Les «héros» d'Azovstal se rendent, le Congrès américain débloque 40 milliards pour l'Ukraine

Des soldats ukrainiens sont évacués dans un bus de l'aciérie assiégée d'Azovstal à Mariupol, le 17 mai 2022 (Photo, AP).
Des soldats ukrainiens sont évacués dans un bus de l'aciérie assiégée d'Azovstal à Mariupol, le 17 mai 2022 (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 20 mai 2022

Les «héros» d'Azovstal se rendent, le Congrès américain débloque 40 milliards pour l'Ukraine

  • Kiev n'a pas parlé de reddition et les responsables ukrainiens refusent de commenter à ce stade
  • Les ministres des Finances du G7, réunis en Allemagne, ont commencé jeudi à faire le compte des milliards d'euros, de livres et de dollars que chaque pays pouvait débourser

KIEV: Le Congrès américain a débloqué jeudi une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, au moment où Moscou obtenait une victoire symbolique avec les images de centaines de combattants ukrainiens émergeant, hagards, de l'usine Azovstal de Marioupol où ils étaient retranchés depuis des semaines.

Six milliards de dollars de cette nouvelle aide américaine doivent notamment permettre à l'Ukraine de s'équiper en véhicules blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne à l'heure où les combats font rage dans l'est et le sud du pays. Moscou s'est résolu à y concentrer ses efforts après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv au Nord.

Le projet de loi n'a plus qu'à être promulgué par le président Joe Biden, qui réclamait cette énorme rallonge budgéaire pour soutenir Kiev dans la nouvelle phase du conflit, après les 14 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès mi-mars.

Les ministres des Finances du G7, réunis en Allemagne, ont justement commencé jeudi à faire le compte des milliards que chaque pays pouvait débourser rapidement pour soutenir l'économie et l'effort militaire ukrainiens.

Ces aides très attendues par l'Ukraine interviennent au moment où la Russie a annoncé jeudi que près de 800 militaires ukrainiens retranchés dans les entrailles du gigantesque complexe sidérurgique Azovstal s'étaient rendus au cours des dernières 24 heures, ce qui porte le total à 1.730 depuis lundi.

Moscou a rendu publiques des images montrant des cohortes d'hommes en tenue de combat émergeant, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l'invasion russe à Marioupol, ville martyre à 90% détruite dans le sud-est du pays et où au moins 20.000 personnes ont péri, selon Kiev.

Ces soldats, parmi lesquels 80 blessés, "se sont constitués prisonniers", a souligné le ministère russe de la Défense.

Kiev n'a pas parlé de reddition et les responsables ukrainiens refusent de commenter à ce stade. Mais le président Volodymyr Zelensky a évoqué lundi une "évacuation" visant à sauvegarder la vie de ces "héros" ukrainiens grâce à une médiation internationale.

Confirmant implicitement la version d'une solution négociée, comme cela avait été le cas sous l'égide du CICR pour évacuer auparavant des civils de Marioupol, l'ONU a appelé jeudi la Russie et l'Ukraine à reprendre les pourparlers pour "mettre fin à cette guerre".

"J'aime à croire que le fait que cette coopération a fonctionné relativement bien, en tout cas beaucoup mieux que les semaines précédentes, est quelque chose sur quoi on peut bâtir", a déclaré le responsable de l'ONU pour les situations d'urgence, Martin Griffiths.

Membres pour l'essentiel d'une unité de fusiliers marins de l'armée ukrainienne et du régiment Azov fondé par des nationalistes ukrainiens, les combattants évacués étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l'époque soviétique sous la gigantesque aciérie, massivement bombardée par les Russes.

Le dirigeant séparatiste prorusse Denis Pouchiline avait précisé mercredi que les commandants ne s'étaient pas encore rendus et affirmé qu'il y avait initialement "plus de 2.000 personnes" sur le site.

