Ukraine: l'aciérie Azovstal est tombée, «feu intense» sur le Donbass

L'aciérie Azovstal, dernier bastion défendu par les forces ukrainiennes à Marioupol, est passée vendredi sous contrôle russe (Photo, AFP).
L'aciérie Azovstal, dernier bastion défendu par les forces ukrainiennes à Marioupol, est passée vendredi sous contrôle russe (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 mai 2022

Ukraine: l'aciérie Azovstal est tombée, «feu intense» sur le Donbass

  • Des frappes russes avaient fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk
  • Severodonetsk et Lyssytchansk, séparées par une rivière, constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région

KIEV: L'aciérie Azovstal, à Marioupol, ultime poche de résistance dans ce port stratégique sur la mer d'Azov, est passée vendredi soir sous contrôle russe, alors que dans le Donbass, plus au nord, l'artillerie de Moscou pilonnait les positions de Kiev.

En début de soirée, le porte-parole du ministère russe de la Défense a affirmé que le complexe sidérurgique était "passé sous le contrôle complet des forces armées russes" après la reddition des derniers soldats ukrainiens, et que la nouvelle avait été transmise au président Vladimir Poutine. 

Des images publiées par Moscou montraient des cohortes d'hommes en tenue de combat émergeant de l'aciérie, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l'invasion russe.

«Sauvetage de nos héros»

"Le commandement militaire supérieur a donné l'ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d'arrêter de défendre la ville", avait affirmé dans la journée dans une vidéo sur Telegram le commandant du régiment Denys Prokopenko, un large pansement au bras droit et le gauche tuméfié, depuis ce qui semblait être un local souterrain.

Kiev récuse le terme de reddition, M. Zelensky évoquant "le sauvetage de nos héros". 

L'armée russe a publié vendredi soir des images qu'elle a présentées comme étant celles de la fouille de combattants ukrainiens désarmés par des soldats russes.

L'Ukraine espère échanger des prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir, visant implicitement le régiment Azov, qu'elle considérait une partie d'entre eux comme des combattants "néonazis".

Le Comité international de la Croix-Rouge a exhorté les deux parties à lui accorder l'accès aux prisonniers de guerre et aux internés civils, "où qu'ils soient détenus".

La bataille pour le contrôle de Marioupol a donné lieu à de multiples accusations de crime de guerre par les puissances occidentales, notamment lors de l'attaque d'une maternité. 

L'Ukraine a ouvert plus de 12 000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le 24 février, selon le Parquet ukrainien. 

Vendredi, le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, a admis avoir tué un civil non armé au début de l'offensive, lors du premier procès d'un soldat russe accusé de crimes de guerre depuis le début de l'invasion, dont le verdcit est attendu lundi.

Le jeune soldat s'est dit "sincèrement désolé", mais son avocat l'a déclaré "non coupable" de meurtre avec préméditation et de crimes de guerre dans ses plaidoiries finales.

Contre-offensive en juin ? 

Après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne (nord-est), la Russie concentre ses efforts militaires dans l'Est et le Sud.

"L'ennemi ne cesse de mener des opérations offensives dans la zone opérationnelle orientale afin d'établir un contrôle total du territoire des régions de Donetsk et de Lougansk et de maintenir le corridor terrestre avec la Crimée temporairement occupée", a indiqué l'état-major des forces ukrainiennes sur Facebook samedi matin.

Dans le bassin houiller du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a assuré que la conquête de la région de Lougansk était "presque achevée".

Le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense Oleksandre Motouzianyk a avancé que la situation "montrait des signes d'aggravation", et que "les forces d'occupation russe mènent un feu intense sur toute la ligne de front".

"Pendant que nous résistons, nos troupes reçoivent des armes étrangères, se réarment, se regroupent, et je pense qu'en juin nous verrons la contre-attaque", a toutefois assuré dans la nuit de vendredi à samedi le gouverneur local Serguiï Gaïdaï.

A Lozova, une ville de l'Est, au moins huit personnes dont un enfant ont été blessées par une frappe de missile russe sur un centre culturel fraîchement reconstruit, ont annoncé vendredi des responsables ukrainiens.

Des frappes russes avaient fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, selon M. Gaïdaï, une attaque qualifiée par M. Zelensky de "brutale et absolument inutile", tandis que les habitants recroquevillés dans les sous-sols décrivaient un interminable calvaire de terreur.

Severodonetsk et Lyssytchansk, séparées par une rivière, constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région.

Alors que les négociations menées il y a quelques semaines sous médiation turque sont au point mort, l'Italie a indiqué vendredi avoir proposé la constitution d'un "groupe international de facilitation composé d'organisations internationales" comme l'ONU, l'UE et l'OSCE.

"L'objectif est de travailler pas à pas (...) en partant par exemple des trêves localisées, de l'évacuation des civils, de la possibilité d'ouvrir des couloirs humanitaires sécurisés, et ensuite évidement de monter en puissance pour arriver à un cessez-le-feu général, puis une paix durable avec un véritable accord de paix", a expliqué le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio à Turin.

L'heure est dans l'immédiat à la guerre, et les pays du G7 réunis en Allemagne ont promis vendredi de mobiliser 19,8 milliards de dollars (18,7 milliards d'euros) afin d'aider l’Ukraine à "combler son déficit financier".

La veille, le Congrès américain a débloqué une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, visant notamment à permettre à l'Ukraine de s'équiper en blindés et de renforcer sa défense antiaérienne.


