vingt-huit. Les alliés du groupe comprennent le mouvement Amal, le Courant patriotique libre, le parti Tachnag et l'association Al-Ahbach, ainsi que Jihad al-Samad, Farid al-Khazen et Hassan Mourad.

Le mouvement Amal, dirigé par Nabih Berri, a remporté quinze sièges chiites, dont la plupart sont occupés par des députés actuels, y compris deux qui ont été inculpés dans l'affaire de l'explosion du port de Beyrouth.

Le Hezbollah a remporté treize sièges chiites, avec ses actuels députés et deux nouveaux.

Un député chiite et deux députés sunnites alliés au Hezbollah ont également été élus.

Les Forces libanaises ont remporté vingt sièges. L’un d’eux est occupé par un député sunnite qui figurait sur une liste soutenue par le parti.

Le Courant patriotique libre a obtenu dix-huit sièges.

Le Parti socialiste progressiste, dirigé par Walid Joumblatt, a remporté neuf sièges et le mouvement des Phalanges libanaises (Kataëb) cinq, avec notamment un député arménien.

Le Mouvement de l'indépendance a obtenu deux sièges, le mouvement Marada deux aussi, tout comme Al-Ahbach (un siège à Beyrouth et un autre à Tripoli), alors que le groupe islamique en a gagné un seul.

Camille Dory Chamoun, du Parti national libéral, a remporté un siège. Le parti a annoncé mardi qu'il «fera partie du bloc qui comprend les Forces libanaises et leur allié».

Les élections ont également vu la victoire, principalement dans le Nord, de six anciens membres du courant du Futur qui avaient quitté le parti après la décision de l'ancien Premier ministre Saad Hariri de suspendre son activité politique.

Onze candidats indépendants ont été élus. Certains d’entre eux sont farouchement opposés au Hezbollah, comme Achraf Rifi à Tripoli et Fouad Makhzoumi à Beyrouth.

Quinze députés issus de la société civile et de la révolution de 2019 ont gagné. On compte parmi eux des médecins, des ingénieurs, des scientifiques, des avocats, des hommes d'affaires et des universitaires. Leur victoire brise le monopole des partis politiques conventionnels et traduit la révolte des électeurs contre leurs dirigeants traditionnels.

Parmi les vainqueurs figure Rami Fanj, candidat au siège sunnite de Tripoli. Il a évincé le député Faysal Karamé, issu d'une famille politique de longue date.

Huit des cent cinquante-cinq candidates ont réussi à briser l'écrasante domination masculine au Parlement.

Trois de ces élues étaient déjà députées: Inaya Ezzeddine, du mouvement Amal, Paula Yacoubian, qui a démissionné lors de la révolution du 17-Octobre, et Sethrida Geagea, des Forces libanaises.

Les autres femmes députées sont Nada Boustani Khoury, ancienne ministre de l'Énergie affiliée au Courant patriotique libre, Ghada Ayoub, des Forces libanaises, ainsi que Cynthia Zarazir, Najat Saliba et Halima Kaakour, du mouvement de la société civile.


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Short Url
  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com