Guerre d'indépendance

Dans une vidéo publiée jeudi, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, a confirmé être toujours dans l'usine avec le reste du commandement, refusant de dévoiler les détails de l'"opération" en cours.

Leur sort reste en suspens: l'Ukraine veut organiser un échange de prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir qu'elle considérait au moins une partie d'entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants "néonazis".

Malgré cette séquence à valeur essentiellement symbolique pour Moscou, qui avait déjà le contrôle quasi-total de la ville, le président Zelensky a déclaré jeudi que son peuple demeurait "fort, indestructible, courageux et libre", dans une vidéo marquant le jour de la Vychyvanka, la fameuse chemise brodée traditionnelle ukrainienne, qu'il portait pour l'occasion.

Dans un discours devant des étudiants, il a parlé d'une "guerre d'indépendance", et estimé que la Russie resterait "probablement toujours une menace".

«Je vous demande pardon»

Séquence cette fois à haute valeur symbolique pour l'Ukraine, le premier procès d'un militaire russe pour crime de guerre a repris jeudi à Kiev.

"Je sais que vous ne pourrez pas me pardonner, mais je vous demande pardon", a dit le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans et un visage juvénile, à la veuve de l'homme de 62 ans qu'il est accusé d'avoir abattu le 28 février dans le nord-est de l'Ukraine, alors que, sa colonne de blindés ayant été attaquée, il tentait de rejoindre les siens.

La prison à vie a été requise contre le jeune soldat, qui a plaidé coupable.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a encore qualifié mercredi "de fakes ou de mises en scène" les accusations pesant sur les troupes russes.

Un autre procès pour crimes de guerre s'est cependant ouvert jeudi dans le nord-est de l'Ukraine: celui de deux militaires russes accusés d'avoir tiré des roquettes sur des infrastructures civiles dans la région de Kharkiv.

Les bombardements russes continuent de faire des victimes. Ils ont fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est), selon le gouverneur local Serguiï Gaïdaï. Il a affirmé que la plupart des tirs avaient touché des immeubles d'habitation, et que le bilan pourrait s'alourdir.

Une équipe de l'AFP sur place a constaté que cette cité industrielle était transformée depuis plusieurs jours en champ de bataille et écrasée sous les tirs d'artillerie.

"Je ne sais pas combien de temps nous pouvons tenir", a dit Nella Kachkina, 65 ans, ancienne employée de la municipalité aujourd'hui à la retraite.

«Fort consensus»

Severodonetsk et Lyssytchansk constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk. Les Russes encerclent ces deux localités, séparées par une rivière, et les bombardent sans relâche.

Selon un compte-rendu quotidien des militaires ukrainiens, "l’ennemi a intensifié ses attaques et tentatives d’assaut pour améliorer ses positions tactiques" dans le Donbass, la région de l'est russophone partiellement contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses et dont Moscou, faute d'avoir pu prendre Kiev et le reste du pays, veut prendre le contrôle total.

Le Pentagone a averti jeudi que malgré les succès des forces ukrainiennes dans le nord, l'armée russe parvenait à renforcer son emprise sur le Donbass et le sud du pays, ce qui signifie que le conflit pourrait durer.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, les chefs d'état-major américain et russe, les généraux Mark Milley et Valéri Guerassimov, se sont parlé jeudi au téléphone, a par ailleurs rapporté le ministère américain de la Défense.

Sur le front diplomatique, le président Biden a reçu a Washington les dirigeants de la Finlande et de la Suède, leur promettant le soutien américain au lendemain de leur demande d'adhésion à l'Otan.

Alors que la Turquie s'oppose pour l'instant à leur candidature, le chef de la diplomatie américaine s'est dit jeud "très confiant" de voir le processus se débloquer. "Si des inquiétudes sont soulevées par un membre de l'Alliance, elles recevront une réponse", "il y a aura un fort consensus pour faire entrer ces deux pays", a-t-il assuré à New York.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.