HRW exhorte le Royaume-Uni à abandonner son recours contre le mandat d'arrêt de la CPI visant Netanyahu

Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
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  • La directrice britannique de l'organisation juge "absolument crucial" que le nouveau gouvernement "honore ses engagements"
  • La CPI cherche à arrêter le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens

LONDRES: Human Rights Watch (HRW) appelle le nouveau gouvernement britannique à renoncer au recours juridique du pays contre les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant des dirigeants israéliens.

L'ancien Premier ministre Rishi Sunak avait contesté plus tôt cette année l'émission par la Cour de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

Selon The Guardian, Karim Khan, procureur en chef de la CPI, a déclaré qu'il existait des motifs crédibles pour tenir les deux dirigeants responsables de crimes contre l'humanité.

Yasmine Ahmed, directrice de HRW au Royaume-Uni, insiste sur l'importance "cruciale" pour le nouveau Premier ministre Keir Starmer de retirer le recours contre la CPI.

Il y a deux semaines, The Guardian annonçait que le nouveau gouvernement envisageait d'abandonner l'affaire. 

Des diplomates britanniques ont ensuite démenti ces rumeurs, affirmant que la décision était "toujours à l'étude".

Le gouvernement a jusqu'au 26 juillet pour décider de la poursuite ou non du recours, selon les règles de la CPI.

Ahmed a déclaré que le gouvernement travailliste devait adopter un "réalisme progressiste", concept proposé par le nouveau ministre des Affaires étrangères David Lammy.

Elle s'interroge: "Le gouvernement britannique sera-t-il assez mûr pour respecter ses propres déclarations sur le droit international et l'ordre mondial en retirant sa demande d'intervention dans l'affaire de la CPI? Nous verrons si les actes suivront les paroles."
"Le monde auquel ils font face est d'une complexité inouïe. Nous assistons à des crises d'une ampleur sans précédent depuis des décennies", ajoute-t-elle.

Ahmed salue la décision du Labour de reprendre le financement britannique de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Cette décision laisse les États-Unis seuls à ne pas avoir repris le financement de l'UNRWA après le boycott controversé de l'agence plus tôt cette année.

"Nous ne pouvons pas promouvoir un ordre international fondé sur des règles si nous ne l'appliquons pas nous-mêmes", conclut Ahmed. "Nous devons donner au (gouvernement) l'opportunité d'être à la hauteur de sa rhétorique."


Gaza: Kamala Harris promet de ne pas «  rester silencieuse  » après sa rencontre avec Netanyahu

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
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  • "Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur"
  • L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche"

WASHINGTON: Kamala Harris a donné jeudi le signal d'un possible changement majeur dans la politique américaine à l'égard de Gaza, promettant de ne pas rester "silencieuse" face aux souffrances des civils et insistant sur la nécessité de conclure un accord de paix sans tarder.

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice".

"Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur", a-t-elle déclaré, évoquant les "enfants morts" et les "personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l'abri".

"Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse", a-t-elle ajouté devant la presse.

L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche".

Elle lui a demandé de conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le Hamas afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.

"Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahu, il est temps de conclure cet accord", a-t-elle déclaré.

Mme Harris a également appelé à la création d'un Etat palestinien, à laquelle s'oppose le Premier ministre israélien.

Un discours qui tranche avec l'image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée, même si les deux hommes entretiennent des relations notoirement compliquées.

Le président américain a d'ailleurs lui aussi appelé Benjamin Netanyahu à "finaliser" l'accord de cessez-le-feu pour permettre de "ramener les otages chez eux" et de "mettre durablement un terme à la guerre", selon un compte-rendu de leur rencontre diffusé par la Maison Blanche.

Rencontre avec Trump

Pour la fin de son voyage outre-Atlantique, M. Netanyahu se rendra vendredi en Floride, à l'invitation de Donald Trump qu'il a longuement remercié dans son discours devant les élus à Washington.

Jeudi matin, l'ancien président républicain a exhorté Israël à "terminer" rapidement sa guerre à Gaza, avertissant que son image mondiale était en train de se ternir.

"Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C'est trop long", a-t-il déclaré à Fox News.

Pendant sa longue adresse devant le Congrès, les républicains ont fortement applaudi M. Netanyahu, alors que plus de 60 élus démocrates, dont l'ancienne "speaker" Nancy Pelosi, ont boycotté son discours.

Ils condamnent sa conduite de la guerre qui s'est traduite par des dizaines de milliers de morts palestiniens et une catastrophe humanitaire.

Devant la Maison Blanche, des manifestants se sont rassemblés jeudi pour protester contre la venue du dirigeant israélien. La veille, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale américaine.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.175 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne aucune indication sur le nombre de civils et de combattants morts.


Biden dit à Netanyahu qu'un cessez-le-feu est nécessaire «  rapidement  »

C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
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  • Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a prévu de dire jeudi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qu'un cessez-le-feu à Gaza est nécessaire "rapidement", a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche.

"Le président réaffirmera au Premier ministre Netanyahu qu'il pense que nous devons parvenir (à un accord) et que nous devons y parvenir rapidement", a expliqué John Kirby, porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale, lors d'un point de presse. "Il est temps" a-t-il ajouté, au 10e mois de la guerre dans la bande de Gaza.

Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza.

"Le président Biden a exprimé la nécessité de combler les lacunes restantes, de finaliser l'accord dès que possible, de ramener les otages chez eux et de mettre durablement un terme à la guerre à Gaza", est-il  précisé dans le compte-rendu de leur rencontre.

Netanyahu affirme se réjouir de travailler avec Biden 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier.

"Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de service public et de soutien à l'Etat d'Israël et je me réjouis de discuter avec vous aujourd'hui et de travailler avec vous dans les mois qui viennent", a déclaré le dirigeant en arrivant à la Maison Blanche.