A Poissy, le sport sur le temps de travail pour le bien-être des agents

L'activité physique a un bénéfice reconnu sur la prévention des maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires...) et des pathologies liées au travail, de la lombalgie au burn-out. (AFP).
L'activité physique a un bénéfice reconnu sur la prévention des maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires...) et des pathologies liées au travail, de la lombalgie au burn-out. (AFP).
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Publié le Vendredi 27 mai 2022

A Poissy, le sport sur le temps de travail pour le bien-être des agents

  • Depuis 2017, la mairie de Poissy (Yvelines) propose à ses agents de pratiquer une fois par semaine de l'activité physique sur leur temps de travail
  • Dans des recommandations publiées en mars, l'Académie nationale de médecine juge "important de prendre en considération le niveau d'activité physique et de sédentarité au travail comme déterminants de la santé"

PARIS: Depuis 2017, la mairie de Poissy (Yvelines) propose à ses agents de pratiquer une fois par semaine de l'activité physique sur leur temps de travail. Ce programme "Poissy Bien-être" a permis de "réduire l'absentéisme et de renforcer la convivialité", selon Boris Gros, directeur du service jeunesse et sports.

Q Pourquoi avez-vous proposé de l'activité physique à vos agents ?

R Fin 2016, nous étions à la fin d'un cycle de réorganisation interne difficile avec des diminutions d'effectifs dues à la baisse des dotations de l'Etat. Il y avait un sujet récurrent et important d’absentéisme de courte durée. Le maire (ndlr, l'ancien journaliste sportif Karl Olive) était convaincu que le sport pouvait être un levier important pour améliorer le bien-être des agents.

L'enjeu, c'était d'être sur le temps de travail.

Une fois par semaine, les agents disposent de deux heures (temps de trajet inclus, soit une heure réelle de sport) pour des activités douces et non traumatisantes: natation, aquagym, aqua-jogging, marche, marche nordique, gymnastique d'entretien... Pour éviter le risque d'accidents de travail, on ne pouvait pas proposer du foot ou du self-defense. Ces activités ont lieu dans nos équipements et sont encadrées par nos éducateurs sportifs, eux aussi sur leur temps de travail.

L'agent s'engage sur un cycle de 10 semaines qui se conclut par la venue d'un spécialiste santé, nutrition, sommeil...

Q Les agents ont-ils adhéré ?

R On s'était organisé pour accueillir 200 agents par trimestre. Environ 70% de nos effectifs (850 agents) participent à ce programme "Poissy Bien être".

On a eu des gens complètement novices qui se sont mis au sport, des aquaphobes qui ont appris à nager, des non sportifs qui étaient un peu en surpoids... Des agents, notamment des femmes, n'avaient pas forcément le temps de faire du sport hors travail.

Cela a été aussi très bénéfique en terme de cohésion sociale et de connaissance des collègues: des agents de catégorie A, B et C font des activités ensemble, un directeur de service peut aller marcher avec un jardinier. La communication au travail est plus fluide quand on marche une heure ensemble en forêt que lorsqu'on échange des mails.

 

L'activité physique au travail, un bienfait encore trop peu pratiqué

Trop peu d'entreprises et d'administrations proposent à leurs employés de faire du sport, dont les bienfaits sur la santé physique et mentale sont pourtant d'autant plus évidents avec le développement du télétravail, selon deux rapports récemment publiés.

Dans des recommandations publiées en mars, l'Académie nationale de médecine juge "important de prendre en considération le niveau d'activité physique et de sédentarité au travail comme déterminants de la santé".

"L'ère numérique a majoré le temps de travail en position assise, avec des conséquences médicales de première importance. Pour certaines catégories, les conditions de travail pendant la pandémie, avec la promotion du télétravail, ont considérablement majoré l'inactivité et les temps de sédentarité", souligne le professeur Xavier Bigard, coordonnateur du rapport.

L'activité physique a un bénéfice reconnu sur la prévention des maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires...) et des pathologies liées au travail, de la lombalgie au burn-out.

