Après des années d'attente, la capsule de Boeing en route vers la Station spatiale pour son vol test

La capsule spatiale de Boeing, Starliner, a décollé jeudi soir depuis la Floride pour un vol d'essai à vide en direction de la Station spatiale internationale (Photo, AFP).
La capsule spatiale de Boeing, Starliner, a décollé jeudi soir depuis la Floride pour un vol d'essai à vide en direction de la Station spatiale internationale (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 mai 2022

Après des années d'attente, la capsule de Boeing en route vers la Station spatiale pour son vol test

  • Le développement de Starliner s'est révélé être une longue épopée semée d'embûches
  • La Nasa avait prescrit une longue liste de recommandations et modifications à effectuer

WASHINGTON: Après des années de retard et d'échecs successifs, la capsule spatiale de Boeing, Starliner, a décollé jeudi soir depuis la Floride pour un vol d'essai à vide en direction de la Station spatiale internationale, dans l'espoir d'enfin devenir la deuxième entreprise à servir à l'avenir de "taxi" pour les astronautes de la Nasa, après SpaceX.

Le lancement a eu lieu depuis Cap Canaveral à 18H54 heure locale (22H54 GMT). Starliner était propulsée par une fusée Atlas V de United Launch Alliance (ULA), et doit s'amarrer à la Station spatiale (ISS) environ 24H plus tard.

La capsule a été placée sur la bonne trajectoire, mais deux des 12 propulseurs normalement utilisés pour la manoeuvre n'ont pas fonctionné, ont déclaré des responsables de la Nasa lors d'une conférence de presse. Ce problème ne devrait toutefois pas affecter la mission, ont-ils assuré.

"Les équipes sont en train de travailler pour comprendre pourquoi nous avons eu ces anomalies", a déclaré Mark Nappi, responsable du programme spatial habité chez Boeing. "Nous avons un véhicule sûr et nous sommes en route vers la Station spatiale internationale", a-t-il ajouté.

Ce test sans passagers à bord, qui doit prouver que la capsule est sûre pour ensuite transporter des humains, avait déjà été tenté en 2019. Mais il avait alors frôlé la catastrophe, et le vaisseau avait dû revenir sur Terre prématurément sans avoir atteint l'ISS.

Puis en août 2021, un nouvel essai avait dû être annulé au tout dernier moment, avant même le lancement, à cause d'un problème de valves détecté lors des ultimes vérifications.

Pendant ce temps-là, SpaceX, pourtant nouvelle venue dans l'industrie aérospatiale par rapport à Boeing, a de son côté réussi ses propres tests, et commencé à transporter les astronautes de la Nasa lors de missions régulières. En tout, l'entreprise du milliardaire Elon Musk a déjà acheminé 18 astronautes avec sa propre capsule, Dragon -- ainsi que quatre passagers privés lors d'une mission de tourisme spatial. 

Mais la Nasa souhaite diversifier ses options, afin de ne plus jamais risquer de se retrouver sans moyens de transport américain, comme après l'arrêt des navettes spatiales en 2011. Jusqu'à SpaceX, l'agence américaine en était en effet réduite à payer pour des places dans les fusées russes Soyouz.

Un contrat à prix fixe a été passé avec SpaceX tout comme avec Boeing.

Amarrage délicat

Jeudi, seul un mannequin nommé Rosie était assis dans le siège du commandant. Il est équipé d'une quinzaine de capteurs, destinés à récolter des informations sur les mouvements de la structure.

Starliner emporte également environ 230 kg de ravitaillement pour le compte de la Nasa, dont de la nourriture.

L'approche de l'ISS vendredi, vers 23H00 GMT, sera suivie de près par les astronautes à bord de la Station. Ils commanderont d'abord à la capsule de se stabiliser à environ 250 mètres de distance, avant de procéder à la délicate manoeuvre de contact. L'écoutille de la capsule ne sera ouverte que le lendemain, samedi. 

Starliner doit rester amarrée à l'ISS durant environ cinq jours, avant de redescendre vers la Terre pour atterrir dans le désert de l'Etat américain du Nouveau-Mexique, sur la base de White Sands. 

Déboires à répétition

Le développement de Starliner s'est révélé être une longue épopée semée d'embûches. 

En 2019, la capsule n'avait pas pu être placée sur la bonne orbite à cause d'un problème d'horloge, et avait dû revenir sur Terre au bout de deux jours. Boeing s'était ensuite aperçu que d'autres soucis de logiciel avaient failli engendrer une grave anomalie de vol.

La Nasa avait prescrit une longue liste de recommandations et modifications à effectuer. 

Puis, en 2021, alors que la fusée se trouvait déjà sur le pas de tir pour retenter le vol, un problème d'humidité avait causé une réaction chimique ayant bloqué l'ouverture de certaines valves de la capsule. Elle avait dû retourner à l'usine pour inspection -- pendant 10 mois. 

Le problème a été réglé en isolant hermétiquement les nouvelles valves, afin d'empêcher l'humidité de pénétrer, a expliqué Mark Nappi, de chez Boeing. Mais à l'avenir, d'autres solutions de plus long terme, dont un design modifié, sont sur la table.  

L'enjeu est grand pour la compagnie, qui espère pouvoir réaliser un premier vol habité d'ici la fin de l'année. Cette deuxième mission de démonstration sera indispensable pour enfin obtenir l'homologation de la Nasa.

Mais le calendrier exact dépendra des performances de la capsule cette semaine -- qui devront du même coup redorer un peu l'image de Boeing, pour le moins écornée par ces déboires à répétition.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.