Au Liban, l'appel à l'aide des acteurs économiques sur fond de crise de gouvernement

Le futur Premier ministre libanais devrait être nommé d’ici deux jours. (Photo, AFP)
Le futur Premier ministre libanais devrait être nommé d’ici deux jours. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 20 octobre 2020

Au Liban, l'appel à l'aide des acteurs économiques sur fond de crise de gouvernement

  • La position des Forces libanaises montre le FPM du doigt, seul bloc à empêcher le processus parlementaire
  • Le Fonds monétaire international a de son côté projeté lundi que «l’économie libanaise va connaître l’une des plus fortes contractions économiques de la région cette année»

BEYROUTH: Le futur Premier ministre libanais devrait être nommé d’ici deux jours, alors que le doute plane autour des consultations parlementaires. Prévues pour jeudi, on craint qu’elles ne soient de nouveau retardées par le président Michael Aoun.

Le seul nom qui circule en ce moment est celui de l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Les deux partis chrétiens - le Mouvement patriotique libre (FPM) et les Forces libanaises - s'opposent à sa nomination.

Richard Kouyoumjian, ancien ministre et membre actuel du bloc parlementaire des Forces libanaises, a déclaré que l’objection de son parti n’équivaut pas à un refus de participation aux consultations contraignantes.

«La participation des représentants du bloc aux consultations parlementaires est conforme aux traditions et aux lois, que le bloc nomme un chef de cabinet potentiel ou non», a-t-il déclaré.

Kouyoumjian a appelé à «l’application de la constitution» et a déclaré: «les considérations communautaires n’ont plus leur place».

La position des Forces libanaises montre le FPM du doigt, seul bloc à empêcher le processus parlementaire.

La décision des Forces libanaises de ne pas proposer de nom lors des consultations est loin de sa position lors des deux consultations précédentes. Il avait alors nominé l'ambassadeur Nawaf Salam.

Le membre du bloc parlementaire du Futur, Mohammad Hajjar espère que les consultations ne seraient pas reportées car «ceci ne sert pas l'intérêt du pays et du peuple».

Il a déclaré à Arab News: «Il n’y avait pas de raison pour reporter les consultations la première fois. Je répète notre position, l'initiative française est une opportunité pour sauver le pays, il ne faut pas la gaspiller. Nous avons aussi dit que le report ne changera rien, c’est juste une obstruction de plus qui ne profitera pas au pays. Nous espérons qu'un Premier ministre sera nommé jeudi par une majorité parlementaire. »

Quant à un nouveau report des consultations sous de nouveaux prétextes, Hajjar affirme que «Le patriarche maronite Bechara Al-Rahi demandé qu’on applique la loi qui ne fait pas référence aux chartes chrétiennes ou régionales dans le processus de nomination. Nous pensons que 22 parlementaires chrétiens iront aux prochaines consultations parlementaires au Palais de Baabda; certains d'entre eux pourraient nommer Hariri, d'autres non. Les consultations doivent donc avoir lieu pour que nous puissions procéder à la formation du gouvernement. »

De cette confusion politique, des instances économiques libanaises, issues de différents domaines du secteur privé, se dressent et lancent un nouvel appel à l'aide pour sauver le pays. Lors d'une réunion lundi, elles ont appelé à «la formation immédiate d'un gouvernement capable d’exécuter l'initiative française».

Ces organismes ont averti que «nous allons atteindre un stade où il n'y aura plus de liquidité en devises étrangères, le taux de change du dollar grimpera de manière incontrôlable, le pouvoir d'achat diminuera et le taux d'inflation augmentera. Cela engendrera une fermeture quasi totale des institutions, un chômage en masse, et la pauvreté sociale qui touchera toutes les communautés religieuses.

Les experts ont souligné avoir précédemment mis en garde contre «ce destin tragique à plusieurs reprises, et nous y voilà. La structure du pays s'effondre sur le terrain, l'économie se détériore dans toutes ses composantes à une vitesse record, et les institutions prennent leur dernier souffle».

Le Fonds monétaire international a de son côté projeté lundi que «l’économie libanaise va connaître l’une des plus fortes contractions économiques de la région cette année, estimée à 25%».

L'Observatoire de crise de l'Université américaine de Beyrouth chiffre à 838 millions de dollars le coût de la réduction de l'écart de pauvreté au Liban, en 2020, pour les personnes en dessous du seuil de pauvreté minimum.

Le groupe a expliqué que ce coût avait augmenté trois fois depuis 2019, en raison d'un pic de pauvreté qui a passé de 8% à 23%.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.