Marche nordique, renforcement musculaire, badminton ou yoga à l'heure du déjeuner... "le lieu de travail peut constituer un endroit privilégié" pour l'activité physique de salariés qui n'en ont pas forcément la possibilité en dehors, selon M. Bigard.

Mais, selon un récent rapport des députées sortantes Aude Amadou (LREM) et Maud Petit (MoDem), seule une entreprise sur cinq (18%) propose une activité physique à ses collaborateurs. Et, au sein des administrations centrales, la pratique sportive reste "périphérique".

Ce n'est assurément pas le cas à Décathlon. "A chaque réunion d'équipe une fois par mois, il y a une séquence de sport proposée de 2 à 3 heures, encadrée, chacun à son niveau", témoigne, encore surpris, un salarié récemment embauché comme informaticien et qui a ainsi fait du hockey sur gazon ou du badminton.

"J'ai deux heures de pause déjeuner pour faire du sport", ajoute-t-il, et "mes collègues ressemblent davantage à un athlète qu'au cliché de l'informaticien un peu bedonnant".

Si l'activité physique est répandue dans les grandes entreprises, elle l'est peu dans les TPE (moins de dix salariés) qui constituent 96% du tissu économique français.

Nombreux freins

Les freins sont nombreux: côté employeurs, difficultés d'accès aux équipements sportifs, manque de moyens financiers, d'accompagnement humain, crainte de voir leur responsabilité engagée en cas d'accident.... mais aussi manque de temps et de motivation des salariés pour qui le sport relève du loisir et de la sphère privée.

"Jusqu'ici, ce sont en premier lieu les sportifs, habitués à pratiquer un sport, qui profitent de l'offre proposée par leur entreprise", constatent les deux députées.

Pour attirer les publics les plus éloignés du sport, elles suggèrent de parler d'activité physique et sportive (APS) afin d'évoquer "la santé et le bien-être sans nécessairement rappeler la dimension de compétition et de performance" du sport.

La pratique d'une APS en milieu professionnel est aussi bénéfique pour les employeurs et les dépenses publiques, détaille le rapport, faisant référence à une étude de 2015 réalisée notamment par le Medef.

Selon celle-ci, lorsque le salarié pratique une APS régulièrement, l'absentéisme (qui coûte chaque année 60 milliards d'euros et correspond à 17,2 jours d'absence par salarié) serait réduit de 5,6% et les dépenses de santé de plus de 300 euros par an. Et la productivité ferait un bond de 6 à 9%.

Le gouvernement a pris plusieurs mesures récemment, mais elles restent peu connues selon les députées. Depuis 2021, les activités sportives, si elles sont proposées par l'employeur à l'ensemble des salariés, ne sont ainsi plus considérées comme des avantages en nature et sont exonérées de cotisations sociales jusqu'à 170 euros par an.

Les députées préconisent aussi de sensibiliser les services de santé au travail, d'instaurer un crédit d'impôt pour l'adaptation des locaux à la pratique de l'APS, de créer un ticket-sport pour les salariés d'entreprises de moins de 250 salariés, etc ...

L'Académie de médecine suggère de son côté "que des recommandations d'activité soient régulièrement transmises aux personnels en télétravail" et que les pouvoirs publics "incitent au développement d'aménagements utiles à la réduction de la sédentarité dans les espaces de travail (escaliers, accès aux bâtiments, etc.).

Q Et votre objectif de réduction d'absentéisme ?

R Dès la première année, cela nous a permis d'économiser 750 jours d'absentéisme, soit l'équivalent de trois postes. Cela représente 100.000 euros sur une dépense d'1,5 million d'euros. 40% de ces économies ont été réinvesties dans l'amélioration des postes de travail (fauteuils, repose pied, écrans plus grands...)

Nous accueillons aussi maintenant les agents du centre hospitalier. Cela a aussi permis à nos éducateurs sportifs d'évoluer en compétences pour qu'ils puissent dispenser des cours de tir à l'arc par exemple. On a inspiré d'autres collectivités locales en France mais aussi en Belgique.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.