Joe Biden à Tokyo: Etats-Unis et Japon haussent le ton envers Pékin

Le président américain Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida assistent par liaison vidéo à la réunion du Cadre économique indo-pacifique pour la prospérité avec d'autres dirigeants régionaux, à la galerie Izumi Garden à Tokyo, le 23 mai 2022. (AFP).
Le président américain Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida assistent par liaison vidéo à la réunion du Cadre économique indo-pacifique pour la prospérité avec d'autres dirigeants régionaux, à la galerie Izumi Garden à Tokyo, le 23 mai 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 23 mai 2022

Joe Biden à Tokyo: Etats-Unis et Japon haussent le ton envers Pékin

  • Après une visite de trois jours en Corée du Sud, M. Biden est depuis dimanche soir au Japon
  • Lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida lundi, M. Biden a prévenu que les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan si Pékin envahissait l'île autonome

TOKYO : Le président américain Joe Biden, en visite à Tokyo, a multiplié lundi les mises en garde à Pékin, avertissant que les Etats-Unis défendraient Taïwan en cas d'invasion de l'île par la Chine qui a vivement réagi.

Après une visite de trois jours en Corée du Sud, M. Biden est depuis dimanche soir au Japon, les responsables américains considérant ces deux pays comme les chevilles ouvrières du dispositif américain face à la montée en puissance de la Chine dans la région.

Lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida lundi, M. Biden a prévenu que les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan si Pékin envahissait l'île autonome, jugeant que la Chine "flirte avec le danger". 

"Nous étions d'accord avec la politique d'une seule Chine, nous l'avons signée (...) mais l'idée que (Taïwan) puisse être prise par la force n'est tout simplement pas appropriée", a-t-il ajouté.

Taïwan: la Chine appelle Biden à ne pas «sous-estimer» sa détermination

La Chine a appelé lundi Joe Biden à "ne pas sous-estimer" sa "ferme détermination" à "protéger sa souveraineté", après des propos du président américain s'engageant à défendre militairement Taïwan en cas d'invasion par l'armée de Pékin.

Depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, l'île peuplée de 24 millions d'habitants est dirigée par un régime rival de celui, communiste, qui gouverne la Chine continentale.

La Chine entend "réunifier" le territoire insulaire à "la mère patrie". Elle n'a pas renoncé à utiliser la force armée, notamment en cas de déclaration formelle d'indépendance par les autorités taïwanaises.

Après avoir longtemps entretenu une certaine ambiguïté, le président américain Joe Biden a confirmé lundi à Tokyo que les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan si Pékin envahissait l'île.

"Personne ne doit sous-estimer la ferme détermination, la forte volonté et la puissante capacité du peuple chinois à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale", a répliqué Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

"Nous demandons instamment aux États-Unis (...) d'éviter d'envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes" de Taïwan, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse régulière.

Bien que Washington reconnaisse diplomatiquement depuis 1979 Pékin et non plus Taipei, le soutien américain à Taïwan n'a jamais cessé. 

Les Etats-Unis, qui ont fait de la Chine un rival stratégique, demeurent le plus important partenaire et fournisseur d'armes de l'île.

Pékin a rapidement réagi en appelant le président américain à "ne pas sous-estimer" sa "ferme détermination" à "protéger sa souveraineté". 

"Nous demandons instamment aux Etats-Unis (...) d'éviter d'envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes" de Taïwan, a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Un responsable de la Maison Blanche a cependant assuré que les commentaires de M. Biden étaient conformes à la politique américaine sur Taïwan.

"Notre politique n'a pas changé. Il a réitéré notre politique d'une seule Chine et notre engagement en faveur de la paix et de la stabilité de part et d'autre du détroit de Taïwan", a dit ce responsable.

Affichant un front uni face à Pékin, MM. Biden et Kishida ont aussi réaffirmé leur "vision commune d'un Indo-Pacifique libre et ouvert" et dit s'être mis d'accord pour surveiller l'activité navale chinoise dans la région, où la Chine montre des ambitions croissantes.

Le président américain a également visé la Russie, déclarant que Moscou devait "payer un prix à long terme" pour sa "barbarie en Ukraine" en termes de sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés.

"Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine", a dit M. Biden. Car si "les sanctions n'étaient pas maintenues (...) quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d'une tentative de prise de Taïwan par la force?".

Leadership américain

Mardi, toujours à Tokyo, M. Biden cherchera à renforcer le leadership américain dans la région Asie-Pacifique en se joignant aux dirigeants de l'Australie, de l'Inde et du Japon pour un sommet d'une alliance informelle, le Quad.

Il s'agit d'une "occasion essentielle d'échanger des points de vue et de continuer à stimuler la coopération pratique dans la région indo-pacifique", a déclaré la Maison Blanche.

Toutefois, l'Inde, membre du Quad, s'est distinguée jusqu'ici par son refus de condamner ouvertement Moscou concernant la guerre en Ukraine ou de réduire ses échanges avec la Russie. M. Biden aura un entretien en tête-à-tête mardi avec le Premier ministre indien Narendra Modi. 

La crainte que l'imprévisible Corée du Nord tire un nouveau missile ou procède à un essai nucléaire plane sur chaque étape de la tournée de M. Biden. Rien ne s'est produit lors de son passage à Séoul.

Partenariat commercial

Lors de sa conférence de presse avec M. Kishida, M. Biden a également dévoilé un nouveau partenariat économique en Asie-Pacifique regroupant dans un premier temps 13 pays, à l'exception notable de la Chine.

Le Cadre économique pour l'Indo-Pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF) n'est pas un accord de libre-échange, mais prévoit davantage d'intégration entre ses pays membres dans quatre domaines essentiels: l'économie numérique, les chaînes d'approvisionnement, les énergies vertes et la lutte contre la corruption.

Pékin se sent délibérément exclu et l'a déjà vertement fait savoir, fustigeant dès dimanche de "petites cliques" destinées à "contenir la Chine".

Sous Donald Trump, le prédécesseur de M. Biden à la Maison Blanche, les Etats-Unis s'étaient retirés en 2017 du Partenariat transpacifique (TPP), un vaste accord multilatéral de libre-échange qui a fait l'objet d'un nouveau traité en 2018 sans Washington.

M. Biden a fait comprendre qu'il n'avait aucune intention de relancer de grands accords de libre-échange, mais a par ailleurs annoncé lundi envisager de lever des barrières tarifaires pesant sur la Chine, soulignant qu'elles n'avaient pas été imposées par son administration.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com