Au Maroc, des pèlerins juifs font leur retour à Meknès

Des membres de la communauté juive prient en observant Hillula dans un cimetière juif de Meknès, au nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)
Des membres de la communauté juive prient en observant Hillula dans un cimetière juif de Meknès, au nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 20 mai 2022

Au Maroc, des pèlerins juifs font leur retour à Meknès

  • C'est la première fois que des pèlerins juifs revenaient dans cette ville emblématique de la présence juive multiséculaire au Maroc depuis que le royaume a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020
  • La communauté juive marocaine, estimée aujourd'hui à 3 000 personnes, reste la plus importante d'Afrique du Nord, malgré un départ massif vers Israël après la création de l'Etat hébreu en 1948

MEKNÈS : Des dizaines de fidèles juifs ont participé cette semaine au pèlerinage traditionnel de la hilloula à Meknès, au Maroc, qui a repris pour la première fois depuis les années 1960 après la restauration du cimetière historique juif de la ville.

C'est la première fois que des pèlerins juifs revenaient dans cette ville emblématique de la présence juive multiséculaire au Maroc depuis que le royaume a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020, sous l'impulsion de l'ex-président américain Donald Trump.

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Un membre de la communauté juive prie en observant Hillula dans un cimetière juif de Meknès, au nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

Les fidèles, très majoritairement d'origine marocaine, sont venus mercredi et jeudi honorer leurs "tsadikims" (les saints et les rabbins célèbres) dans le cimetière délaissé pendant des décennies et fraîchement réhabilité de l'ancien "mellah" (quartier juif) de la ville impériale. Un pèlerinage encadré par un important dispositif policier.

"Les mots me manquent pour décrire ce que je ressens. Mon retour tant attendu dans ma ville natale après des années d'absence est merveilleux", confie à l'AFP André Derhy, un Franco-Marocain de 86 ans, en arpentant les allées de Beth Haim ("Maison de la vie" en hébreu) de Meknès.

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Un membre de la communauté juive allume une bougie alors qu'elle observe Hillula dans un cimetière juif de la ville de Meknès, dans le nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

"C’est une grande fierté de venir à Meknès sur les traces de mes ancêtres qui reposent ici", lance le rabbin Niddam, un Israélien d'origine marocaine de 31 ans qui visite le royaume pour la première fois.

«Perpétuer la mémoire»

La restauration du cimetière, érigé en 1682 mais tombé en décrépitude, s’inscrit dans le cadre d'un programme de réhabilitation de plus de 160 cimetières juifs du Maroc initié par le roi Mohammed VI en 2010.

La communauté juive marocaine, estimée aujourd'hui à 3 000 personnes, reste la plus importante d'Afrique du Nord, malgré un départ massif vers Israël après la création de l'Etat hébreu en 1948.

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Des membres de la communauté juive se rassemblent alors qu'ils observent Hillula dans un cimetière juif de la ville de Meknès, dans le nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

Les quelque 700 000 Israéliens d'ascendance marocaine ont souvent gardé des liens très forts avec leur pays d'origine.

Présente depuis l'Antiquité, renforcée au 15e siècle par l'expulsion des juifs d'Espagne, cette communauté a atteint 250 000 âmes à la fin des années 1940.

À Meknès, une centaine de pèlerins, bougies à la main, parcourent les tombeaux recouverts de chaux blanche. 

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Des membres de la communauté juive passent devant des tombes alors qu'ils observent Hillula dans un cimetière juif de la ville de Meknès, au nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

Une poignée prie avec ferveur devant la stèle du rabbin Raphaël Berdugo, "maître de la Torah" décédé en 1821. 

"Ce rassemblement est la preuve qu'on peut faire d’un champ de ruines un lieu pour perpétuer la mémoire des juifs marocains", explique à l'AFP Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc. 

«Cohabitation»

Si la cause palestinienne continue à recueillir la sympathie de la population marocaine, la normalisation des relations avec Israël n'a guère soulevé de contestation massive.

Pour Yousseph Israël, originaire de Tétouan (nord) et juge à la chambre hébraïque de Casablanca, "le Maroc a toujours été un exemple de cohabitation religieuse".

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Une membre de la communauté juive prie en observant Hillula dans un cimetière juif de Meknès, au nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

Bien avant la normalisation, "le Maroc et Israël ont toujours entretenu des relations de paix. Beaucoup d'Israéliens visitaient le royaume sans le moindre problème", abonde le rabbin Niddam. 

Avant le rétablissement des liens, le royaume chérifien recevait chaque année entre 50 000 et 70 000 touristes juifs, pour la plupart en provenance d'Israël.

Avec le lancement de liaisons aériennes directes, il s'attend à en accueillir jusqu'à 200 000.

Gilles Berdugo, un Israélien d'origine marocaine né à Meknès, a profité du pèlerinage pour retourner pour la première fois au Maroc qu'il a quitté en 1970 à l'âge de 11 ans.

"Je suis retourné dans mon quartier les yeux fermés. Tous mes souvenirs ont ressurgi, c'est comme si je n'avais jamais quitté ce pays", témoigne cet inspecteur de l'Education nationale israélienne, attablé avec sa femme et leur six enfants sous une tente caïdale où ont été dites des prières en l'honneur du roi Mohammed VI.

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Un membre de la communauté juive passe devant des tombes alors qu'il observe Hillula dans un cimetière juif de la ville de Meknès, dans le nord du Maroc, le 18 mai 2022. (Photo, AFP)

Pour ses enfants, qui visitent pour la première fois le Maroc, l'expérience est "intense".

"On a grandi avec les histoires de notre père et c’est comme si on a enfin retrouvé ici une pièce manquante d'un puzzle (familial)", sourit son fils Avishaï, âgé de 30 ans. 

Très ému, Gilles Berdugo salue de la part du Maroc "un travail exceptionnel de préservation de sa mémoire plurielle". 

"Ce voyage revêt une symbolique énorme pour mes enfants et le vivre avec eux, ça n'a pas d'égal", dit-il, la larme à l'œil.


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.